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Au volant, l’alcool même
consommé à un taux légal se révèle plus dangereux que le cannabis d’après une étude officielle française! Forcément ça fait tâche dans le discours politique actuel…
Tous les journaux reprennent la récente étude sur le lien entre les accidents mortels et les stupéfiants au volant qui bouscule les idées reçues sur la dangerosité des produits et montre le paradoxe entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas!!
Les conclusions de l’étude sont téléchargeables ici
Source : Revue de presse de la MILDT du 05/12/2005
« Sur la route, l’alcool tue dix fois plus que le joint » titre LIBERATION de samedi qui affirme que depuis deux mois les chercheurs ont « tout entendu » sur leur étude : « obsolète » et « relativisant les dangers du cannabis
», et ce, « sans pouvoir répondre ». Le journal qui détaille la
méthodologie de l’enquête « une énorme machinerie », souligne qu’au
printemps les auteurs ont eu « le bonheur de voir leur enquête – la
première au monde possédant une telle puissance statistique – acceptée
par le prestigieux BMJ. Qui l’a finalement rendue publique vendredi,
déliant du coup ses auteurs du silence que ce type de revue
scientifique impose jusqu’au jour de sa publication ». Indiquant
qu’entre temps les premières conclusions qui circulaient officieusement
ont déclenché une polémique avec « montée au créneau de certains
députés UMP, ministres et toxicologues en pleine croisade antihaschish
et antijeunes », le journal assure « les faits sont têtus, au volant le
cannabis est quatre fois moins dangereux que l’alcool et fait dix fois
moins de morts ». Commentaire du Pr Claude Got qui a coordonné l’étude « il y a une approche scientifique. Elle a été validée par une des meilleures revues au monde ». Le journal qui reprend les grandes lignes de l’étude (voir revue de presse de vendredi), souligne que selon B Laumon, l’un des auteurs de l’étude, « on peut attribuer 2,5% des accidents mortels (…) ( au cannabis) ‘ contre 28,5% » à l’alcool. Toutefois selon le quotidien, même s’il existe un « effet dose
» il est « impossible de traduire les risques en nombre de joints » et
donc de « formuler un message efficace à destination des jeunes ».
Affirmant qu’une campagne de communication doit avoir lieu en 2006 pour
marteler ainsi que le rappellent Didier Jayle, président de la MILDT et
Rémi Heitz que la consommation de cannabis est interdite au volant
comme ailleurs, le quotidien souligne que les contrôles sur la route
nécessitent pour l’instant « un dépistage urinaire lourd » alors que le
test salivaire « n’est pas encore fiable » selon Rémi Heitz.
Libé qui revient sur la typologie de l’enquête observe que les plus
dangereux « ceux qui mélangent fumette et alcool » « sont exclusivement des hommes
» et « qu’ils sont jeunes » sachant que chez les moins de 25 ans un
conducteur sur dix est sous l’influence de cannabis, autant sous
alcool, et 2% sous l’emprise des deux. Par ailleurs d’après le
quotidien 5% des conducteurs de deux roues ont fumé et 10% ont bu et 2%
des conducteurs de poids lourds on fumé du cannabis alors que selon B
Laumon ces derniers « respectent bien la législation sur l’alcool ». Rappelant que Nicolas Sarkozy qualifiait le 20 octobre cette étude « d’approche (qui) (..) ne reflète que très partiellement la sensibilité de cette question », le quotidien souligne que Rémi Heitz « a pris le contre-pied » martelant que l’étude « faisait référence sur la question
». Le journal qui pour conclure revient sur l’étude « très alarmiste »
et « de moindre ampleur » publiée deux jours avant SAM , selon laquelle
des traces de THC actif ou non auraient été trouvées chez 40% des tués
dans un accident de la route, laisse la parole aux chercheurs « cette
étude ne précise pas la part des autres facteurs de risques, souvent
associés au cannabis chez les jeunes, comme alcool, vitesse, état de la
voiture. Si on suit ses conclusions, cela voudrait dire que près de la
moitié des jeunes conduiraient sous influence du cannabis . Soyons
sérieux ! ».
