Cannabis thérapeutique

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Aujourd’hui de nombreux malades fument du cannabis en auto-médication malgré le fait que cela soit illégal…

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vendredi 13 juillet 2007 

Aujourd’hui de nombreux malades fument du cannabis,
pour se libérer de douleurs ou de nausées, pour retrouver l’appétit,
pour se détendre, pour dormir. Beaucoup sont porteurs du VIH. D’autres
sont atteints d’hépatites, de cancer, de sclérose en plaque,
d’arthrite, souffrent de crise d’épilepsie, ou encore d’autres
maladies. Il est clair que le cannabis ne permet pas de soigner
aujourd’hui des affections aussi complexes et qu’il n’est pas efficace
notamment contre le sida, mais il permet à beaucoup de soulager des
effets secondaires, de la maladie ou des traitements.

 

Ses
vertus thérapeutiques ont à tel point été démontrées par leur
utilisation qu’un certain nombre de pays ont fini par faire évoluer
leur législation pour tolérer son utilisation à des fins médicales.

 

C’est le cas par exemple du Canada, de la Suisse, de la Belgique,
des Pays-Bas, de la Grande-Bretagne, mais aussi d’un certain nombre
d’Etats américains (la Californie, l’Arizona, l’Alaska, Hawaï, le
Maine, le Nevada, l’Oregon, Washington), aujourd’hui en conflit avec la
Cour Suprême des Etats-Unis, qui entend faire respecter son
interdiction totale. En France en revanche, la situation paraît
largement bloquée. Mais il nous a semblé utile quand même de faire un
rapide état des lieux, non seulement des indications thérapeutiques ou
des formes d’utilisation (illégales) qui semblent se dégager au fil des
années, mais de la loi française et de la jurisprudence, et des
initiatives associatives qui se font jour.

 

Ce tour d’horizon trop rapide ne remplacera pas ce dont nous avons
besoin : un cadre législatif susceptible de valider l’usage médical du
cannabis au lieu de le rejeter dans l’ombre ; un marché qui nous
garantisse des produits à teneur stable, qui ne soient pas coupés de
toutes sortes de substances ; un contexte qui favorise la recherche et
la formation des médecins à son utilisation rigoureuse. Il n’a pas non
plus pour but de faire sous quelque forme que ce soit la promotion d’un
usage illégal d’une drogue illégale. Mais il est temps de commencer à
faire état des pratiques de bon nombre de malades et des résultats de
bon nombre de chercheurs étrangers. Depuis quinze ans, la liste
d’indications thérapeutiques de cette plante ne cesse de s’étendre.
Notre idée est plutôt de vous aider à établir un dialogue fructueux
avec votre médecin, pour qu’il puisse vous conseiller sur la meilleure
démarche thérapeutique.

 

Les indications thérapeutiques

 

Jusqu’en 1954, le cannabis est considéré comme une plante
médicinale. Il possède des vertus analgésiques (il apaise des
douleurs), anti-spasmodiques (sclérose en plaque), anti-convulsives
(épilepsie), anti-inflammatoires, anti-vomitives, broncho-dilatatrices
(asthme), vasodilatatrices (glaucome), relaxantes et somnifères. Les
dernières recherches le mentionnent comme possible agent thérapeutique
contre des maladies neuro-dégénératives (maladie de Parkinson). Ses
qualités anti-prolifératives ont été démontrées en permettant la
rémission de tumeurs cancéreuses au cerveau. Il n’a aucune activité
antivirale ou antirétrovirale, et ne peut donc pas soigner à proprement
parler le sida, mais il peut améliorer grandement la qualité de vie en
diminuant de manière remarquable les symptômes et/ou les effets
secondaires des traitements lourds.

 

Sa propriété la plus reconnue depuis longtemps est de stimuler
l’appétit, et de redonner plaisir à manger. De nombreuses études
mettent en évidence depuis longtemps un lien entre consommation de
cannabis et augmentation de l’appétit et ce, même à long terme. Il
permet donc de lutter contre la cachexie (une maigreur extrême) et de
favoriser la prise de poids.

 

Les dernières recherches de GW Pharmaceutical (un laboratoire
anglais qui travaille uniquement sur le cannabis thérapeutique) ont
permis de prouver qu’il est possible d’annuler l’effet psychoactif tout
en préservant l’intégralité des effets thérapeutiques. Beaucoup de
personnes ne voulant pas en subir les effets psychoactifs pourraient
quand même bénéficier des effets thérapeutiques. Il ne faut pas croire
que plus on est « stone », plus « cela soigne ».

 

Les contre-indications

 

La plupart des effets du cannabis sont facilement gérables ; aucun
décès n’a été constaté à cause d’un surdosage de cannabis. En théorie,
le rapport entre dose efficace et dose létale est de 1 à 40 000 ;
comparé à l’aspirine, pour laquelle ce rapport est de 1 à 9, cela fait
du cannabis un produit qui pourrait être prescrit par un médecin.

