L’Espagne et le Royaume-Uni
enregistrent les taux d’usage de cocaïne les plus élevés d’Europe, avec
plus de 4 % des jeunes adultes ayant consommé la drogue au cours de la
dernière année, ce qui dépasse les taux d’usage récent d’ecstasy et
d’amphétamines. D’après l’Observatoire, de telles estimations se
rapprochent des chiffres enregistrés aujourd’hui par les États-Unis, ce
qui fait redouter que la cocaïne ne s’impose comme la drogue majeure
auprès de nombreux jeunes européens.
La cocaïne devient la drogue stimulante de premier plan
pour de nombreux jeunes Européens
La
cocaïne est devenue un élément essentiel du tableau de la drogue en
Europe. Telle est l’une des constatations faites par l’Observatoire des
drogues de l’Union européenne (OEDT) dans le rapport annuel 2005 sur
l’état du phénomène de la drogue en Europe qui vient d’être publié. Les
indicateurs de trafic et de consommation de cocaïne révèlent
aujourd’hui une augmentation très forte des importations et de l’usage
de la drogue.
Les jeunes hommes entre 15-34 ans sont les principaux
consommateurs de cocaïne
Selon
les estimations de l’OEDT, quelque 9 millions d’Européens (3 % de
l’ensemble de la population adulte) ont expérimenté la cocaïne. Entre 3
et 3,5 millions (1 % de l’ensemble de la population adulte) sont
supposés avoir essayé la drogue au cours de la dernière année, tandis
qu’environ 1,5 million (0,5 % de l’ensemble de la population adulte)
sont classés dans la catégorie des utilisateurs actuels, c’est-à-dire
ayant consommé au cours du dernier mois. Les jeunes adultes (15?34
ans), en particulier ceux de sexe masculin et ceux qui vivent dans les
zones urbaines, sont les principaux consommateurs de la drogue.
L’usage
de la cocaïne varie fortement d’un pays à l’autre, la plupart des
enquêtes nationales estiment entre 1 % et 11,6 % le nombre de jeunes
Européens qui ont essayé la drogue au moins une fois et entre 0,2 % et
4,6 % ceux qui l’ont utilisée au cours des douze derniers mois.
L’Espagne
et le Royaume-Uni rapportent les taux d’usage de cocaïne les plus
élevés, avec plus de 4 % des jeunes adultes ayant consommé la drogue au
cours de la dernière année, ce qui dépasse les taux d’usage récent
d’ecstasy et d’amphétamines. D’après l’Observatoire, de telles
estimations se rapprochent des chiffres enregistrés aujourd’hui par les
États-Unis, ce qui fait redouter que la cocaïne ne s’impose comme la
drogue stimulante majeure auprès de nombreux jeunes dans certaines
parties d’Europe.
Augmentation spectaculaire des quantités de cocaïne
saisies en Europe Les
derniers chiffres montrent que les quantités de cocaïne saisies au sein
de l’UE ont presque doublé entre 2002 et 2003, passant de 47 tonnes à
plus de 90 tonnes, ce qui suggère que l’Europe est devenue aujourd’hui
un marché important pour cette drogue. La plus grande partie de la
cocaïne pénètre dans l’UE via la péninsule Ibérique et les Pays-Bas,
tandis que certains États africains et des Caraïbes sont des zones de
transit importantes pour le trafic vers l’Europe. L’Espagne et les
Pays-Bas mentionnent les saisies de cocaïne les plus importantes de
l’UE. Les volumes dans ces deux pays ont doublé entre 2002 et 2003.
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Le
crack moins répandu
Selon
le rapport, la consommation de crack en Europe, une drogue
particulièrement associée à des problèmes sociaux et de santé publique,
reste limitée. Un usage important n’est rapporté que dans quelques
grandes villes, principalement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
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Impact croissant de la cocaïne sur la santé publique
Selon
le rapport publié par l’OEDT, davantage d’Européens demandent
aujourd’hui un traitement pour résoudre les problèmes liés à l’usage de
cocaïne. Quelque 10 % des demandes de traitement pour usage de drogue
en Europe sont désormais liées à la consommation de cocaïne, bien que
des différences considérables existent d’un pays à l’autre. Les
pourcentages les plus élevés de demandes de traitement pour usage de
cocaïne sont relevés en Espagne (26 %) et aux Pays-Bas (38 %). Parmi
les nouveaux patients admis en traitement aux Pays-Bas en 2003, les
demandes d’aide pour l’usage de cocaïne étaient plus nombreuses que
celles pour l’usage d’opiacés.
La
mortalité associée à l’usage de cocaïne constitue, selon l’OEDT, un «
problème grave et probablement insuffisamment documenté ». L’usage de
cocaïne est fréquent chez les consommateurs d’opiacés et, dans les cas
d’overdose, cette drogue est généralement décelée en même temps que les
opiacés. La cocaïne joue un « rôle déterminant » dans 10 % environ de
l’ensemble des décès liés à la consommation de drogue (avec une variation
de 1 % à 15 % en fonction du pays), ce qui pourrait, selon le rapport,
représenter à l’échelle de l’UE plusieurs centaines de décès liés à la
cocaïne par an.
Consommation d’ecstasy à la hausse
Les
derniers chiffres des enquêtes révèlent invariablement une tendance à
la hausse de l’utilisation d’ecstasy et d’amphétamines chez les jeunes
adultes dans la plupart des pays de l’UE, explique l’OEDT. Une
consommation importante d’ecstasy a été rapportée pour la première fois
en Europe au cours des années 1990 et l’usage s’est développé
aujourd’hui au point d’égaler, voire de surpasser, celui des
amphétamines dans la plupart des pays.
