la Réduction des risques (RdR) en teuf pour les nuls

Dernière mise à jour le 12/06/2021

Pourquoi et comment tenir un stand de réduction des risques dans vos teufs en free, rave, clubs, festoches, concerts, tekos…

T’organises des teufs et comme si t’avais pas assez de taf, tu as décidé de faire de la prévention ou plutôt de la RdR ! Voilà ce qu’il faut savoir…

La Réduction des Risques, c’est quoi ?

(intro inspiré d’un texte de Keep Smiling)

Habituellement, on désigne sous le terme de Réduction des Risques (RdR) l’ensemble des mesures et politiques de Santé Publique visant à limiter les dommages sanitaires (overdoses, contaminations, infections…) et sociaux liés à la consommation de drogues. La RdR concerne toutes les drogues, légales et illégales, ainsi que tous les usages qu’ils soient expérimentaux, récréatifs, ponctuels, abusifs ou inscrits dans une dépendance. Une action de RdR en teuf a pour objectif de rendre accessible les infos et outils qui permettent de limiter les risques liés aux pratiques festives.

Informer objectivement

La RdR n’a pas pour objectif d’encourager ou de condamner la consommation de drogues. Son but est de donner aux personnes consommatrices de substances psychoactives les moyens de protéger leur capital santé.

Une information claire et objective sur les risques liés à la consommation de drogues n’incite pas à consommer des produits. De même que la mise à disposition des outils pour consommer des drogues à moindres risques ne favorise pas la consommation de drogues. Ces principes sont reconnus par la Loi.

Accepter la consommation de drogues

La RdR ne s’oppose pas à la prévention, elle s’adresse à ceux qui ont dépassé l’interdit de la consommation pour que leur usage de drogues soit le moins nocif possible, pour eux et leur entourage. La prévention, le soin et la RdR contribuent ensemble à améliorer la santé de la population en général et des consommateurs de drogues en particulier.

Réduire les risques, c’est admettre que les consommateurs de drogues sont des personnes responsables, capables d’exercer leur libre arbitre pour faire des choix pour leur santé.

La RdR, c’est accepter que ce qui est bon pour soi ne l’est pas forcément pour l’autre, et vice-versa. Chaque parcours est unique : ce qui nous pousse à consommer telle substance plutôt que telle autre ou à recourir à telle pratique plutôt qu’une autre est motivé par des raisons complexes qui varient d’une personne à l’autre. Si certaines consommation peuvent entraîner des conséquences sanitaires plus lourdes, toutes donnent droit au respect du droit à la santé. L’injecteur d’héro n’est pas suicidaire, le gobeur de taz n’est pas un faible d’esprit, l’amateur de LSD n’est pas fou, le fumeur de joint n’est pas schizo…

Ne pas juger les gens

Parfois le pire des risques, c’est le regard de l’autre, c’est se sentir rejeté par son entourage, condamné par la société parce que ses choix de vie sont considérés comme déviants.

Réduire les risques, c’est suspendre son jugement sur l’autre quelle que soient sa consommation, ses pratiques, son milieu culturel, son identité de genre, ses orientations sexuelles, son apparence, ses origines, sa religion ou ses croyances…

C’est aussi travailler sur nos propres préjugés, nos représentations sur ce qui est « bien » ou « mal »… Et c’est parfois l’objectif de la RdR le plus difficile à atteindre !

Faire ses choix en conscience

Toute prise de produit peut se révéler dangereuse, et personne n’est à l’abris d’un accident. On peut choisir de ne pas s’informer et de prendre des produits en croisant les doigts très fort. On peut choisir de ne plus consommer du tout. On peut choisir d’aller au bout de ses limites et de se détruire consciemment en toute connaissance de cause. On peut aussi choisir de limiter la casse en s’informant sur ce qu’on prend ou en adoptant des pratiques plus saines, en ne mélangeant pas les produits, y compris l’alcool par exemple.

