Dernière mise à jour le 14/11/2016 <!– by anael –>
Vous devez expliquer votre passion pour les free mais les mots vous manquent, envie de rabattre le caquet à ceux qui ont des préjugés, marre de ne pas arriver à parler aux médias… Pas de panique voici quelques réponses aux questions fréquentes à propos de notre mouvement.
Qu’est-ce qu’une free party ? Un sound system ? La culture Techno ?
Free party : C’est une zone d’autonomie temporaire événement festif de musiques électroniques, dont l’accés est gratuit ou à prix libre : le participant estime lui-même ce qu’il peut « payer », en argent ou en nature , ou alors le prix est faible et a généralement un but de défraiement plutôt qu’un but lucratif. Le travail technique et artistique est non-rémunéré. Dans son fonctionnement, une free party met en place des normes, adaptées à ce type d’événements. La sécurité est co-gérée par les membres des sound system et les participants (principe même de l’autogestion et de la ZAT). La prise de décisions est horizontale et basée sur le consensus. Il est à noter que les sound system ne touchent pas de subvention, et sont attachés au libre-accés.
Un sound system est un ensemble de matériel utilisé pour sonoriser un événement. Par extension, on appelle sound system le collectif responsable de ce matériel utilisé lors des évènements.
La « culture techno » est un concept fourre-tout. La techno est un genre musical composé de nombreux sous-genres, et en résultent de nombreuses cultures associées. Si l’on veut parler du penchant « underground » et marginal, il est intéressant de se pencher sur les origines du blues, du jazz ou du rock par exemple. Une culture naissante est toujours marginale. C’est d’ailleurs de la marginalité, de la dissociation partielle d’avec les normes préexistantes, que peut naître la nouveauté.
Quelles sont les pressions que vous subissez de la part de la population et des autorités ?
Les pressions de la part des autorités légales sont multiples : tout d’abord les législations exceptionnelles, notamment la saisie du matériel, utilisée par les autorités uniquement à l’encontre des organisateurs de free party. Ensuite, les normes préexistantes à propos des événements festifs : les contextes étant différents selon le type d’événement, une norme stricte globale est une aberration. Ce cadre légal inadapté est de plus rarement respecté par les forces de l’ordre et l’administration, qui souvent ont à notre encontre des comportements et procédures illégales (notamment saisies non-conformes à la loi en vigueur). On peut aussi parfois assisté à un excès de zèle exceptionnel, par exemple la verbalisation systématique des véhicules garés sur terrain non prévu à cet effet, alors que souvent leur présence ne dérange personne, et qu’en milieu rural la verbalisation est moins stricte qu’en milieu urbain pour des raisons évidentes. Un refus quasi-systématique des demandes d’autorisation, souvent en dernière minute, contribue au choix de l’illégalité.
Les médias offrent une vision tronquée du mouvement : on retrouve généralement plusieurs free parties chaque week-end dans chaque département français, donc un nombre important au niveau du territoire national entier, cependant seules sont médiatisées celles où a eu lieu un incident, c’est ainsi que le « grand public » n’a pour vision des free parties que les rares incidents qui peuvent s’y passer, sans que cela ne soit tempéré par l’ampleur du mouvement, donc la faible occurrence, proportionnellement, de ces incidents. La « drogue » est presque systématiquement pointée du doigt, alors qu’elle n’est pas plus présente que dans d’autres événements, qui eux sont légaux. Cette stigmatisation ne laisse pas place aux dimensions de gratuité, d’indépendance, d’égalité, de refus des discrimination et d’autogestion de la sécurité et de l’organisation.
Dans votre communiqué, il y a un paradoxe vous demandez le respect de la loi existante et la suppression de la législation d’exception sur les free party, contre quelle législation combattez-vous ?
La législation particulière sur les free parties est opposée aux principes du mouvement. Elle n’est cependant parfois même pas respectée par les autorités. Nous demandons dans un premier temps que les abus illégaux (au niveau du cadre législatif particulier ET global) en provenance des autorités cessent, et en second lieu la suppression des amendements d’exception qui menacent les principes mêmes de notre mouvement.
Quel est le montant des saisies et quelles sont vos revendications sur cette répression policière ?
La valeur d’un système de sonorisation est très importante, il s’agit souvent de dizaines de milliers d’euros. Peuvent aussi être saisis des véhicules personnels. Il est déjà arrivé que des sonorisations soient brûlées, illégalement. Nous souhaitons l’abrogation des textes législatifs particuliers autorisant les saisies.
Vous revendiquez au nom d’une culture installée depuis 20 ans, le droit à vos libertés, est-il concevable dans un État de droit, que la loi ne soit pas la même pour tous, comment justifiez-vous ces « îlots libertaires momentanées », quel contrôle y-a-t-il sur ces manifestations ?