« Alcool et cannabis cocktail mortel au volant » titre LE FIGARO de samedi
qui souligne que « le mélange multiplie le risque d’avoir un accident
mortel par 14 » selon l’étude. Indiquant que c’est « sur fond de
querelle d’experts » que cette étude a été présentée officiellement, le
journal évoque les résultats de l’étude SAM puis ceux de l’étude
pilotée par le Dr Mura, pour relever que les résultats de cette
deuxième étude sont contestés par les auteurs de l’étude SAM, étude
dont Nicolas Sarkozy estimait le 20 octobre dernier qu’elle tendait « à relativiser quelque peu le problème (de l’usage des stupéfiants) ».
Le journal qui détaille les résultats de l’étude SAM , précise qu’elle
« démontre que conduire sous l’effet du cannabis double en moyenne le
risque d’être responsable d’un accident mortel. Un danger moindre que
la consommation d’alcool qui multiplie le risque d’avoir un accident
mortel par 8,5 » sachant de plus que « le cocktail alcool cannabis
effectif chez 40% des conducteurs positifs au cannabis (…) multiplie le
péril par 14 ». D’après le journal, l’étude SAM renforce pour Rémi
Heitz « la nécessité d’une politique énergique et déterminée en matière
de stupéfiants » et il a indiqué qu’une « expérimentation grandeur
nature avec des tests salivaires devrait être réalisée prochainement »
de même qu’une campagne de communication serait lancée en 2006.
« Pétard au volant mort au tournant » c’est le titre de FRANCE SOIR de samedi
qui relève que « le cannabis multiplie par deux le risque de provoquer
un drame ». Le journal souligne que pendant longtemps l’absence d’étude
exhaustive avait semé le doute sur les dangers du cannabis au volant,
certains acquittant le produit, d’autres le diabolisant. Un
scientifique se félicite aujourd’hui « ces idéologues de tous bords en sont pour leurs frais(…) nous avons la preuve qu’ils se trompaient ».
Le journal qui résume ainsi les conclusions de l’étude « le cannabis
c’est dangereux, mais boire et conduire l’est encore plus », revient
sur les grandes lignes de cette enquête dont Didier Jayle précise « c’est l’enquête de référence qu’attendaient les pouvoirs publics
». Commentaire du quotidien « saluée par les autorités comme par les
experts l’étude SAM met à mal l’alarmisme de travaux récents ».
A noter dans le même journal une interview de Claude Got, spécialiste de santé publique qui explique les distorsions entre les deux études par le fait que le Dr Mura « est peut être l’un des meilleurs toxicologues mais il n’est pas épidémiologiste » son travail relevant de « l’affirmation » et étant « sans fondement scientifique
». Il souligne qu’à aucun moment il ne précise si les traces de
cannabis trouvées dans le sang des tués de la route sont des traces de
THC , principe actif du cannabis, ou de THC-COH qui « reste plusieurs jours dans le sang ». Selon lui « la différence est importante » car « la présence de THC -COH (…) n’est pas un marqueur d’accident » sachant que « le conducteur n’est plus sous l’emprise du cannabis ». Le Pr Got souligne à propos de l’étude SAM que «
c’est la première fois au monde qu’une étude d’une telle ampleur permet
de montrer qu’il y a un lien de causalité entre le principe actif du
cannabis et le risque d’accident » . Il juge que les pouvoirs
publics pourront s’appuyer sur cette étude pour justifier leur campagne
de communication sur le cannabis mais qu’il faudra " revoir la prévention concernant l’alcool" qui « même consommé à un taux légal ( …) est plus dangereux que le cannabis ».
D’après LE MONDE de dimanche lundi « L’usage cumulé de cannabis et
d’alcool au volant multiplie par 14 le risque d’accident mortel ».
