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L’usage festif et plus seulement criminel du GHB mis en avant…
Gaël Cogné
Date : vendredi 25 avril 2008
source : http://www.liberation.fr/actualite/societe/323123.FR.php
Santé. Les effets déshinibants
de ce psychotrope en vogue peuvent provoquer la mort.
GHB, trois
lettres pour une drogue associée à des faits-divers.
D’abord connu comme la «drogue du violeur» (il
endort et occasionne des pertes de mémoire), le GHB a été
récemment médiatisé dans un autre registre :
le 17 avril, à Paris, un haut responsable de TF1 a alerté
les secours du décès d’un homme à son
domicile. Rencontrée sur le Net, la victime, âgée
de 40 ans, aurait succombé à une crise cardiaque
après une partie fine. Lors de la perquisition, les
policiers ont trouvé de la cocaïne, du poppers
(vasodilatateur apprécié pour ses qualités
euphorisantes), et, plus rare, du GHB. Un cocktail à haut
risque prisé, notamment, par une petite frange du milieu gay
parisien.
Pour Didier
Lestrade, cofondateur d’Act-up et du magazine Têtu,
«cela fait partie d’une culture où on retrouve la
Special K [kétamine, un anesthésiant], le GHB,
le crystal [drogue euphorisante]. On est en pleine
surconsommation avec des gens qui sont très chargés
pendant des week-ends entiers. Forcément, il y a des
malaises.»
Yiss, musicien gay, a composé
un titre sur le sujet, J’arrête, et un clip (1),
réalisé par Manuel Mercier (censuré sur
Dailymotion et YouTube). Il constate qu’«aujourd’hui le
GHB s’est complètement banalisé. J’ai vu des gens
tomber comme des mouches». A tel point que, sur les
dancefloors, «tout le monde a sa petite bouteille
d’Evian avec de la menthe et du GHB .» Plus discret que
de faire la queue aux toilettes pour un rail de cocaïne.
«G-hole». A
petite dose, le GHB déshinibe, euphorise, «stimule
la libido et les sensations», selon Miguel De Melo,
médecin à l’association Arcat qui fait de la
prévention. Trop concentré, c’est le coma. Parfois
mortel.
Pour Didier Lestrade, le
fait-divers de la semaine dernière est représentatif
de ces histoires de «partouzes organisées à
partir du Net avec des gays qui ont du fric, prennent plein de
drogues et les connaissent bien. Avec le crystal, par exemple, on
peut baiser plusieurs heures». L’usager prend une drogue
pour combler les effets négatifs d’une précédente
et ainsi de suite. De quoi tenir toute la nuit. Chaque produit a son
utilité : «Le crystal est bon pour l’activité
sexuelle et stimule la libido», mais fait dormir, «les
ecstas conviennent au clubbing, la Special K et le GHB prolongent
les effets de l’ecsta.» La coke ? «Dans ces
classes sociales privilégiées, c’est le confort. Ça
s’est banalisé dans tous les milieux, mais ça reste
un incontournable. Chez ces gens-là, on ne fait pas la fête
sans coke», poursuit Lestrade.
L’Observatoire français des
drogues et toxicomanies (OFDT) s’inquiète, dans son dernier
rapport, Trend (Tendance récentes et nouvelles drogues), de
la mode du GHB, appelé «liquid ecstasy ou G»,
dans «les milieux festifs gay de Paris et Marseille».
Pour Yiss, du GHB, «il y en a partout. J’en ai vu à
Montpellier et à Lille, par exemple».
L’observatoire rapporte «un développement de
l’usage dans le cadre des afters», ainsi qu’«une
augmentation des comas consécutifs à la consommation
de cette substance».
Mais le phénomène
reste mal connu. «A l’hôpital, on vous demande ce
que vous avez pris. Vous répondez du GHB. On vous demande
alors qui vous l’a versé dans votre verre. Ils pensent à
la drogue du violeur. L’usage récréatif est encore
méconnu», raconte Yiss.
Le coma provoqué par le GHB,
le «G-hole», explique Yiss, jouerait dans ces
fêtes un rôle social comparable à «la
cuite concernant l’alcool», rapporte l’OFDT. Certains
adeptes seraient devenus des habitués des urgences. Le
docteur Yves Jacomet, expert judiciaire et toxicologue au CHU de
Nice, résume: «C’est de la défonce.
Exactement comme pour l’alcool.» Alcool à ne pas
mélanger avec le GHB ou l’ecstasy. Il en décuple les
effets.
Spams. L’usage du GHB reste
très confidentiel. Seul 0,3 % des jeunes de 17 ans
déclaraient en avoir consommé selon une enquête
Escapad (Enquête sur la santé lors de l’appel de
préparation à la défense) menée par
l’OFDT en 2005. Une goutte d’eau comparée aux 2,5 % ayant
pris de la cocaïne et aux 49,5 % qui avaient fumé un
joint. Pourtant les spams proposant du GHB fourmillent sur le Net.
Un produit réputé proche, le GBL (qui se transforme en
GHB après ingestion), se trouve en vente libre : «Sur
des sites pour voitures. Ça sert à nettoyer. C’est
très corrosif», explique Yiss.
Fabrice Perez, de
l’association de prévention Techno plus, estime, lui, que
le GHB relève plus du mythe que de la réalité :
«Ce produit, on le trouve exclusivement dans les médias
et dans quelques niches comme le milieu homo. Mais nous, on ne le
croise que deux ou trois fois par an.»
Ivresse, amnésie et coma
Gaël Cogné
Date : vendredi 25 avril 2008
Source :
http://www.liberation.fr/actualite/societe/323116.FR.php
Le GHB (acide gamma-hydroxybutyrique) est une drogue rare. Cette
molécule est utilisée dans les hôpitaux pour des
usages très spécifiques, surtout comme thérapeutiques
pour éviter les convulsions dans les cas de traumatismes du
crâne. Elle a été élaborée par le
professeur Henri Laborit en 1961. Le GHB a été inscrit
sur la liste des stupéfiants en 1999. Inodore et incolore, il
peut facilement être glissé dans un verre sans qu’on
ne s’en aperçoive. Suffisament dosé, il provoque un
trou de mémoire et entraîne un coma temporaire. C’est
ce qui lui a valu son surnom de «drogue du violeur». Mais
son utilisation criminelle serait rarissime, estime Yves Jacomet,
expert judiciaire et toxicologue au CHU de Nice qui n’ a «jamais
croisé un cas avéré de prise de GHB».
Le GHB est difficile à détecter car il s’élimine
très vite (huit heures). Dans un cadre festif, on recherche
l’ivresse qu’il provoque, proche de celle de l’alcool qui,
lorsqu’il accompagne la prise de GHB, démultiplie ses effets
et peut le rendre très dangereux. A forte dose, il entraîne
une anesthésie générale, une dépression
respiratoire qui peut provoquer un coma et une amnésie. Le GHB se présente souvent sous forme de poudre ou de capsules.