C’est à chacun de décider librement de ce qu’il souhaite pour lui-même, pour le présent et le futur. De plus on peut faire un choix aujourd’hui, et changer d’avis plus tard, même si malheureusement certaines conséquences peuvent s’avérer irréversibles. Le seul but d’une action de RdR est de donner les moyens d’accéder aux informations et au matériel pour pouvoir décider en toute connaissance de cause. Mais le choix, c’est à chacun de le faire !

Comment faire un stand de RdR

Voici à présent des infos pratiques pour t’expliquer comment mettre en place ton stand et ainsi agir sur ta teuf.

Principaux facteurs de risques sanitaires qu’on peut rencontrer :

● Les risques auditifs
● Les pratiques sexuelles
● La jonglerie enflammée
● Violences et accidents divers
● La consommation de produits
● La sécurité routière
● La répression policière
● Le site, le lieu, l’environnement
● La météo

Comment faire pour prévenir ou réduire ces risques ?

  • Informer sur les pratiques, les risques et les moyens de les réduire en mettant à disposition du public des flyers adaptés sur un stand par exemple.
  • Faciliter l’accès aux moyens permettant de réduire ces risques : eau gratuite, bouffes à bas prix, bouchons d’oreilles, préservatifs, éthylotests, pailles propres, kit d’injection…
  • Aménager un chill-out, un espace de repos, un lieu pour prendre l’air au calme.
  • Prévoir des gens qui pourront gérer en cas de bagarre ou si quelqu’un a besoin de soins, de secours ou d’un soutien suite à une prise de produit.

Attention ! Les équipes type Croix-Rouge, SAMU, Protection Civiles… font exclusivement du secourisme, elles connaissent peu les spécificités des teufs et ne sont pas formés pour gérer des personnes sous prods qu’ils envoient trop souvent à l’hôpital sans réelle nécessité !

En revanche il existe d’autres associations spécialisées qui interviennent en teuf, n’hésite pas à les contacter.

Le stand

Il vaut mieux qu’il soit dans un endroit fréquenté, visible et éclairé. Si tu l’installes à côté du bar, utilise plutôt une table distincte car des verres risquent d’être renversés et de gâcher une bonne partie du matériel.

Le chill-out

Créer un coin tranquille à l’abri n’est pas très compliqué et grâce à la récup cela ne revient pas très cher non plus. Cela demande juste du temps et de la volonté. C’est le cadre idéal pour que les personnes puissent se reposer et cela apporte une touche de convivialité à ta teuf.

Pour les plus motivés, une belle déco, de la lumière douce voire une projection vidéo et
un son tranquille…

Quelques conseils :

  • Ne l’installe pas en face du son !
  • Une simple bâche tendue entre des arbres ou des camions suffit à protéger du soleil ou de la pluie.
  • Couvre le sol pour éviter le froid et l’humidité.
  • Bâche, paillasse, tapis, moquette… feront l’affaire.
  • Un peu de lumière, quelques coussins, éventuellement de la déco et le tour est joué !

Propreté

Pense à prendre des sacs poubelles résistants et à en disposer suffisamment dans des endroits visibles : ça favorise leur utilisation. Si tu peux, mets en place le tri sélectif mais seulement si tu sais où jeter chaque type de déchet. Sinon, tu peux au moins faire le tri du verre.

Sécurité

  • Le numéro des secours avec l’adresse exacte ou à défaut le trajet écrit, clair et crédible pour les faire venir. Notez les coordonnées GPS de préférence près d’une voie d’accès en précisant le service utilisé (Maps, Waze, géoportail…) Si vous avez un GPS vous pouvez noter les coordonnées, mais sachez que certains secours ne les accepteront pas car elles diffèrent selon les logiciels.
  • Une voie d’accès pour les secours et le balisage des endroits dangereux (plan d’eau, trou…).
  • Une trousse à pharmacie et morceaux de sucre en cas d’hypoglycémie.
  • Un ou plusieurs extincteurs.
  • Si vous faites un bar, proposez des boissons sans alcool et à manger, et pour le matin du café, du thé.

Cadre Légal

Informer sur les produits et donner du matériel pour réduire les risques liés à leur consommation entrent dans le cadre de la politique de santé publique dite de Réduction des Risques (Loi du 16/01/2016 du code de santé publique et son référentiel du 14/04/2005).

