Cannabis en Angleterre: moins de répression… et de fumeurs

Dernière mise à jour le 26/07/2016

En Angleterre, le 1er ministre peine à trouver des arguments pour durcir la répression autour du cannabis…

Marche mondiale pour la marijuana, en 2003 à Londres (Reuters)

Les dieux de la marijuana se seraient-ils ligués contre Gordon Brown? Le 18 juillet, le tout nouveau Premier ministre britannique annonçait sa volonté de mettre un terme
à la dépénalisation du cannabis, entrée en vigueur en 2004 dans le
royaume. Principal argument (très en vogue depuis quelques mois): de
nouvelles variétés de cannabis entraineraient des maladies mentales.

Le lendemain de cette annonce, cinq membres de son gouvernement, ministre de l’Intérieur en tête, admettaient publiquement
avoir déjà consommé du cannabis. La semaine dernière, c’est à nouveau
du ministère de l’Intérieur qu’est venu le coup de poignard dans le
dos. Selon le British crime survey,
le nombre de fumeurs de cannabis déclarés aurait sensiblement diminué
depuis l’entrée en vigueur de la dépénalisation et ce dans le pays
européen jusque-là le plus friand de marijuana:

"10% des personnes âgées de 16 à 59 ans ont déjà
consommé un stupéfiant; soit le plus bas niveau depuis le démarrage de
cette enquête, en 1996. Cette baisse s’explique largement par la baisse
de la consommation de cannabis depuis 2003/2004."

Le pourcentage de jeunes (16-24 ans) ayant fumé du cannabis au moins
une fois dans les douze derniers mois serait ainsi passé de 25 à 21%
(soit 1,3 million de jeunes) depuis sa déclassification, qui signifie
que sa consommation n’est, en pratique, plus passible de prison mais
d’un simple avertissement. Parallèlement, une autre enquête démontre
que les saisies de cannabis ont, elles, augmenté de 47% sur la même
période, pour atteindre 69 tonnes.

Consommation de drogues chez les 16-24 ans depuis 1996 (BCS)

La cocaïne, dont l’usage est loin d’avoir été dépénalisé, continue
elle à être de plus en plus consommée dans toutes les tranches d’âge en
Angleterre et au Pays de Galles… Malgré ces résultats assez
spéctaculaires, le gouvernement ne semble pas décidé à changer son
fusil d’épaule et à abandonner son projet de durcissement de la loi.
Une porte-parole du Home office déclarait ainsi fin octobre:

"Nous avons mis en oeuvre une consultation ouverte et
nous accueillons avec plaisir toute idée constructive pour réduire les
risques liés à la consommation de stupéfiants. Toutefois, le
gouvernement est opposé à la légalisation des drogues, qui aggraverait
les conséquences du trafic et briserait les lois nationales et
internationales."

En Europe, seuls cinq pays prévoient encore
la possibilité de peines de prison pour les simples consommateurs de
cannabis: Chypre, la Grèce, la Finlande, la Suède et… la France, qui
ne s’en classe pas moins en deuxième position au hit-parade des fumeurs
de pétards européens.

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