Le journal qui revient sur les résultats de l’étude, souligne que lors
de sa présentation le Pr Got a rappelé qu’elle avait été commandée par
les pouvoirs publics en 1999 « afin de déterminer dans quelle mesure il
convenait de pénaliser ou non la conduite sous l’emprise de cannabis »
avec cette précision que « sans attendre ses résultats une loi créant
une infraction spécifique de conduite sous l’emprise de stupéfiants (…)
a été adoptée le 3 février 2003 sur proposition du député Richard
Dell’Agnola(UMP) ». Selon le Pr Got « à partir de là on a vu se
mélanger querelles d’experts et arguments idéologiques. D’un côté on
avait le déni (…) de l’autre on avait le discours selon lequel le
cannabis était le plus dangereux des produits». Affirmant que Rémi Heitz a « conforté les orientations des pouvoirs publics » en déclarant « avec 3% des conducteurs ayant pris du cannabis, rapportés aux millions de conducteurs nous sommes face à un phénomène de masse
» tout en rappelant que contrairement à l’alcool le cannabis restait un
produit interdit, le journal estime que la question du cannabis «
devrait encore faire débat au sein du gouvernement » puisque Nicolas
Sarkozy souhaite réformer la loi de 1970 sur les stupéfiants. Didier
Jayle réagit « je n’ai pas été saisi par le premier ministre d’une demande de remise en chantier de la loi de 1970 ».
Sous le titre « Un jeune sur cinq conduit sous cannabis ou sous alcool » LA CROIX de lundi
reprend les grandes lignes de l’étude, pour noter que « tout en mettant
en évidence le risque lié à la consommation de cannabis au volant,
cette étude souligne toutefois que ce risque est « sans commune mesure » avec celui de l’alcool ».
L’HUMANITE de lundi qui relève que « 2,5% des accidents mortels » sont imputables à la conduite sous influence de cannabis et « 28,6% » à celle sous alcool, voit là de quoi « désenfler l’argumentaire sarkozyste
qui pour accentuer la répression pénale contre les stupéfiants et
justifier ses descentes musclées dans les banlieues explique que le
cannabis provoque une hécatombe chez les jeunes ».
Source : Revue de presse de la MILDT du 02/12/2005
Etude publiée au British Medical Journal
D’après l’AFP, une étude publiée aujourd’hui au British Medical Journal
« entend mettre un terme » aux « querelles d’experts » concernant la
dangerosité du cannabis au volant « qui cachent souvent des arrières
pensées idéologiques ».
Didier Jayle, président de la MIDT, se félicite « c’est l’enquête de référence qu’attendaient les pouvoirs publics. Sa force c’est son exhaustivité ».
L’agence qui explique que pendant deux ans les chercheurs de l’Inrets
(Institut de recherche sur les transports) et de l’OFDT ont disséqué
tous les accidents mortels en France, précise qu’il ressort de l’étude « Stupéfiants et accidents mortels »
(SAM ) que le cannabis multiplie par deux le risque d’être responsable
d’un accident de la route et que 2,5% des accidents lui sont imputables
contre plus du quart pour l’alcool. Indiquant que ces dernières
années de nombreuses études aux résultats souvent « effrayants » ont
été publiées dont une affirmant qu’un conducteur sur trois de moins de
27 ans était sous l’influence du cannabis en Alsace, et une autre du Dr
Mura présentant un taux de 20%, l’agence rappelle que ces travaux
qualifiés de « pseudo scientifiques » par le Pr de santé
publique Got avaient incité en 2003 les parlementaires à punir de deux
ans d’emprisonnement et de 4500 euros d’amende la conduite sous
l’emprise de stupéfiants.
