Pays-Bas : le cannabis exporté rapporterait deux milliards par an

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Combien rapporte le business du cannabis aux Pays-Bas…

Source : http://www.rue89.com/droguesnews/2008/10/20/pays-bas-le-cannabis-exporte-rapporterait-deux-milliards-par-an
Date :20/10/2008

C’est une "avalanche verte" : 80% de la production locale est consommée dans les pays voisins. Explications.

Plantation de cannabis en Californie saisie par la DEA en 2007 (DEA)

Deux milliards d’euros. Trois fois les pertes de la Caisse
d’épargne… C’est ce que rapporterait chaque année aux cultivateurs
néerlandais l’exportation de cannabis. De quoi donner à réfléchir en
ces temps de fins de mois difficiles.

Dans une interview au quotidien NRC Handelsblad
(rapportée par l’AFP), le commissaire Max Daniel, chargé de la lutte
contre cette culture, estime que 500 tonnes de cannabis sont exportées
des Pays-Bas chaque année, soit environ 80% de la production locale. Et
le policier de déplorer l’importance de la demande en provenance des
pays voisins :

"Aux Pays-Bas, il y a 400 000 consommateurs d’herbe et
de haschisch. S’il n’y avait qu’eux, le problème serait tout à fait
maîtrisable."

Ces chiffres confirment ceux que j’avançais dans Libération il y a quatre ans, lors d’une enquête au salon international du chanvre, à Utrecht.

Après avoir parlé à plusieurs spécialistes de la question
(producteurs, économistes, militants…), j’arrivais à un chiffre
d’affaires global de 5 à 10 milliards d’euros pour toute la filière
(coffee shops, produits dérivés, fabricants d’engrais…) soit 1 à 2%
du PIB néerlandais d’alors.

Une partie de cette somme est légale et rapporte des taxes à La Haye
(les propriétaires de coffee shop paient des impôts, comme les
fabricants d’engrais). A titre de comparaison, la valeur totale de la
production de fleurs coupées dans le pays, leader mondial, était en
2002 de 3,45 milliards d’euros…

Cultiver au plus près des principaux marchés est devenu plus rentable

Il est intéressant de se pencher sur les raisons de cette "avalanche
verte", comme la qualifie Adrian Jansen, économiste néerlandais et
probablement le meilleur spécialiste de cette question.

Bien sûr, il y a la forte demande de cannabis en Europe. Il y a aussi la maîtrise technologique
: les Néerlandais sont les spécialistes mondiaux de la culture en
intérieur toutes plantes confondues et ont obtenu, dans les années 80,
l’aide de jeunes Californiens chassés par le reaganisme, pour mettre au
point des variétés d’herbe beaucoup plus fortes.

Mais c’est avant tout la prohibition du cannabis
qui crée cette manne nouvelle pour l’Occident. Depuis les années 60, le
cannabis "fumable" (par opposition à ce que l’on appelle chanvre en
France) poussait dans des pays du Sud (Inde, Pakistan, Maroc,
Mexique…) et était importé dans les pays du Nord.

Avec la difficulté croissante à passer les frontières, la faute à la
guerre contre la drogue puis à la lutte contre le terrorisme, un
cannabis beaucoup plus cher à produire mais cultivé au plus près de ses
marchés de consommation les plus lucratifs est devenu plus rentable
pour les trafiquants.

De plus, les pressions des pays du Nord (notamment
à travers l’ONU) sur les pays du Sud ont fini par les convaincre de
lutter plus activement contre la production de cannabis, parfois au
prix d’affrontements avec des cultivateurs qui se retrouvaient
soudainement privés de toutes ressources.

Et il est difficile aujourd’hui d’imaginer que les pays du Sud
puissent à leur tour faire pression sur le Nord sur le thème :
"Rendez-nous l’argent de l’herbe…"

On estime à 200 000 le nombre de cultivateurs de cannabis en France

En s’appuyant sur les propres chiffres du bureau du "Tzar" antidrogues américain, un chercheur a estimé
le chiffre d’affaires de l’herbe aux Etats-Unis en 2003 à 35 milliards
de dollars (pour une production approximative de 10 000 tonnes). La
Californie, Etat de tradition agricole, fournirait à elle seule le
tiers d’une production multipliée par dix en vingt-cinq ans. Tandis que
le Tennessee, le Kentucky, Hawaii et Washington suivraient au palmarès.

Il y a cinq ans, le magazine Forbes affirmait
affirmait déjà que le cannabis était devenu la culture la plus rentable
du Canada. En France, on en est loin, mais on estime que 200 000 personnes cultiveraient du cannabis, majoritairement à petite échelle.

A l’arrivée, en imposant la prohibition au reste du monde, non
seulement les pays du Nord n’ont pas réglé leurs problèmes de
consommation, mais ils ont rapatrié chez eux une bonne part des
bénéfices liés au trafic (même si la production n’est pas le secteur le
plus rentable loin s’en faut).

Des produits plus concentrés en THC

Autre problème posé par cette délocalisation du Sud vers le Nord :
les produits développés sous nos latitudes sont beaucoup plus
concentrés en THC (principale substance active).

Là encore, pour des raisons simples : étant donné que vous prenez le
même risque pour 1g de skunk néerlandaise ou pour 1g d’herbe africaine,
autant cultiver des produits plus concentrés, plus facile à transporter
et vendus beaucoup plus cher au kilo.

Un argument qui sert régulièrement aux politiciens du Nord pour
réclamer un renforcement de la prohibition. Le serpent prohibitionniste
se mord parfois la queue…

Photo: plantation de cannabis en Californie saisie par la DEA en 2007 (DEA)

 

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