Dernière mise à jour le 20/06/2021

Analyse

Qu’est-ce donc ?

L’analyse de drogue a pour objectif d’en savoir un peu plus sur les produits que tu consommes. En effet, la composition des produits varie fortement ce qui peut être cause d’incidents.

Sur les dernières années, on a constaté l’apparition de comprimés d’ecstasys extrêmement dosés, de produits de coupe nocifs (le lévamisole dans la cocaïne par exemple), ou d’arnaques aux nouveaux produits de synthèse (entre autres de la méthoxétamine vendue pour de la kétamine ou des NBOME vendus pour du LSD).

Il existe plusieurs techniques d’analyse, chacune a ses avantages et ses inconvénients. Tu peux en utiliser certaines toi-même, d’autres sont plus complexes, plus chères et pour y avoir accès tu devras forcément passer par une association qui pratiquera l’analyse elle-même ou la fera pratiquer par un laboratoire.

Analyser ses prods permet de réduire les risques auxquels tu t’exposes en consommant. Pour les associations comme Techno+, cela peut aussi permettre de mieux documenter ce qui circule et éventuellement de lancer des alertes.

Le testing

Le testing est une technique simple qui consiste à mettre un réactif chimique (Marquis, Erlich, Mandelin, Mecke…) au contact d’une petite quantité de produit.

Le mélange se colore ou pas. On compare ensuite la couleur obtenue avec une grille (fournie avec le réactif) qui permet d’interpréter le résultat. Les résultats sont souvent plus précis en croisant plusieurs tests.

Interdit pour les associations de santé depuis 2005, le testing demeure autorisé pour les particulier·es. Il est simple et rapide à utiliser, cependant attention, contrairement à ce que prétendent certain·es fabricant·es, il existe un risque de faux positifs et de faux négatifs, de plus le testing ne donne pas d’informations sur le dosage (%).

C’est donc un outil présomptif, il peut permettre d’éliminer certaines arnaques mais ne doit surtout pas conduire à une impression de sécurité (un produit qui réagit conformément peut être surdosé ou contenir un produit de coupe dangereux non reconnu par le réactif).

Attention, les réactifs sont souvent très corrosifs.

Tu peux acheter légalement ces réactifs sur le net mais attentions aux offres des sociétés commerciales qui omettent souvent les limites de cette technique.

Voici quelques sites où l’on peut trouver ces réactifs, il en existe d’autres et nous n’en recommandons pas un en particulier : EZtest, Bunk Police, Narcocheck, Dance Safe…

La CCM

La chromatographie sur couche mince est une technique plus élaborée. Elle est séparative, c’est-à-dire qu’elle détecte tous les composants de l’échantillon, même si ces composants ne sont pas forcément identifiés (on te dira alors que ton échantillon contenait un composant inconnu en plus des autres).  Elle ne donne pas d’informations sur le dosage (%).

Pour y avoir accès, tu dois donc te rapprocher d’une structure (Techno+, CAARUD, CSAPA…) qui se chargera (gratuitement) de faire analyser ton échantillon (une tête d’allumette suffit).

La spectrométrie infrarouge

Un spectromètre infrarouge (IR) est un appareil couplé à un logiciel qui permet de déterminer rapidement le spectre IR d’une substance, c’est-à-dire la façon dont ses molécules réfléchissent ou non la lumière infrarouge. Ce spectre est aussi unique qu’une empreinte digitale. Lors de l’analyse d’un produit, le logiciel compare le spectre obtenu avec ceux présents dans des bases de données et donne en quelques minutes un résultat et sa probabilité appelée score de correspondance.

En général, cette technique permet de bien identifier la principale molécule d’un échantillon. Elle peut aussi donner jusqu’à 2 ou 3 autres composants (produits de coupe) qui seraient présents en quantité significative. Au-delà, les résultats sont peu fiables.

Cette technique est peu utilisée en France car un spectromètre coûte cher. Cependant c’est à ce jour la technique avancée la plus pratique pour faire des analyses en teuf : elle est facilement transportable, rapide et son utilisation est accessible à tous après une formation. Seules quelques associations de RdR, dont Techno+, en disposent.

Les techniques de laboratoire (HPLC – MS)

Ce sont les techniques les plus sophistiquées, elles permettent d’identifier tous les composants présents dans un échantillon (qualitatif), mais aussi de connaître son dosage (%, quantitatif) . Elles sont en revanche difficiles et coûteuses à mettre en place. Actuellement deux possibilités s’offrent à toi pour y avoir accès :

  • SINTES : Dispositif national piloté par L’OFDT, SINTES a pour mission d’analyser tous les produits au contenu suspect (nouveau produit et/ou produit dangereux). Pour ce faire, le dispositif SINTES dispose d’un réseau de personnes habilitées à recueillir des échantillons (la liste des collecteurs est disponible sur ofdt.fr). La plupart des structures (Assos festives, CAARUDs, CSAPPA) sont partenaires du dispositif. Pour faire analyser (gratuitement) un échantillon qui correspond aux critères (effets bizarres ou nouveau produit), tu devras donc te rapprocher d’une structure proche de chez toi ou directement du réseau SINTES. Les résultats sont généralement assez longs à arriver (au moins 3 semaines).
  • International : L’association espagnole Energy Control (energycontrol-international.org), propose des analyses en labos à l’international dont le coût est en revanche supporté par l’usager. Tu devras donc envoyer un règlement de 50 euros (tu peux même payer en bitcoins) et ton échantillon (par voie postale) à l’association qui se chargera de procéder à l’analyse (délai moyen d’une semaine). Les infos sur ce service sont sur energycontrol-international.org.

