Cannabis : Pendant ce temps à Vera Cruz… – Edito du 15-05-13

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Pendant que nous essayions en vain 5 jours durant de faire péter (c’est je crois ce que me conseillait mon voisin de dancefloor) des bombes enfouies dans le sol d’un futur ex-aérodrome militaire du nord de la France – encore un coup de obsolescence programmée, t’achètes un obus et 70 ans plus tard ça ne marche plus – il se passait partout ailleurs un autre évènement : la Marche Mondiale du Cannabis, le samedi 4 mai dans 700 villes dans le monde dont Paris, Rennes, Toulouse, Lille, Lyon, Troyes, Fort de France, Tahiti et Saint-Gilles pour la France.

Bien qu’absent contrairement à l’an passé, Techno+ a soutenu à distance l’évènement enco-signant les revendications citoyennes proposées par le comité (pas le capitaine) ad’hoc :

  • Dépénalisation de la consommation, de la possession et de l’autoproduction pour usage personnel (la base quoi !)
  • Information cohérente et objective sur les effets et les pratiques de consommation réduisant les risques (ben oui on est pas des irresponsables)
  • Prévention pragmatique et ciblée en direction des mineurs et des usagers en difficulté (Auto-support représente !)
  • Prescription de cannabis thérapeutique (c’est pas juste pour rigoler)
  • Régulation de la production, de la distribution et de la consommation de cannabis protégeant aussi bien le consommateur que l’ensemble de la société (Fuck la mafia !)
  • La réforme de la politique française en matière de cannabis et l’ouverture d’un débat public sur la loi du 31 décembre 1970 (Halte à la guerre à la drogue)
  • Autorisation des Cannabis Social Club (c’est l’avenir)

Si le journaliste de Rue89, qui a écrit que Techno+ organisait une salle de shoot dans son chapiteau au teknival, avait couvert cet manifestation, la 12ème en France, il l’aurait probablement qualifié de coffee shop à ciel ouvert sans même parler des revendications politiques pour lesquelles elle existe, ni même du contexte particulier de cette année : le combat pour les Cannabis Social Clubs Français (CSCF).

Previously on CSCF

Il y a à peu près un an des militants de la cause décidaient d’afficher au grand jour un mode d’organisation alternatif aux réseaux mafieux pour s’approvisionner en cannabis comme il en existe en Espagne. Le principe est de constituer des groupes locaux pas trop nombreux de fumeurs de cannabis au sein desquels certains membres se chargeront de la culture du cannabis. La récolte et les frais liés à ce club seront répartis entre les membres. Bref une sorte d’AMAP non-lucrative de la beuh, une économie à taille humaine cadré par des règles de conduites strictes :

  • pas de mineurs
  • moins de 50 personnes
  • interdiction de revendre sa part (non lucrativité)
  • pas de démarche commerciale
  • diffuser de l’information et de la prévention sur le cannabis
  • favoriser un produit de qualité, bio et éthique
  • transparence par la tenue d’un cahier de culture

Le seul hic, pour la loi il s’agit de production de stupéfiants en bande organisée (30 ans de prison voire perpétuité pour le président du club). En rendant la chose publique à la fin du printemps 2012, ces militants du chichon s’inscrivent donc dans la désobéissance civile et risquent gros. La reprise du pouvoir par la gauche peut faire espérer certains… et pour cause le gouvernement ne fait rien. Les sympathisants lance le 14 juillet 2012 l’association les Amis des Cannabis Social Clubs. Plus de 200 Cannabis Social Clubs informels se créent et fin 2012, il se réunissent en Assemblée Générale pour créer une fédération. Les médias relaient sans diabolisation et massivement ces informations, du grand média national à la feuille de chou locale. Les plus grand experts (celui-ci ou celui-là) débattent sur le sujet. La légalisation du cannabis en novembre dans 2 états des USA donne du cœur à l’ouvrage. L’Histoire semble en marche.

Si le gouvernement ne dit rien sur cette initiative il martèle néanmoins partout qu’il n’y aura pas de dépénalisation du cannabis (surement parce que l’opinion publique y est opposée en grande majorité. C’est trop risqué électoralement. Seuls les Verts (comme d’hab) et timidement le NPA soutiennent cette position et bien sûr Cannabis Sans Frontière. Même aux USA le temps se gâte. En France les réac sortent du bois.

Nous sommes début 2013. Il est temps pour les CSC de passer à la phase 2 : la déclaration officielle de leurs activités en déposant en préfecture leurs associations. Cette annonce fait grand bruit et Dominique Broc, leur porte parole fait le tour des médias.

La riposte de l’État ne va pas tarder à arriver. Quelques semaine avant la date annoncée du dépôts en préfecture, Dominique est placé en garde à vue pour détention de cannabis et incitation à la consommation : le pouvoir montre son vrai visage. La mobilisation continue et le 25 mars comme prévu mais moins nombreux que prévu une vingtaine de groupes se déclarent en préfecture. L’UMP fustige le gouvernement et y voit un lien avec le projet de la salle de shoot. Puis le 18 avril Dominique Broc se prend 8 mois de prison avec sursis tandis que le 2 mai se tient l’audience de la fédération des Cannabis Social Clubs Français au tribunal de Tours en vue de sa dissolution. Ce qui nous ramène au 4 mai et à la Marche Mondiale du Cannabis.

Prochaine étape le rendu du jugement de la fédération prévu le 20 juin, 2 jours après l’appel du 18 joint, autre temps fort de l’année sur le cannabis dont ce sera les 20 ans depuis la reprise de l’évènement par le CIRC.

Et comble de malchance les organisateurs de la Marche Mondiale du Cannabis de Paris se sont fait voler la donation

Tout ça en un an. Comme quoi, on peut fumer de l’herbe et se bouger le cul.

A+

Kritik

 

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