Premièrement, le problème est justement que l’application de la loi et le comportement des autorités n’est pas la même pour tous, comme il a été dit plus haut.
Ensuite, nous avons également des revendications philosophiques et politiques. Nous considérons que l’art ne doit pas être un objet de valorisation de capitaux. Nous souhaitons avoir droit à un art qui ne s’inscrit pas dans une démarche mercantile (SACEM par exemple), or les conjonctures actuelles permettent de moins en moins à ce type de conception d’exister. Le cadre légal et institutionnel qui impose de plus en plus une démarche capitaliste dans l’événementiel nous force à la marginalisation.
Si nous acceptions ce cadre, ce serait simplement la dissolution de notre culture. Ces îlots libertaires temporaires sont certes hors cadre légal, mais il faut également se demander s’ils posent un problème concret à l’ordre public ou à la sécurité des individus, et, si oui, s’ils en posent plus que certains événements autorisés. Le squat de terrains privés, dû au fait que l’état ne daigne pas accorder de lieu pour les free parties alors qu’il le fait pour d’autres événements culturels, concerne généralement des terrains forestiers, abandonnés ou en jachère. Nous nous efforçons en général de ne pas dégrader le lieu. De plus, le fonctionnement est libertaire, mais la loi s’applique tout de même, parfois indûment, dans les free parties.
Peut-on alors parler d’« îlots libertaires momentanés », quand la police a la possibilité d’être présente ? Un appartement, dans lequel la police ne peut entrer sans mandat, n’est-il pas plus, en ce sens, un « îlot libertaire permanent » sans contrôle ? Le contrôle est collectif dans les free parties, et l’on constate en général que c’est efficace.
Vous demandez l’alignement des conditions d’organisation de vos soirées sur celles des autres mouvements musicaux. (Seuil de déclaration fixé à 1500 personnes) ? Pouvez-vous expliquer cette distinction ?
Les réglementations d’exception sur les free parties souffrent d’une forte insuffisance dans la définition du terme (une free party serait un « rassemblement à caractère exclusivement festif », ce qui semble plutôt faible pour un texte législatif). Face à ce flou quant à la qualification de nos événements, nous ne comprenons pas, d’une, cette mise à part, ce ciblage bancal de notre culture, et de deux, les limites de cette définition on ne peut plus vague. Le seuil de participation aux free parties est de 500, contre 1500 pour tout autre événement. Ce cadre législatif nous conduit fréquemment aux limites de la légalité. Face à cela, nous sommes régulièrement obligés d’organiser nos événements dans des lieux non prévus à cet effet, pouvant même s’avérer dangereux.
De plus, le secteur de l’événementiel en général peut présenter des risques, or notre illégalité forcée n’aide en rien quant à la prévention de ces risques et à la prise en charge des personnes qui en auraient besoin. La législation d’exception en devient un problème de santé publique.
Enfin il existe déjà un rapport parlementaire rendu en 2008 commandé par le 1er ministre qui préconise d’augmenter le seuil. Cette recommandation, ni aucune de ce rapport, n’a jamais été appliquée.
Vous dîtes souffrir de discrimination, mais la drogue n’est-elle une réalité dans vos événements ? Comment assurez-vous l’endiguement de ce fléau ? Comment pouvez-vous justifier cette sorte de légalisation temporaire au sein d’un événement ?
La drogue est une réalité dans le milieu festif en général, et dans toutes les sphères de la société. Considérant la liberté pour chacun d’enfreindre la loi à ses risques et périls, et l’inefficacité de la politique de prohibition, nous nous efforçons d’informer sur les conduites à risque lors de la consommation de psychotropes, légaux ou non (est à noter le fait que certains produits toxiques sont légaux, notamment dans l’alimentation et l’industrie). Les psychotropes sont consommés volontairement, contrairement aux pollutions industrielles, et sont donc une prise de risques personnelle ; notre démarche est de réduire ces risques. Il est à rappeler que l’alcool, légal, est considéré par de nombreux scientifiques comme une drogue dure, de potentiel addictif important, dont l’excès peut s’avérer fatal, et dont le sevrage peut être mortel.
Comment assurez-vous la sécurité de ce type d’événement ? Quelques tragédies ont déjà eu lieu, vos rassemblements ne comportent-ils pas de vrais risques pour la santé publique ?
La sécurité est assumée de manière collective et horizontale. Les tragédies ayant eu lieu ne se retrouvent pas uniquement dans les free parties, ce sont des choses qui arrivent dans d’autres milieux. De plus, de nombreuses structures sanitaires de réduction des risques font le constat que proportionnellement à d’autres évènements , les free-parties sont plutôt moins génératrices d’incidents et de violence.