200 millions de personnes consommaient des stupéfiants en 2004, selon l’Onu

Dernière mise à jour le 25/07/2016

mercredi 29 juin 2005
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Philippe SCHWAB

200 millions de personnes consommaient des stupéfiants en 2004, selon l’Onu

VIENNE – Le marché mondial de la drogue, avec quelque 200 millions consommateurs et un chiffre d’affaires de quelque 320 milliards de dollars, est devenu un "monstre" difficile à abattre, selon le rapport annuel de l’Onu sur les stupéfiants publié mercredi à Vienne.

Le nombre de toxicomanes a progressé de 8% en un an, en raison principalement de la popularité croissante du cannabis, qui a été consommé par plus de 160 millions de personnes en 2003, soit 10 millions de plus que l’année précédente, selon le rapport 2005 du Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC).

Cette évolution représente "la mauvaise nouvelle" de cette étude alors que "la société tente de banaliser l’importance du problème posé par le cannabis", a déclaré le directeur de l’UNODC, Antonio Maria Costa, en présentant le rapport à Stockholm.

La consommation de drogues de synthèse (amphétamines, méthamphétamines et *ecstasy*) est en baisse : 34 millions de consommateurs contre 38 millions l’année précédente. Mais celle d’opiacés et de cocaïne, considérés comme les "drogues les plus problématiques" par l’Onu, ont progressé en 2004.

Près de 16 millions de personnes étaient dépendantes à l’opium, à la morphine où à l’héroïne (15 millions en 2003) et 13,7 millions avaient consommé de la cocaïne (13 millions en 2003).

Compte-tenu de l’usage de plusieurs produits par certains toxicomanes, 200 millions de personnes, soit "5% de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans" ont consommé des drogues illégales en 2004, souligne l’Onu.

Avec 320 milliards d’euros, le chiffre d’affaires de ce marché est "supérieur au produit intérieur brut individuel de presque 90% des pays du monde", ce qui en fait "un monstre" particulièrement difficile à combattre, a noté M. Maria Costa.

Malgré une baisse au Laos et en Birmanie, la production mondiale d’opium a légèrement progressé en 2004, à 4.850 tonnes (t), en raison de la place de plus en plus importante prise par l’Afghanistan, qui représentait 87% du marché mondial.

Comme la consommation, la production de cannabis apparaît en forte hausse, avec une progression de 25% entre 2002 et 2003, à 40.000 t. "Tous les indicateurs – production, saisies et consommation – indiquent que le marché mondial continue de progresser" et "tout porte à croire que cette expansion va se poursuivre", s’alarme l’Onu.

Après plusieurs années de baisse, la production de cocaïne est demeurée stable en 2004 à 687 tonnes, soit 26% de moins qu’en 1999, souligne le rapport.

La baisse de la consommation mondiale de drogues de synthèse s’explique principalement par le démantèlement d’un grand nombre de laboratoires clandestins en Thaïlande en 2002 ainsi que par un recul de ce type de drogue aux Etats-Unis grâce à des campagnes de sensibilisation.

C’est là la preuve que "quand des gouvernements s’impliquent dans la lutte contre la drogue ou la prévention, les résultats sont là", a souligné M. Maria Costa, qui a notamment appelé la Russie, pays où le nombre de toxicomanes a fortement augmenté, à s’engager davantage dans ce sens.

En termes de santé publique, les opiacés apparaissent comme la préoccupation principale en Europe et en Asie (62% des demandes de traitement en 2003), l’Amérique du Sud étant plus particulièrement affectée par la cocaïne (59%) et l’Afrique par le cannabis (64%).

Marqué par l’augmentation de la consommation de cannabi, le marché européen voit aussi "le degré de pureté de l’héroïne s’accroître", signe d’une offre en hausse, s’inquiète l’UNODC. Le continent se caractérise également par une progression du marché de la cocaïne dans 14 pays, relève le rapport.

Au plan mondial, les saisies de drogue sont restée stables en 2003, le cannabis représentant plus de la moitié des saisies et les produits opiacés un quart.

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