Les Verts : «La légalisation favoriserait la prévention »

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Dominique Voynet, sénatrice verte de Seine-Saint-Denis, pointe les effets contre-productifs de la prohibition…

Par LAURE EQUY
Date : mardi 7 août 2007
    
Dominique Voynet, sénatrice de Seine-Saint-Denis (Verts), explique les raisons pour lesquelles une
«légalisation contrôlée» du cannabis permettrait de mettre en
place une politique de prévention sur les drogues, notamment auprès des
plus jeunes consommateurs.
 
 
Restez-vous toujours favorable à la légalisation du cannabis ? 
 

La position des Verts a
toujours été en faveur d’une légalisation contrôlée du cannabis. La
politique actuelle de prohibition nous paraît hypocrite et inefficace.
Hypocrite car elle ne tient pas compte des millions de consommateurs en
France, occasionnels ou réguliers. Et surtout inefficace parce qu’elle
fait l’impasse sur une véritable politique de prévention en matière de
santé publique.

 
En quoi la légalisation du cannabis permettrait de faire davantage de prévention sur les dangers de sa consommation ? 
 
La légalisation
contrôlée ne signifie pas du tout l’encouragement à l’usage. Cela
aiderait surtout à lever certains tabous afin de mener une politique de
prévention plus juste. En effet, si le cannabis était considéré comme
une drogue légale, au même titre que l’alcool ou le tabac, on pourrait
avertir plus clairement sur les dangers, les problèmes respiratoires
par exemple, ou dire : «Attention, si vous êtes fragiles psychologiquement, vous êtes plus exposés à des troubles en fumant un joint.»
 

Actuellement les
campagnes de prévention ne touchent pas leur cible et les jeunes ont
l’impression d’entendre un message totalement décalé par rapport à la
réalité. Si vous interdisez simplement et si vous n’expliquez rien, les
lycéens, par exemple, continueront à fumer des joints entre les cours.
Il vaut mieux les faire réfléchir sur leurs pratiques, leur dire de
réserver ce produit à un usage seulement ­récréatif, hors de la sphère
des études ou du travail. Il faut aussi informer les jeunes sur les
risques de la consommation de cannabis avant de prendre le volant.

 
Pourquoi ne pas seulement proposer la dépénalisation du cannabis ? 
 
Parce que la
dépénalisation n’empêcherait pas cette économie souterraine et
parallèle. S’il ne légalise pas, l’Etat n’a aucune prise sur les
trafics et la composition des produits qui circulent. Car le mode de
production actuel n’a plus rien à voir avec celui du baba cool qui
faisait pousser quelques plants de chanvre sur son balcon. Maintenant,
il s’agit de cultures «industrielles» avec un éclairage artificiel
servant à enrichir la plante en THC [substance contenue dans le cannabis qui agit au niveau du cerveau, ndlr].
Alors que s’il assumait la responsabilité de la légalisation, l’Etat
pourrait notamment avoir un encadrement sur les concentrations en THC
de ces produits. 

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