La perspective d’une cigarette moins toxique suscite le scepticisme des antitabac

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Sur la piste de cigarettes à moindre risque cancérogène…

Source : http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3232,50-1017273,0.html 
Date : 29.02.08

Les chercheurs américains affirment avoir
découvert les bases moléculaires du caractère
cancérogène provoqué par la fumée du tabac. Ce
travail, mené sous la direction de Tzipora
Goldkorn (département de médecine interne,
université de Californie), fait l’objet d’une
publication dans le numéro de mars de la revue de
la Fédération des sociétés américaines de
biologie expérimentale (Faseb).

Selon ses auteurs, l’étude pourrait conduire à la
mise au point de cigarettes moins toxiques et,
peut-être, ouvrir de nouvelles pistes
thérapeutiques vis-à-vis des cancers
bronchopulmonaires dus à la consommation de tabac.

Les chercheurs californiens ont mené leur travail
sur un modèle de culture in vitro de cellules
pulmonaires humaines. Ils ont exposé ces cellules
aux différents composés toxiques contenus dans la
fumée inhalée. Ils ont parallèlement exposé
d’autres cellules à un seul de ces composés, le
peroxyde d’hydrogène, connu pour ses propriétés
oxydantes. Après mise en incubation et analyse
des transformations induites par ces
manipulations, les chercheurs affirment avoir,
dans les deux cas, pu retrouver la signature
moléculaire d’un processus de transformation
cancéreuse.

"EXPLOITATION MÉDIATIQUE"

On sait depuis longtemps que la fumée de tabac
est constituée d’environ 4 000 composés
chimiques, dont plusieurs dizaines sont connues
pour être potentiellement responsables de
cancers. Cette expérience permet-elle, à elle
seule, d’affirmer que l’on a découvert la clé du
caractère cancérogène de la consommation de tabac
?

Ses auteurs le pensent, mais leur opinion est
loin d’être partagée par les responsables de
l’Office français de prévention du tabagisme
(OFT). "Depuis des décennies, l’industrie du
tabac et certains scientifiques annoncent que la
cigarette sera bientôt sans risque, tandis que le
tabac provoque de plus en plus de décès
prématurés dans le monde, a réagi l’OFT dans un
communiqué. Nous dénonçons l’exploitation
médiatique de cet article voulue par le rédacteur
en chef de la revue de la Faseb. Ceci va être
exploité par l’industrie du tabac, comme cela
avait été le cas pour de précédentes
"découvertes", qu’il s’agisse des filtres ou des
cigarettes légères. L’action oxydante des
radicaux libres de la fumée ne constitue qu’un
des mécanismes d’action de la toxicité du tabac."

Pour l’association, qui reconnaît par ailleurs
que de telles recherches sont légitimes, le fait
d’annoncer qu’une cigarette peut être saine – ou
même seulement moins toxique – ne peut qu’avoir
des effets négatifs en termes de santé publique,
en incitant certains jeunes à commencer à fumer
ou en poussant les fumeurs à ne pas arrêter leur
consommation de tabac. Il n’existe, selon l’OFT
aucun espoir de pouvoir, un jour, "fumer sain".
 

Cigarette électronique

Il existe depuis peu une cigarette
"électronique", destinée aux personnes souhaitant
arrêter de fumer. Elle reproduit le goût et la
fumée d’une vraie cigarette, mais on n’inhale que
de la vapeur d’eau mélangée à un arôme de tabac.
Des cartouches de nicotine à différents dosages
permettent de réduire progressivement la dose
absorbée, la dernière étant sans nicotine. Aide
véritable ou gadget?

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