Le tabac bientôt banni des coffee shops aux Pays-Bas

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Le cannabis serait-il moins dangereux que le tabac ? Ce dernier est interdit dans les coffee shop hollandais…

Source : http://www.lexpress.fr/actualite/depeches/infojour/reuters.asp?id=74047 et http://www.romandie.com/infos/news2/080629065558.ok18drlc.asp
Date : 29-06-2008

Lorsque l’interdiction
de fumer dans les cafés et restaurants entrera en vigueur, mardi, aux
Pays-Bas, les coffee shops perdront sans doute de leur attrait pour
ceux qui aiment fumer leurs joints de cannabis avec du tabac. Mais
certains propriétaires des célèbres cafés accueillent la mesure avec
sérénité.

Comme on pouvait s’y attendre dans un pays réputé pour sa tolérance à l’égard des drogues, la nouvelle loi comporte une série
de dérogations.

Les consommateurs seront toujours autorisés à fumer des joints constitués exclusivement de cannabis dans les quelque 700
coffee shops, une pratique déjà en cours chez certains touristes, américains notamment.

Les restaurants, les cafés et les coffee shops seront autorisés à mettre en place une pièce ou un espace réservés aux fumeurs.
Toutefois, aucun service ne sera assuré dans ces espaces pour protéger le personnel.

Avec ces dérogations, la loi néerlandaise fait preuve d’une plus grande souplesse que les réglementations adoptées dans
certains autres pays européens ou la cigarette est totalement bannie des bars, des restaurants et des autres lieux publics.

Arjam Roskam, propriétaire du coffee shop Green House à Amsterdam, ne se fait pas d’inquiétude.

Ses plantations de marijuana ont été récompensées à 31 reprises dans le cadre de la Cannabis Cup et il compte parmi ses
clients des stars d’Hollywood, des membres des familles royales européennes, des avocats, des juges et des policiers.

"Les Anglais, les Américains et les Japonais sont nos plus gros clients. Depuis déjà très, très longtemps, ils ne fument plus de
tabac car le tabac est le plus grand tueur de la planète", dit-il. "Nous ne sommes pas contre l’interdiction de fumer".

AMENDE DE 2.400 EUROS

Beaucoup d’adeptes ont pour habitude de mélanger cannabis et tabac mais il est aussi possible de fumer des joints constitués
exclusivement de cannabis ou de le consommer avec des pipes, des vaporisateurs ou de l’ingérer dans des gâteaux ou des
cookies.

Les drogues douces sont officiellement interdites aux Pays-Bas mais les autorités ont adopté une politique de tolérance dans
ce domaine. Il est ainsi possible d’avoir sur soi jusqu’à cinq grammes de cannabis.

Les consommateurs peuvent en acheter en petite quantité dans les coffee shop, ce qui a contribué à en faire une destination
de choix pour les touristes.

Michael Veling, porte-parole de l’Association des vendeurs de cannabis qui représente environ 110 coffee shops situés pour la
plupart à Amsterdam et dans sa banlieue, ne pense pas que l’interdiction de fumer fera beaucoup de tort à son commerce car la
plupart de ses clients ne viennent que pour acheter du cannabis et le consommer ensuite chez eux.

Selon lui, seule une vingtaine de membres de son association ont installé des espaces réservés aux fumeurs de tabac.

En vertu de la nouvelle loi, les propriétaires de coffee shop ne respectant pas l’interdiction seront passibles d’une amende de
2.400 euros.

L’autorité chargée de la sécurité de l’alimentation et des produits de consommation a annoncé qu’une équipe de 200
inspecteurs ferait respecter la réglementation.

"Ils ont été formés pour ce travail", a déclaré le porte-parole Bob Kiel, qui a précisé que ces inspecteurs étaient capables de
faire la différence entre des joints de cannabis purs ou mélangés avec du tabac à partir de leur odeur ou de leur apparence.

L’Europe de l’Ouest est le plus grand marché au monde pour la résine de cannabis et le deuxième pour la cocaïne, selon
l’Organe international de contrôle des stupéfiants des Nations unies.

Les cafés néerlandais redoutent l’interdiction du tabac au 1er juillet

LA HAYE – Les restaurants, cafés et coffee shops néerlandais appréhendent l’entrée en vigueur le 1er juillet, mardi, de l’interdiction du tabac dans les lieux publics.

"Les patrons redoutent l’interdiction: des sondages montrent que 60% pensent vendre leur établissement", dit le secteur sur son site internet horecasite.nl, se présentant comme le plus important agent immobilier pour cafés, restaurants et hôtels. Le nombre d’établissements à vendre est de fait passé de 1.350 en janvier à 1.600 en juin.

"On quitte le navire avant qu’il ne soit trop tard", estime le site.

Quant aux coffee shops, ils sont confrontés à une situation paradoxale: il sera toujours possible d’y allumer un joint, mais pas si l’herbe est mélangée à du tabac.

En interdisant le tabac, les Pays-Bas s’inscrivent dans le sillage des pays européens qui tentent d’en limiter la consommation pour des raisons de santé. Mais le pays est le seul de l’Union à autoriser depuis 1976 cannabis et haschisch dans les cafés sous licence.

Les exploitants sont donc contraints de développer des alternatives afin de garantir leur existence, dans un pays ou le joint coupé de tabac est courant.

Si les fumeurs fulminent contre les autorités, les non-fumeurs se réjouissent de sortir enfin dans des lieux non pollués.

Chaque camp fourbit ses statistiques sur les conséquences de l’interdiction de fumer dans les endroits clos.

Aux scénarios catastrophe du secteur de la restauration, le bureau de recherches néerlandais sur la santé Nivel oppose une étude démontrant que les cafés et restaurants pourraient séduire 800.000 nouveaux clients parmi les asthmatiques et les non-fumeurs, dans les lieux sans tabac.

Et une étude de la Postbank démontre que les fumeurs seront simplement remplacés par des non-fumeurs.

Parmi les personnes interrogées, 18% annoncent fréquenter moins les cafés, alors que 20% s’y rendent plus souvent. Moins de 45% pensent que l’interdiction ne changera rien.

Mais les exploitants n’y croient pas. Au cri de "Sauvez les petits cafés", ils ont entamé une action en justice, qui sera traitée mardi.

"L’interdiction est une attaque contre la culture sociale", dit le site web de ce groupe, qui revendique 418 établissements et indique que le chiffre d’affaires des cafés de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol ont chuté de 10% depuis qu’au 1er janvier il est interdit d’y fumer.

Le groupe de pression Forces Nederland estime pour sa part que l’interdiction est patriarcale et contraire à l’esprit néerlandais, et estime que "les patrons devraient pouvoir décider eux-même qui ils veulent accueillir dans leur établissement".

Libertaires et fumeurs projettent des actions de protestation.

Un cinéma de Rotterdam distribuera des cigarettes à ses clients qui pourront profiter du tabac, quitte à enfumer la salle, pendant la projection du film Coffee and Cigarettes.

Deux librairies d’Amsterdam offriront un cigare aux acheteurs et des soirées spéciales fumeurs sont prévues dans plusieurs cafés.

Vendredi, le gouvernement à prévenu que l’interdiction s’étendrait aux tentes et auvents des établissements, et les autorités en charge de la sécurité alimentaire ont prévenu que les inspections débuteraient immédiatement, les contrevenants pouvant s’attendre à des amendes allant jusqu’à 2.400 euros.

Le Bureau central des statistiques a indiqué que le nombre de fumeurs aux Pays-Bas a baissé de 100.000 depuis 2000, et que moins d’un quart de Néerlandais fume encore.

 

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