Le matériel de RdR

FLYERS : l’information est incontournable

Il existe 2 types de flys :

  • sur les Produits
  • sur les Pratiques à Risques

Si tu les lis, tu auras déjà une très bonne base de connaissance.

Pense à réapprovisionner en cours de soirée.

Prévois des poids (cailloux) sur les flyers en cas de coup de vent.

Conseils pratiques

ROULE TA PAILLE / RINCE TON PIF (Sérum Physiologique) : Pour Réduire les Risques liés à la Consommation de Drogues par Voie Nasale

Utiliser une paille propre à usage unique et ne pas la partager évite la transmission de maladies et d’infections dont les hépatites. Le sérum physiologique se trouve très facilement en pharmacie ou en grande surface au rayon bébé !

« Roule ta propre paille : propre parce que c’est la tienne, et propre parce qu’elle est à usage unique ! »

« Rince ton propre pif : propre parce que c’est le tien, et propre parce que tu le rinces avant ET après avec du sérum physiologique ! »

(Flyer SNIFF)

L’hydration du nez empêche les saignements et les irritations. Cela permet aussi au produit de totalement se diluer et de passer entièrement dans le sang.

Ne mets pas tout le stock d’un coup, étale sur la soirée.

S’il n’y a plus de rouleTApaille, des feuilles de papier propres (post-it, flys…) feront tout aussi bien l’affaire l’affaire.

Conseils pratiques

ÉTHYLOTESTS : Pour Réduire les Risques liés à la Route

A mettre en fin de soirée, quand les gens rentrent, surtout près des sorties (vestiaire, parking, etc).

Le mode d’emploi est écrit dessus, bien le lire AVANT.

PRÉSERVATIFS MASCULINS & FÉMININS / GELS LUBRIFIANTS : Pour Réduire les Risques liés à la Sexualité

La capote Féminine est méconnue (elle n’a que 30 ans contre 2000 ans pour la capote masculine !) alors n’hésite pas à en faire la promotion.

Ne pas mettre tout le stock à disposition d’un seul coup : étaler sur la soirée et en garder pour la fin, au moment où les gens rentrent (trouver un endroit stratégique).

Le gel, parce que ça limite les irritations, les blessures… et c’est plus agréable !

Penser à mettre à disposition le mode d’emploi des capotes internes.

Conseils Pratiques

BOUCHONS D’OREILLES : Pour Réduire les Risques liés à l’Audition

En tant qu’organisateur, c’est toi qui gères le son. Les risques auditifs sont souvent sous-estimés et méconnus, en partie parce qu’ils surviennent plus tardivement. Cependant ils sont irréversibles. Si tu veux garder ton pu-blic, ne le rends pas sourd! A partir de 90 décibels l’écoute n’est plus sans danger. Il est conseillé de faire une pause au calme de 15 minutes toutes les heures. Les DJ et techniciens du son, sont particulièrement exposés.

  • Chacun est différent, pour savoir où tu en es, fais tester ton audition régulièrement chez un médecin ORL.
  • Tu peux te faire fabriquer des bouchons d’oreilles sur mesure pour conserver le même plaisir d’écoute.

Mettre des bouchons à disposition près du son de manière visible.

Prévoir un endroit calme où les gens peuvent faire une pause sonore.

Il n’existe pas d’équivalence entre la puissance électrique en kiloWatt et les décibels, seul un sonomètre peut mesurer le risque potentiel pour les oreilles. On en trouve pour moins de 50€

Conseils Pratiques

Où trouver du matériel ?

Pour obtenir de quoi faire un stand tu peux bien sûr t’adresser à Techno+ sur le site technoplus.org en précisant le nombre de personnes attendues. Malheureusement nos stocks ne nous permettent pas toujours d’envoyer du matériel en quantité suffisante.

Voici quelques alternatives possibles pour du matos gratuit, mais attention : gratuité ne signifie pas toujours qualité…

Tout d’abord regarde sur notre site la page https://technoplus.org/trouver-une-asso/.