L’agence qui évoque l’étude récente du Dr Mura concluant que 40% des
jeunes de moins de 30 ans tués au volant ont fumé du cannabis (voir revue de presse du 30 novembre),
relève que selon les détracteurs de cette étude, ce taux inclut les
conducteurs non responsables de l’accident et ceux qui ayant fumé
plusieurs jours avant, avaient gardé des traces de cannabis qui n’était
plus actif. Un haut responsable ministériel déclare « Je ne vois
pas très bien pourquoi certains s’obstinent à donner des chiffres
alarmistes et extravagants quand 200 morts par ans (chiffres SAM)
justifient une politique » en matière de sécurité routière.
Dans une deuxième dépêche l’AFP qui reprend les grandes lignes de l’étude, note que conduire
sous l’emprise de cannabis double le risque d’être responsable d’un
accident de la route mortel, un ratio très inférieur à l’alcool qui
multiplie ce risque en moyenne par 8,5. D’après l’étude, le
cannabis coûte chaque année la vie à 200 personnes dont la moitié ont
moins de 25 ans et il est responsable d’environ 2,5% des accidents
mortels quand l’alcool est responsable de près du quart de ces
accidents (près de 2000 morts). L’agence précise que même consommé
modérément, en dessous du seuil légal de 0,5 g/l, l’alcool tue autant
que le cannabis. Didier Jayle commente « Cette étude confirme que
l’alcool a une responsabilité considérable. Son autre gros apport (est)
que pour la première fois (une étude) montre, sans doute possible,
qu’il y a un risque lié au cannabis, même si ce risque est moins élevé
que ce qu’on pensait » et il poursuit « ce risque augmente avec la dose et concerne principalement les jeunes
». L’agence explique qu’une concentration de 0 à 1 nanogramme par
millilitre de sang de principe actif (THC) multiplie le risque par 1,9
quand une dose de 5 ng/ml fait passer ce taux multiplicateur à 3,1,
sachant toutefois que cet « effet dose » est très inférieur à celui de
l’alcool avec un risque multiplié par 2,7 au taux légal, par 7 entre
0,8 et 1,2 g/l et par 40 au dessus de 2 g/l. Indiquant que les auteurs
de l’étude démontrent aussi l’effet multiplicateur de la consommation
conjointe d’alcool et de cannabis, l’agence relève par ailleurs que la
proportion des personnes conduisant sous cannabis est la même que celle
de ceux qui ont plus de 0,5 g/l d’alcool dans le sang (3%). L’AFP qui
observe que cette enquête commandée par les pouvoirs publics a étudié
l’ensemble des accidents mortels de la route en France du 1er octobre
2001 au 30 septembre 2003, souligne que la publication au BMJ « offre
une incontestable caution scientifique à ce travail qui relativise
grandement l’alarmisme des travaux récents ».
Trois questions à Bernard Laumon, l’un des responsables de l’étude.
Quand l’AFP souligne que selon l’étude, conduire sous cannabis concerne
surtout les jeunes, il répond qu’en population générale 3% conduisent
sous cannabis mais que ce pourcentage atteint « plus de 10 % parmi les moins de 25 ans », sachant que parmi eux « 2 à 3% conduisent après avoir mélangé alcool et cannabis ». Il fait observer que «
les moins de 25 ans représentent la moitié des victimes imputables au
cannabis, cette proportion ét(ant) d’un quart pour tous les autres
accidents ». Interrogé sur les « distorsions apparentes » entre
l’étude SAM et l’étude récente qui évoque la présence de cannabis chez
40% des moins de 30 ans morts dans un accident de la route, B. Laumon
explique que « si on enlève des 40% ceux qui avaient fumé du cannabis mais n’étaient plus sous son influence, le taux passe sous les 30% » sachant que « parmi eux il y avait aussi ceux qui étaient sous cannabis mais n’étaient pas responsables de l’accident
». Et d’interroger sur les autres facteurs de risque qu’ils cumulaient
en même temps (ébriété, vitesse, ceinture, voiture en mauvais état,
conducteurs novices). Soulignant que parmi ces moins de 30 ans décédés
sous cannabis « 55% étaient aussi sous alcool », le chercheur déplore « en l’oubliant on impute au cannabis ce qu’il faudrait aussi prêter à l’alcool
». A l’AFP qui relève que selon certains, une augmentation de la
consommation de cannabis aurait rendu obsolète l’étude SAM réalisée
entre 2001 et 2003, il répond « le BMJ n’a pas l’habitude de publier des études obsolètes » et il s’étonne « comme ça brutalement, dès la fin de notre étude la consommation de cannabis aurait explosé ? » pour ajouter « certains
évoquent une augmentation spectaculaire des accidents dus au cannabis
en juillet et août 2004. Il me semble difficile de tirer des
conclusions sérieuses sur deux mois ».