 

Le cannabis peut favoriser cependant des crises d’anxiété ou de
paranoïa pouvant nécessiter dans certains cas (rares) une prise en
charge psychiatrique lourde (on parle de psychose au cannabis).
Précisons bien qu’il y a des périodes de fragilité (dépression, etc.)
où le cannabis peut être plus risqué à utiliser. Il est important,
avant d’envisager un usage thérapeutique régulier, de bien connaître
ces risques afin de les prévenir ou de les minimiser. Toutefois, le
cannabis est souvent aussi utilisé par les usagers de drogues comme
« stimulant de la bonne humeur », et c’est là le paradoxe.

 

Fumé, et à plus forte raison mélangé à du tabac pour le consommer
sous forme de « joint » ou de cigarette, il présente les mêmes types de
risques ou de contre-indications que l’usage du tabac. Il existe des
formes galéniques et /ou des modes de consommation qui permettent de
pallier cet inconvénient (ex : inhalateur qui chauffent le produit sans
le calciner), mais ils ne sont pas toujours accessibles en dehors des
essais thérapeutiques menés par des laboratoires.

 

Galéniques et formes d’utilisation

 

Le cannabis est le plus souvent utilisé sous forme de résine
(haschisch, « shit ») ou de feuilles séchées (« herbe »). Il peut être
fumé, mélangé à du tabac ou non. La pipe permet de fumer du cannabis en
petite quantité sans le mêler à du tabac. Sous forme fumée, le produit
agit très rapidement, pour une durée moyenne, ce qui peut s’avérer
adéquat pour soulager des nausées ou des douleurs.

 

Sous forme ingérée (tisanes, thé, gâteaux), le produit agit plus
lentement mais pour une durée beaucoup plus longue. Attention, les
effets psychotropes sont différents et beaucoup plus puissants à dosage
égal que consommé fumé. Contrairement à la formule fumée, les
hallucinations sont fréquentes, difficiles à gérer et parfois
redoutables.

 

Certaines personnes recourent à des vaporisateurs utilisés en
aromathérapie, mais de façon expérimentale. Ce mode d’administration,
comme celui des spray actuellement développés dans les essais
thérapeutiques, permet d’exploiter toutes les propriétés de la plante,
sans pâtir des problèmes liés à la fumée.

 

Les essais thérapeutiques

 

En France En juin 2001, Bernard Kouchner, alors ministre délégué à
la Santé, annonçait des expérimentations thérapeutiques sur le cannabis
en France. Deux programmes hospitaliers de recherche clinique ont
depuis été attribués au service de médecine interne du centre
Monte-Cristo (Hôpital européen Georges-Pompidou), dirigé par le Pr. Le
Jeune, et au service de neurologie du Pr. Catherine Lubetzki à
l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ces essais sont en cours et sont
toujours ouverts (voir Protocoles 28 qui sortira début mai).

 

En Grande-Bretagne Début mars 2003, le laboratoire britannique GW
Pharmaceuticals et le fabricant d’aérosols français Valois ont annoncé
leur intention de mettre sur le marché anglais, dès la fin de l’année,
le premier médicament à base de cannabis. Ce produit est dans sa
dernière phase d’étude en Angleterre et attend son autorisation de mise
sur le marché. Il s’agit d’un spray sublingual faisant l’objet d’une
dizaine d’essais cliniques.

 

Que dit la loi en France ?

Le cannabis est classé parmi les
stupéfiants depuis la convention de Genève en 1925, il s’agit donc
d’une substance dont l’usage, la cession (le don), l’incitation, la
vente et la production sont interdits. La loi française en matière de
drogue est inspirée des conventions internationales qui classent le
cannabis parmi les substances vénéneuses dépourvues de tout intérêt
médical. C’est pour cette raison que l’utilisation du chanvre à des
fins thérapeutiques reste si difficile en France.

 

Actuellement, la législation française, qui date du 31 décembre
1970, punit l’usage de cannabis de deux mois à un an de prison et
jusqu’à 3 800 euros d’amende, et la cession ou l’offre en vue d’une
consommation personnelle de cinq ans de prison et environ 76 000 euros
d’amende. La cession est également punie par la loi.

 

Se fournir en cannabis en France, au marché noir, ou bien à
l’étranger vous met donc en situation d’illégalité. L’autoproduction
(la culture de plants de cannabis à la maison ou dans votre jardin)
n’est pas non plus autorisée. Au minimum, elle peut vous faire tomber
sous l’accusation d’usage ; si les quantités cultivées paraissent
importantes, vous risquez d’être accusé de trafic.

