Lettre ouverte du CIRC à la MILDT

Dernière mise à jour le 18/07/2016

Pour le CIRC, la culture de cannabis est avant tout une question de bons sens…

Source : http://www.18joint.org/index.php?option=com_content&task=view&id=73&Itemid=
Paris, le 25 mai 2008

Monsieur le président de la Mildt,

 
Constatant
que les amateurs de cannabis sont fort nombreux, la Mission
Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie a chargé
l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies d’évaluer « la
part de la production domestique de cannabis en France ».

Tenant
compte uniquement de ceux qui cultivent pour leur usage personnel,
l’OFDT estime que les cannabiculteurs sont environ 200 000, que la
production s’élève à 32 tonnes, que 11, 5 % de l’herbe fumée est
française, que son taux de THC avoisine les 8 %… Bref, qu’en France
comme dans tous les pays d’Europe, la culture domestique du cannabis
est en pleine expansion.

En incitant à ses risques et périls (le
verbe est employé sciemment) les amateurs à cultiver leur jardin, donc
à enfreindre la loi en revendiquant un acte de désobéissance civile, le
Collectif d’Information et de Recherche Cannabique a contribué à
l’essor de l’auto-production, mais c’est avant tout la prohibition et
son cortège d’effets pervers qui poussent l’amateur éclairé à faire
pousser son herbe.

En effet, privilégier l’auto-culture, c’est militer paradoxalement pour sa bonne santé car, qu’il s’agisse du Shit ou de la Beuh
, ils sont souvent coupés avec des produits nocifs pour l’organisme.
Cultiver son jardin, c’est aussi lutter contre le crime organisé en
refusant de donner son argent à des trafiquants. Enfin, le
cannabiculteur ne risque plus de se voir proposer d’autres drogues par
des dealers peu scrupuleux et ne risque plus de se faire alpaguer au
détour d’une rue par des policiers sommés de faire du chiffre.

Dans son nouveau plan antidrogue à paraitre en juin 2008, la MILDT a l’intention de consacrer un chapitre à l’auto-production.
Après
avoir rappelé que la loi prévoit pour production de stupéfiants des
peines pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité et 7
500 000 euros d’amende, la MILDT exigera-t-elle des forces de police
qu’elles traquent les jardiniers en herbe à la campagne comme à la
ville ?

Le cannabis n’est pas anodin, nous en sommes bien
conscients, mais de toutes les drogues disponibles licites ou
illicites, elle reste une des moins nocive sanitairement et une des
plus acceptable socialement. Est-ce un hasard si les différents
rapports gouvernementaux, du rapport Pelletier en 1978 au rapport
Roques en 1998 en passant par le rapport Henrion en 1995, recommandent
unanimement sa dépénalisation, voire sa légalisation ?

S’en
prendre aux cultivateurs en herbe, faire croire qu’ils sont une menace
pour la société et les contraindre à s’approvisionner sur le marché
noir avec tous les désagréments que nous avons décrits ci-dessus, c’est
cautionner l’économie informelle et transformer en délinquants des gens
ordinaires… Des citoyens dont le seul tort est d’apprécier les effets
du cannabis que certains utilisent pour ses propriétés thérapeutiques,
lesquelles sont reconnues et acceptées par de nombreux pays européens
et par une quinzaine d’États en Amérique du Nord.

Le CIRC invite
donc la MILDT et tous les ministères concernés par la politique des
drogues à adopter une solution pragmatique. Il ne vous couterait rien
d’autoriser la culture de quelques pieds de cannabis pour usage
personnel… Rien qu’un peu de courage politique et de réalisme car il
est aisé de démontrer les avantages que la société tirerait d’une telle
mesure tant sur le plan social que sur le plan sanitaire.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur, nos respectueuses et cannabiques salutations.

Le CIRC

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