Voici donc les articles de l’AFP, de Libération, de la Croix, de 20minutes, du Nouvel Observateur, du Figaro et du Monde sur ce sujet :
Pubdate: lundi 3 octobre 2005
Source: AFP Infos Françaises
Copyright: © AFP (Association France Presse)
contact: http://www.afp.com/francais/afp/?cat=contact
Website: http://www.afp.com
Le cannabis au volant c’est mal, boire et conduire c’est pire
Par Nicolas GAUDICHET
PARIS – Un conducteur sous l’emprise du *cannabis* est deux fois plus
susceptible de provoquer un accident mortel qu’un automobiliste à jeun,
mais ce risque accru reste inférieur à celui induit par l’alcool, même
consommé dans les limites autorisées par la loi.
C’est l’enseignement majeur d’une étude épidémiologique, dont l’AFP a
obtenu les principaux résultats, qui a consisté à traiter les analyses
toxicologiques de tous les conducteurs, décédés ou non, et impliqués
dans l’ensemble des accidents mortels de la route entre le 30 septembre
2001 et le 1er octobre 2003.
Cette enquête "Stupéfiants et accidents mortels de la circulation
routière" (SAM), menée par l’Inrets (Institut national de recherche sur
les transports et leur sécurité) et coordonnée par l’OFDT (Observatoire
français des Drogues et des toxicomanies), est la première dans le monde
à offrir une évaluation précise du risque "cannabis au volant".
Elle a permis d’examiner 17.000 dossiers dont un peu plus de 10.700 se
sont avérés exploitables.
Un conducteur qui a fumé du haschisch a près de deux fois (1,8) plus de
chance d’être responsable d’un accident mortel.
Toujours supérieur, le risque alcool augmente très rapidement en
fonction de la quantité absorbée: ainsi de 2,7 entre 0 et 0,5 gramme par
litre dans le sang, il est multiplié par 7 entre 0,8 et 1,2 g/l et par
40 au dessus de 2 g/l. Tous niveaux d’alcoolémie confondus, le facteur
de "sur-risque" de provoquer un accident mortel est de 8,5.
Durant la période d’enquête, la part des accidents mortels directement
imputables au *cannabis* est de 2,4% environ (quelque 170 décès); celle
de l’alcool est de 28,5% (1.940 morts). Même consommé modérément (moins
de 0,5 g), l’alcool a plus tué que le *cannabis* (3,3%).
*Problème politique
*
Cependant, selon l’étude, le *cannabis* tue plus que l’alcool dans la
catégorie spécifique des hommes de moins de 25 ans.
Près de 3% des conducteurs circulant sur les routes françaises sont
positifs au *cannabis*, une proportion équivalente à celle de l’alcool.
Les auteurs de l’étude ont également calculé la "vulnérabilité" des
consommateurs de *cannabis* et d’alcool. Ils ont voulu savoir si fumer
du haschisch ou boire accroissait le risque de mourir dans un accident,
même si on n’en est pas responsable, en suscitant des conduites à
risques comme le non-port de la ceinture. Et c’est le cas: 50 morts par
an pour le *cannabis*, 330 pour l’alcool.
