Répression des Free-parties : pourquoi tant de haine ?

Dernière mise à jour le 14/10/2020

Après 21 ans d’existence, les free-parties continuent de traîner une réputation sulfureuse de « situations à hauts risques »1. Pourtant, des bilans des teknivals aux statistiques gouvernementales sur la mortalité liée aux drogues, en passant par les recommandations officielles sur les interventions en espace festif, tout indique que cette réputation tient plus de la rumeur, du folk devil que de la réalité.

C’est pourtant sur cette base que les free-parties ont été encadrées juridiquement à partir de 2002. Fondés sur la volonté d’accompagner ces soirées, les députés introduisirent dans la Loi un arsenal juridique résumé ainsi par E.Mignon : « Ceux qui déclarent la manifestation et prennent les dispositions nécessaires à son encadrement, en termes de secours notamment, sont en principe autorisés à l’organiser. Ceux qui cherchent à contourner la loi et se maintiennent dans l’illégalité peuvent faire l’objet de sanctions pénales et d’une saisie des sons »2

Mais, en dépit des efforts du gouvernement pour inciter les préfets à « partir du principe que les raves doivent être autorisées, et non pas l’inverse »3, cette loi a été immédiatement détournée par les autorités locales qui s’en sont servi pour empêcher tout événement techno dans leur région.

Les amateurs de free parties se sont donc retrouvés pris entre deux feux : d’un côté on les empêchait d’organiser leurs fêtes légalement, de l’autre on réprimait durement les fêtes illégales.

On pouvait penser que les free parties allaient rapidement disparaître, mais il n’en fût rien. Au contraire, afin de s’adapter à cette nouvelle donne, elles se multiplièrent tout en diminuant leur taille (avec les conséquences que l’on connaît).

Au final la gestion répressive des free-parties s’est révélé contre-productives : au lieu d’y mettre un frein elle a dynamisé le mouvement :« martyrisées » de la sorte, les free parties sont apparues comme LE mouvement contre-culturel des années 2000, attirant ainsi de plus en plus de jeunes. C’est ainsi qu’à partir du passage de l’amendement Mariani on a vu le nombre de teufeurs monter en flèche jusqu’à atteindre 100 000 personnes lors des immenses free-festivals organisés par l’Etat entre 2003 et 2008.

Non content de constater l’inefficacité de cette politique, depuis 2009 l’Etat semble vouloir encore la renforcer. Pour des raisons qui nous échappent, le teknival du premier mai 2009 (traditionnellement organisé en partenariat avec le gouvernement) a été interdit, puis – les organisateurs l’ayant maintenu – durement réprimé. En juin 2009, une fête de protestation contre cette répression a tournée au drame. Et depuis les choses ne cessent d’empirer.

Il ne s’agit pas de faits divers mais de centaines de vies brisées. Plusieurs associations de santé ont déjà tiré la sonnette d’alarme sans être entendues. C’est pour cela qu’aujourd’hui nous avons décidé de nous exprimer collectivement à travers un communiqué et le un dossier de presse.

Le problème de la gestion publique des free-parties est complexe et nous ne prétendons pas détenir de solutions toutes faites, il est en revanche certain qu’il faille changer de stratégie.

NOTES :

1« Les raves, des situations à hauts risques » est le titre de la 1ère circulaire les raves produite en 1995 par le Ministère de l’Intérieur

2E. Mignon, conseiller juridique du Ministre de l’Intérieur, in POURTAU L., Les interaction entre les raves et les législations censées les contrôler, Déviance et Société, Vol 29, 2/2005, in rapport Dumont, p29

3Extrait du «  Discours de Mr N. Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales lors de la réunion des Préfets du 26/09/03 » in rapport Dumont, p66.