Si ça ne suffit pas, il existe un répertoire national en ligne des organismes qui distribuent du matériel de réduction des risques sur https://drogues-info-services.fr. Recherche donc en priorité les organismes qui se trouvent près de chez toi car tu devras sûrement aller les voir.

D’un façon générale tu peux te renseigner auprès des Mairies, Conseil généraux, Conseil régionaux, Agences Régionales de Santé et des Préfectures qui ont tous un service «Santé». Parfois il faut insister pour arriver à être en contact avec la bonne personne mais ça peut valoir le coup car ils peuvent fournir gratuitement des préservatifs, des éthylotests, des bouchons d’oreille et du matériel d’information sur divers sujets. Il peut aussi exister d’autres associations, plus locales près de chez toi qui peuvent t’aider.

Préservatifs

Pour les préservatifs il y a l’association de lutte contre le sida, AIDES, qui est présente partout en France. Les coordonnées de toutes ces implantations sont sur aides.org. Pour des évènements officiels, il ne faut pas hésiter à contacter directement les fabricants (Durex, Be love, Manix…) qui font souvent du sponsoring.

Éthylotests

Un seul fabricant en France : Contralco. Mais ne font pas ni de don ni de sponsoring, il faut donc les payer. On trouve facilement des revendeurs de cette marque sur le web. Evite les éthylotests chimiques sans ballon, ils sont peu fiables. La gendarmerie, la police ou la prévention routière (www.preventionroutiere.asso.fr) peuvent en fournir éventuellement gratuitement. À voir au cas par cas avec leurs représentants près de chez toi. C’est aussi le genre de partenariat qui peut aider à donner montrer une bonne image de ta soirée et favoriser la délivrance d’une autorisation.

Bouchons d’oreilles

Il y a l’association AGI-SON (agi-son.org) qui est spécialisée dans la prévention des risques auditifs dans les milieux festifs au niveau national avec des relais locaux. Comme pour les capotes il y a plusieurs fabricants et revendeurs qui peuvent aussi être des pistes de sponsoring à explorer.

Assistance aux personnes

Mot d’ordre : restez entre potes. Ces actions sont difficiles à mener en respectant les gestes barrière, il vaut mieux qu’elles soient faites directement par la personne concernée quand c’est possible. Sinon par des gens qui sont déjà des proches voire intimes. Dans les autres cas, nous conseillons le port du masque, les lavages de mains et les gestes barrières.

Blessures

Prend toujours une trousse de secours quand tu pars en teuf. Elle doit contenir de quoi se désinfecter, de quoi faire des pansements, des crèmes pour les coups, les brûlures, les piqûres, des gants, un moyen de se laver les mains types solution hydroalcoolique ou savon. Pour les gros bobos, les chutes sur la tête consulte un médecin et n’hésites pas à appeler le 15 (SAMU) pour avoir des conseils.

Bad trip et autres crises psychologiques sous prod

Le première chose est de limiter les mises en danger. Ensuite rassure au maximum la personne qui va mal sans lui communiquer de stress. Dans la plupart des cas c’est juste un mauvais moment à passer qui va s’améliorer avec l’évolution des effets du produit.

Sensation de « tomber dans les pommes » (malaise vagal)

S’allonger, jambes relevées, manger quelque chose de sucré, se ré-hydrater, se reposer, surveiller. Surtout attendre avant de baisser les jambes, la personne doit pouvoir se relever seule, à son rythme.

En cas de perte de conscience, d’impossibilité de tenir debout ou de choc à la tête

Allonges la personne sur le côté, défais tout ce qui peut gêner la respiration (col, ceinture…). Puis alerte ou fais prévenir les secours (112). En attendant, appelle la personne par son prénom en lui demandant d’ouvrir les yeux, de serrer ta main. Prévois de l’eau voire un truc sucré si la personne reprend conscience. Reste présent quand les secours arrivent pour leur dire ce qui s’est passé et notamment ce que la personne a pris.

Dans tous les cas cités, la personne qui a un problème ne doit pas rester seule.

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