L’étude n’est pas concluante pour les autres substances illicites,
amphétamines, cocaïne, opiacés.
L’enquête SAM "renvoie dos à dos tous les idéologues, ceux qui
affirmaient, sans preuve, que le *cannabis* au volant n’était pas
dangereux, comme ceux qui criaient au loup pour mettre de l’eau au
moulin de leur combat contre le *cannabis*", selon un médecin.
Cette étude, prévue par la loi Gayssot de 1999 et très attendue, a été
achevée au printemps mais ses modalités de parution ont fait l’objet
tout l’été de tractations entre scientifiques et politiques.
Aussi irréprochables soient-ils sur un plan scientifique, les résultats
de l’enquête SAM risquent de poser un problème politique : l’alcool même
consommé à un taux légal se révèle plus dangereux que le *cannabis*,
produit illicite, dont l’usage au volant est sanctionné par la loi du 3
février 2003, qui prévoit une peine de deux ans d’emprisonnement et
4.500 euros d’amende.
Dans les faits, les contrôles préventifs sont rares. Aucune méthode
fiable ne permet de déterminer avec précision le niveau et la date de
consommation de haschisch.
Pubdate: lundi 3 octobre 2005
Source: Libération (France)
Copyright: © SA Libération
Website: http://www.libe.fr/
*Drogues au volant: Matignon tousse*
Le gouvernement gêné par une étude relativisant le danger du *cannabis*
par rapport à l’alcool.
ECOIFFIER Matthieu
C’est un pétard mouillé qui contrarie le gouvernement et sa majorité.
Les conclusions de la première enquête épidémiologique sur le lien entre
usage de drogues et accidents de la route, dont Libération a eu
connaissance, provoquent depuis quelques semaines le plus grand embarras
en haut lieu. La dangerosité du *cannabis* au volant, si elle est bien
réelle, est bien moins importante que celle de l’alcool. Selon nos
informations, cette étude, baptisée SAM (sécurité routière et accident
mortels), confirme d’abord le rôle écrasant de l’alcool dans les
accidents de la route. En revanche, le risque d’être responsable d’un
accident mortel sous l’emprise du seul *cannabis* est faible, mais pas
nul. Ce risque n’est en tout cas pas plus élevé que celui engendré par
un conducteur avec un taux d’alcoolémie entre 0,2 et 0,5 gramme par
litre de sang.
L’ennui c’est que la loi, adoptée le 3 janvier 2003 par des députés de
droite en pleine croisade antijoint, tolère un risque d’accident mortel
multiplié par 2 avec une alcoolémie allant jusqu’à 0,5 gramme mais
qu’avec le *cannabis* (et un risque qui se trouve multiplié entre 1,8 et
2,2 fois), la tolérance est nulle : fumer un pétard au volant est puni
de deux ans de prison.
*L’embarras du ministre des Transports*
Lors de la présentation de ces conclusions, le 1er juillet 2005 au
dernier comité interministériel de la sécurité routière (CISR),
Dominique Perben, le nouveau ministre des Transports, n’a pas caché son
embarras.«Il voulait en faire un cheval de bataille contre le
*cannabis*, raconte un proche du dossier. Or l’enquête montre que le
gouvernement a mis la charrue avant les boeufs : ils auraient dû
attendre les résultats avant de légiférer.» Ni Nicolas Sarkozy ni
Dominique Perben ni Xavier Bertrand (c’est la direction générale de la
Santé qui a déboursé les 533 571 euros de l’enquête), ne sont désormais
candidats pour porter politiquement cette patate chaude. Et le Premier
ministre lui-même devrait se mordre la langue : le 24 janvier, Dominique
de Villepin, alors ministre de l’Intérieur, affirmait que «17 % des
accidents mortels (étaient) liés à l’usage des stupéfiants». «Ces
chiffres sont faux, note un expert. Ils sont ceux du lobby des
toxicologues intéressés par le marché des tests de dépistage. Ministres
et députés ont raconté tellement de conneries depuis deux ans qu’ils
sont bien ennuyés.» A l’Assemblée nationale, lors du vote de la loi
Dell’Agnola, la droite avait dénoncé le laxisme d’une «gauche
hallucinogène qui a fait croire que seul l’alcool est dangereux». «La
*drogue* au volant est responsable de plus de morts que les excès de
vitesse», avait-on entendu.
