Mieux sensibiliser les professionnels de l’audiovisuel à la lutte contre les drogues

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Vers une télé aseptisée, pour notre bien forcément…

Date : juin 2008
Source : http://www.lalettredelamildt.fr/archives.php?lettre=25&cirdd=8

Chacun
est conscient que les médias audiovisuels peuvent avoir  une influence
très importante sur les comportements des auditeurs et des
téléspectateurs, notamment des jeunes. Notre société est donc en droit
d’attendre beaucoup de l’audiovisuel quant à la protection de la santé
publique, en particulier dans le domaine de la prévention. 
Depuis
près de vingt ans, le Conseil supérieur de l’audiovisuel conduit une
action déterminée au service de la santé publique. En application de
l’article 1er de la loi du 30 septembre 1986, qui définit les limites
pouvant être apportées à  l’exercice de la liberté de communication, il
veille à ce que les programmes des services de télévision et de radio
ne puissent avoir pour effet d’inciter à des pratiques ou à des
comportements dangereux pour la santé de la population. Le Conseil a
régulièrement adopté des recommandations portant sur la manière dont
les programmes traitent du tabac, de l’alcool et, plu encore, des
drogues illicites, en transcrivant dans l’univers audiovisuel les
évolutions des lois relatives à la santé publique. L’exposition de
l’alcool et du tabac est aujourd’hui très encadrée, au premier rang,
bien sûr, s’agissant de la publicité ; celle des drogues illicites est
interdite à l’exception des programmes d’information, des documentaires
et de la fiction. Une signalétique particulière doit être apposée sur
les programmes comportant des scènes jugées choquantes pour les enfants
et les adolescents, ou risquant d’être mal comprises par eux et vues
comme une incitation à des conduites addictives dangereuses.    
Grâce
à la vigilance des éditeurs des services audiovisuels, ces règles sont
aujourd’hui bien respectées. Cependant, la forte croissance de la
consommation de drogues illicites dans notre pays incite à agir avec
encore plus de volonté. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a donc
noué un partenariat avec la Mission interministérielle de lutte contre
la drogue et la toxicomanie. Leur travail commun ne doit pas s’orienter
principalement vers les sanctions, il ne doit pas seulement concerner
le respect des règles, il doit participer de la réorientation générale
des politiques de santé vers la prévention, il doit permettre de nouer
avec les éditeurs un dialogue fructueux sur ces questions qui
intéressent tous nos concitoyens.
Cette réflexion ne peut ignorer
le domaine de la fiction audiovisuelle. Qu’il s’agisse de fictions au
réalisme social affirmé, ou de fictions au ton décalé, voire corrosif,
de nombreux programmes abordent la question des substances addictives,
en particulier celle des drogues illicites. La liberté de création est
une valeur essentielle aux yeux du Conseil, qui soutient fermement la
créativité et l’innovation. Ainsi, des programmes de fiction, dès lors
que le scénario le justifie, peuvent recourir à l’exposition de
conduites addictives. Cela n’empêche pas de mener une réflexion
concertée avec les auteurs et les réalisateurs, cela n’empêche pas de
protéger les publics les plus fragiles, notamment par des messages de
prévention adaptés. Je souhaite que les éditeurs audiovisuels
s’investissent pleinement aux côtés de la Mission et du Conseil sur ce
thème, et qu’ils participent activement à la politique de prévention
que nous sommes résolus à mettre en ?uvre.

Michel Boyon, Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel

 

 

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