Où faire analyser ses prods ?

Tu peux retrouver ici l’ensemble des assos qui proposent l’une ou l’autre des techniques présentées : https://technoplus.org/faire-analyser-ses-prods/

Dernière mise à jour le 20/06/2021

Les bases de données de produits

Pour avoir une meilleure idée de ce que tu consommes, tu peux aussi te renseigner sur les produits en circulation. Comme pour le testing, cela peut te permettre de réduire les risques mais attention à ne pas tirer d’impression de sécurité du fait d’avoir vu un produit similaire à celui que tu t’apprêtes à consommer.

Certaines bases de données participatives sont aussi alimentées par des usager·es (et des revendeurs) et se basent sur des ressentis subjectifs plutôt que sur des analyses sérieuses. Garde aussi en tête que deux produits qui se ressemblent peuvent avoir des contenus très différents. C’est notamment le cas sur l’ecstasy ou lorsqu’une « bonne presse » paraît, des contrefaçons sont souvent et rapidement mises en circulation. Voici quelques ressources auxquelles te référer :

Pense aussi à consulter les sites étrangers :

Il existe également 3 bases de données mondiales :

  • drugsdata.org qui est le labo partenaire du site de référence Erowid.org et qui agrège de nombreux résultats provenant de sources fiables essentiellement des labos.
  • pillreports.net qui une base de données participative ouverte où chacun peut mettre ses propres analyses. On y trouve surtout pour la partie européenne des résultats de testing et des trips reports.
  • Know Drugs (knowdrugs.app) une application en français sur Android et iOS qui permet de rechercher des analyses provenant de différentes bases dans le monde et qui donne des informations sur les produits et des conseils en cas d’incident.

8 conseils pour réduire les risques

  1. Lorsque tu en as l’occasion, fais analyser ton produit avant de le consommer. Si tu utilises le testing, lis la partie «testing» de ce flyer.
  2. Lorsque tu ne connais pas un produit, commence toujours par une petite quantité et laisse lui le temps d’agir afin d’évaluer la puissance du produit.
  3. Attention, il y a souvent des contrefaçons et deux produits exactement pareils peuvent avoir des contenus très différents
  4. Le marché des drogues évolue, informe-toi sur les produits en circulation et les alertes en cours disponibles sur les sites et les forums spécialisés.
  5. Si tu as décidé de consommer, fais-le toujours avec des gens de confiance, dans un contexte rassurant.
  6. Si quelqu’un autour de toi consomme un produit qui pose des problèmes inhabituels, essaye d’en conserver un échantillon pour le faire analyser (si tu ne sais pas où faire analyser l’échantillon, contactes-nous)
  7. Ecoute les revendeurs s’ils te disent d’y aller doucement car le produit qu’ils te vendent est fort (même si ils peuvent bien sûr en rajouter, part du principe qu’il vaut mieux fractionner la première dose et monter en plusieurs fois que de se retrouver en surdose)
  8. N’oublie pas le gel et les capotes !

En cas de surdose, malaise, douleur ou gêne inhabituelle

Préviens les secours (18 ou 112). Il n’y a aucune honte. Les secouristes sont tenus à la confidentialité. En cas de nausée : Ne pas rester seul, s’aérer, se ré-hydrater, respirer profondément, se reposer. Ne pas s’empêcher de vomir. Ne pas continuer à boire. Se coucher sur le côté. En cas de perte de conscience (malaise vagal) : Si la personne respire, allonge-la sur le côté, défais tout ce qui peut gêner la respiration (col, ceinture…) puis dans tous les cas alerte ou fais prévenir les secours (112). En attendant, appelle la personne par son prénom en lui demandant d’ouvrir les yeux, de serrer ta main. Prévois un truc sucré et reporte-toi aux infos juste au-dessus si la personne reprend conscience. Reste présent quand les secours arrivent pour leur dire ce qui s’est passé et notamment ce que la personne a pris.

Coordonnées utiles

  • Urgences – Secours : 112
  • Drogues Alcool Tabac Info Service :
  • Sida Info Service : 0 800 840 800
  • Hépatites Info Services : 0 800 845 800
L’information objective, sur les risques liés aux pratiques festives et les moyens de réduire ces risques, permet à chacun d’adopter une attitude responsable dans ses choix de vie, qu’il s’agisse de consommation de drogues légales ou pas, de risques auditifs, de sécurité routière, de jonglage enflammé, de piercing, de sexualité, d’usage-revente…
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