 

Il faut noter que le trafic est punissable d’une condamnation à la
réclusion criminelle à perpétuité, ce qui place, en droit, la question
des drogues au même niveau que celles du terrorisme et du proxénétisme
(lois d’exception). Ce genre de condamnation peut donc être un motif de
refus de suspension de peine.

 

Enfin, il faut rappeler une mesure législative toute récente, qui
n’est pas sans conséquence pour les personnes faisant usage de cannabis
ou de n’importe quel stupéfiant : en janvier 2003, l’Assemblée
nationale a adopté une loi punissant la conduite automobile « sous
l’influence de stupéfiants » de deux ans de prison et 4500 euros
d’amende. Or il est important de savoir que la consommation de cannabis
peut laisser des traces dans les urines jusqu’à sept semaines.

 

La jurisprudence En mai 2001 le Tribunal administratif de Paris
rejetait une requête déposée par le MLC (Mouvement de Légalisation
Contrôlée), concernant l’importation de dix kilogrammes d’herbe de
cannabis destinés à soulager les douleurs de dix personnes atteintes de
maladies incurables. Le rejet invoquait une incompatibilité avec la
Convention internationale de 1961 qui réprime l’importation de
substances classées comme stupéfiantes, et déniait d’autre part au MLC
la capacité à exercer un « contrôle scientifique et administratif » sur
l’usage de cannabis à des fins médicales.

 

Le 12 septembre 2002, un Marseillais de 50 ans, séropositif depuis
dix-sept ans, a été condamné par le Tribunal correctionnel de sa
juridiction à dix mois de prison avec sursis et cinq ans de mise à
l’épreuve pour avoir cultivé du cannabis. Ses 34 plants ont été saisis
et détruits par la police. Epuisé par un traitement de vingt comprimés
par jour, il fumait tous les deux ou trois jours pour retrouver
l’appétit. Il a fait appel.

 

Le 27 juin 2002, un arrêt qui fait jurisprudence a été rendu par la
Cour d’appel de Papeete, en Polynésie française. Celle-ci a relaxé un
homme de 55 ans, paraplégique, qui confectionnait des tisanes au
cannabis pour calmer ses douleurs. Le Tribunal de Grande Instance
l’avait condamné à six mois de prison pour avoir détenu 305 pieds de
cannabis dans son jardin. Mais la Cour d’appel s’est appuyée sur
l’article 122-7 du code pénal qui spécifie « n’est pas pénalement
responsable la personne qui face à un danger actuel accomplit un acte
nécessaire à la sauvegarde de la personne » pour relaxer sa
« consommation de cannabis […] nécessaire à la sauvegarde de la
santé ».

 

PRISAM (Patients et Réseaux d’Information Sur une Alternative
Médicale) L’association PRISAM milite pour la reconnaissance de l’usage
thérapeutique du cannabis. Son but est de mettre en place un réseau
d’information et d’entraide regroupant patients et médecins. Peuvent en
devenir adhérentEs : les personnes souffrant de maladies, douleurs ou
effets secondaires pour lesquels le cannabis peut être employé, les
membres du corps médical.

 

Son principe est de faire en sorte que les médecins de patients qui
demandent à être soignés avec du cannabis interdit en France les
adressent vers des confrères à l’étranger. Dans les pays où le cannabis
thérapeutique est légal, sa prescription se fait de façon très
prudente, en fonction d’un diagnostic médical précis, et ne peut être
faite que par des professionnels du sujet.

 

Deux réseaux PRISAM existent déjà : l’un, en région Rhône-Alpes,
travaille avec des médecins suisses ; l’autre, en Bretagne, travaille
avec des médecins anglais. Une troisième antenne est en cours de
constitution en Ile-de-France, et ses membres pourront s’adresser à des
médecins belges ou hollandais.

 

Pour plus d’informations, quelques sites web

En français

Sites
militants Collectif d’Information et de Recherche sur le Cannabis
(CIRC) : www.cannabistrot.org/circ/. Ce site est intéressant notamment pour sa revue de presse.

 

Sur www.circ.ch Le CIRC de Lyon vous parle de PRISAM.  Cannabistrot.org : www.cannabistrot.org/amlc/ On y trouve un résumé des études internationales sur le cannabis.

 

Sites de société médicale Association Internationale pour le Cannabis Médical (IACM) : www.cannabis-med.org

 

En anglais

Sites de société médicale International Cannabinoid Research Society (ICRS) http://cannabinoidsociety.org/

 

Site de laboratoire GW Pharmaceutical www.gwpharm.com. Ce site met à disposition des centaines de références d’études en ligne.

 

Sites divers Il s’agit de sites ou d’articles médicaux sur le cannabis thérapeutique : www.ukcia.org www.ukcia.org/medical/webresources.html www.cannatrade.ch

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