Le cannabis en France: plus de répression… et de fumeurs

Dernière mise à jour le 26/07/2016

La sortie du rapport de l’ODFT sur le cannabis suscite bien des polémiques sur l’intérêt de la répression…

http://www.rue89.com/2007/07/11/cannabis-plus-de-repression-et-de-fumeurs

 

La France est l’un des moutons noirs du pétard en Europe. Non
contente d’être l’un des pays les plus répressifs de l’Union, elle est
également l’un de ceux où l’on fume le plus. Les chiffres sont sans
appel: 22% des jeunes Français auraient consommé du cannabis au cours
du dernier mois ?record européen? contre 1% en Suède. Au total, "la
France figure parmi les pays les plus consommateurs en Europe tant chez
les jeunes adultes que les adolescents", conclue le rapport "Cannabis,
données essentielles" publié mardi par l’Office français des drogues et
toxicomanies (OFDT) et qui dresse un bilan très complet du phénomène en
France.

 

En 2005, près de 4 millions de nos compatriotes avaient ainsi
expérimenté cette drogue et plus d’un demi-million en consommaient même
tous les jours. Pour achever ce premier tableau statistique, la part
des consommateurs réguliers (dix fois par mois) est en hausse: entre
2000 et 2005, elle est passée de 3,8 à 5,9%. Ainsi, "depuis 2000,
l’usage régulier de cannabis se trouve à un niveau très proche de
l’usage régulier d’alcool".

 

Ces chiffres sont connus, d’autres le sont moins. Ainsi, par
exemple, le nombre de consommateurs recourant à l’autoculture, qui
pourrait être estimé à 200 000. Ou encore la chute du prix moyen du
gramme, qui se situe aujourd’hui autour de 4?, soit une baisse de 30%
en dix ans. Au total, le chiffre d’affaires annuel issu de la vente de
cannabis serait évalué en France à 832 millions d’euros (on appréciera
la surprenante précision du chiffre…).

 

Côté idées reçues, le rapport nous apprend que "les cadres s’avèrent
plus souvent consommateurs réguliers que les ouvriers". Ou encore que
"les étudiants du supérieur ne sont pas plus souvent consommateurs de
cannabis que les actifs occupés du même âge". Point de vue santé, le
constat serait presque rassurant: "Dans l’ensemble et de façon
qualitative, le cannabis fumé se comporte comme le tabac fumé. Les
mêmes effets sont retrouvés, en termes de cancer, maladies
cardio-cérébro-vasculaires ou respiratoires, avec le même impact aussi
sur le risque de maladies infectieuses et sur la vie reproductive."

 

Arrestations d'usages de drogues 1985-2005 (OFDT)

 

Côté répression, chaque année, 90000 personnes sont interpellées
pour usage de cannabis (contre 12000 il y a vingt ans) et la répression
coûte à l’Etat plus de 500 millions par an, soit 0,4% du PIB. En 2005,
cette somme avait, entre autres, permis de saisir 83 tonnes de résine
et 3 tonnes d’herbe. Mais pour quels résultats? C’est la question que
se garde bien de poser l’OFDT.

 

Les prix baissent et la consommation n’a cessé de croître depuis
l’adoption de l’arsenal législatif français, la fameuse loi de 1970.
Elle est pourtant l’une des plus répressives d’Europe, ce que n’évoque
pas le rapport de l’OFDT. Ainsi, des pays de l’Union à 25, la France
compte parmi les cinq seuls à rendre la simple consommation de cannabis
passible d’une peine de prison (lire le rapport de l’OFDT).

 

Et alors que les Pays-Bas sont régulièrement pointés du doigt pour
laxisme en la matière, les jeunes Néerlandais fument en moyenne
beaucoup mois que leurs homologues français. Que les prohibitionnistes
se rassurent toutefois, avec des lois également assez souples en
matière de cannabis, le Royaume-Uni connaît, lui, des taux de
consommation comparables à la France, alors que la Suède, très
répressive, figure en queue de peloton des fumeurs de pétards.

 

Consommation de cannabis dans les pays européens (OFDT)

 

De là à en déduire que les politiques publiques ne changent pas
grand chose en la matière, il n’y a qu’un pas. Qu’a franchi, dans les
années 80, le docteur John Marks, pionnier britannique des programmes
de distribution d’héroïne et de cocaïne. Il expliquait ainsi:

"La dépendance se structure sur un cycle d’une durée
moyenne de dix ans. Puisque les toxicomanes se défont de leur
toxicomanie en dépit des docteurs et des policiers et non grâce à eux,
la meilleure intervention possible consiste à les maintenir en bonne
santé, non délinquants et vivants, jusqu’à ce qu’ils s’en défassent au
terme de ce cycle. Ce qui ne veut pas dire que pendant les dix années
de maintenance il faille renoncer à persuader les patients de laisser
tomber leur usage de drogues."

Les 90000 usagers simples de cannabis arrêtés chaque années apprécieront.

 

Cannabis, données essentielles, l’intégralité du rapport en PDF.

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