L’Observatoire
estime à environ 2,6 millions le nombre d’adultes au sein de l’UE qui
ont consommé récemment de l’ecstasy (0,8 % de l’ensemble de la
population adulte). Les enquêtes nationales indiquent qu’entre 0,6 % et
13,6 % des jeunes adultes déclarent avoir expérimenté l’ecstasy et
entre 0,4 % et 6 % en avoir consommé au cours de la dernière année. Les
taux les plus élevés d’usage récent d’ecstasy parmi les jeunes adultes
sont rapportés par l’Estonie (3,7 %), l’Espagne (3,8 %), la République
tchèque (5,9 %) et le Royaume-Uni (6,9 %).
Il
semble cependant que, contrairement à la plupart des autres pays pour
lesquels on dispose d’informations, l’usage d’ecstasy se soit à présent
stabilisé en Allemagne, en Grèce et au Royaume-Uni. C’est au Danemark,
en Estonie et au Royaume-Uni que les taux d’usage récent d’amphétamines
sont les plus élevés parmi les jeunes adultes (estimation d’environ
3%). Le Royaume-Uni est, en revanche, le seul pays au sein de l’UE à
faire état d’une baisse significative de l’usage récent d’amphétamines
dans ce groupe d’âge (15?34 ans). L’Europe reste un centre majeur pour
la production d’ecstasy et d’amphétamines.
De
façon générale, l’Europe reste le principal centre de production
d’ecstasy, bien que son importance relative décline au fur et à mesure
de l’extension de la fabrication d’ecstasy à d’autres parties du monde.
À l’échelle mondiale, la production et les
saisies d’amphétamines restent également concentrées en Europe. En 2003
des laboratoires d’amphétamines ont ainsi été découverts en Belgique,
en Allemagne, en Estonie, en Lituanie, au Luxembourg (à petite
échelle), aux Pays-Bas, en Pologne et au Royaume-Uni.
Préoccupation face à la popularité des hallucinogènes
La
consommation de substances hallucinogènes synthétiques telles que le
LSD reste faible dans toute l’Europe. Le rapport de ce jour dénonce,
par contre, un phénomène relativement courant au sein de la population
scolaire (15?16 ans) : l’expérimentation d’hallucinogènes naturels tels
que les champignons magiques. En 2003, la prévalence de l’usage de
champignon magique au cours de la vie a égalé celle de l’ecstasy en
République tchèque, au Danemark, en Italie, aux Pays-Bas, en Autriche
et en Pologne et l’a même dépassée en Belgique, en Allemagne et en
France.
Plus de 62 millions d’Européens ont expérimenté le cannabis
L’OEDT
estime que plus de 62 millions d’Européens (soit plus de 20% de
l’ensemble de la population adulte) ont déjà goûté au cannabis et 20
millions environ (plus de 6% de l’ensemble de la population adulte)
l’ont utilisé au cours de la dernière année. La catégorie des
utilisateurs récents totalise quelque 9,5 millions d’Européens (soit
pour ainsi dire 4% de l’ensemble de la population adulte). Trois
millions de jeunes adultes, généralement de sexe
masculin, en consomment quotidiennement ou presque quotidiennement.
Le cannabis, consommation presque uniforme en Europe
Depuis
le milieu des années 1990, la tendance européenne prédominante dans
l’usage du cannabis était à la hausse. Le paysage général du cannabis
au sein de l’UE était toutefois inégal, le Royaume-Uni se détachant
historiquement avec les taux de prévalence les plus élevés. Ce n’est
plus le cas aujourd’hui, explique l’OEDT, d’autres pays ayant comblé le
fossé alors que la situation britannique s’est stabilisée depuis 1998.
Les taux d’usage récent de cannabis parmi les jeunes adultes, par
exemple, sont à présent de 17,3 % en Espagne, 19,5 % au Royaume-Uni,
19,7 % en France et 22,1 % en République tchèque (les taux les plus bas
d’usage récent de cannabis parmi les jeunes adultes sont observés en
Grèce, en Suède, en Pologne et au Portugal). L’estimation de la
prévalence de l’usage de cannabis la plus élevée parmi les étudiants de
15?16 ans en Europe, a été rapportée par la République tchèque (44 %)
et la plus élevée au cours du dernier mois, par l’Espagne et la France
(22 %).
Les jeunes consomment plusieurs drogues et non plus une
seule
La
polytoxicomanie est devenue une caractéristique centrale du phénomène
de la drogue en Europe. Le rapport, explique qu’une simple analyse,
spécifique à chaque substance, n’est plus réaliste. Wolfgang Götz,
directeur de l’OEDT, conclut que « l’analyse de l’impact sur la santé
publique de l’usage de la drogue doit tenir compte aujourd’hui de
l’image complexe de l’interaction de la consommation de substances
psychoactives, notamment de l’alcool et du tabac. Le fait de se
focaliser sur les tendances d’une seule substance peut induire en
erreur si l’on ne prend pas en compte l’interaction entre différents
types de drogues. »
Source : Rapport
annuel 2005 de l’Observatoire des drogues de
l’Union européenne. Téléchargeable à partir du site http://annualreport.emcdda.eu.int
Barbara
MUNTANER, avril 2006
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