*Une première mondiale
*
Des déclarations aujourd’hui contredites par cette enquête, malgré les
pressions que les auteurs ont subies depuis cinq mois pour que leurs
conclusions collent avec la ligne gouvernementale. Pilotés par l’équipe
de Bernard Laumon de l’Inrets (Institut national de recherche sur les
transports et leur sécurité) et coordonnée par l’Observatoire français
des drogues et des toxicomanies (OFDT), ces travaux ont été lancés en
octobre 2001 dans le cadre de la loi Gayssot. Pour ne pas légiférer sans
avoir d’abord déterminé des seuils de risque réel liés à une
consommation de *cannabis*, le gouvernement Jospin avait autorisé les
chercheurs à faire des tests de dépistage de stupéfiants sur les
personnes impliquées dans les accidents mortels les médicaments,
pourtant souvent responsables d’endormissement au volant, avaient été
écartés de l’étude à la suite du lobbying intense des laboratoires. Des
prélèvements urinaires ont été effectués. Lorsqu’ils se révélaient
positifs à la présence de *drogue*, ils étaient doublés d’une prise de
sang. Les procès verbaux ont tous été décortiqués pour déterminer les
responsabilités de chacun. Et l’ensemble de ces données a été croisé et
comparé avec un groupe témoin d’accidentés sans *drogue* dans le sang.
Une énorme machinerie.
Après plus de trois ans de travail, un échantillon de 10 000 accidents a
été réuni. Qui, en raison de problèmes de fiabilité, a finalement été
ramené à 8 000, chiffre considérable qui fait de cette étude une
première mondiale. Résultat : si l’on rapporte les seuils de risque
obtenus au total annuel de tués sur la route, à plus de 0,5 gramme,
l’alcool serait responsable de 2 000 morts, la vitesse de 2 000 autres
et le *cannabis* de 220. Ce n’est pas rien, 220, mais c’est grosso modo
le chiffre de tués attribué à ceux qui conduisent avec entre 0,2 et 0,5
gramme d’alcool dans le sang. Sauf que les moins de 25 ans sont
surreprésentés.
Epidémiologistes et accidentologues ont aussi réussi à mettre en
évidence, pour la première fois, une relation effet-dose : au volant, le
*cannabis* fait chuter la vigilance et est fortement déconseillé car
plus on fume, plus le risque d’avoir un accident mortel augmente. Moins
rapidement toutefois qu’avec l’alcool et dans des proportions bien moindres.
*Un plan pour amortir l’impact politique
*
Au gouvernement, on se prépare à insister lourdement sur ces deux
arguments. Les députés antijoint auront beau jeu de brandir le principe
de précaution et de rappeler que, de toute façon, le *cannabis* est une
*drogue* illicite et interdite et que l’alcool, lui, est en vente libre.
N’empêche, au regard du risque réel, il y a deux poids deux mesures.
Au gouvernement, la gêne est palpable face à des résultats qui rendent
incohérent l’arsenal répressif en vigueur. Le plan de communication
adopté après moult atermoiements en témoigne : pour amortir l’impact
politique de cette étude, il a été décidé d’en confier l’explication aux
seuls auteurs. Afin d’asseoir sa crédibilité, il avait été décidé au
printemps de la soumettre au comité de lecture du British Medical
Journal, l’une des plus prestigieuses revues scientifiques. «Nous
l’avons acceptée, mais la publication n’est pas prévue avant plusieurs
semaines», indique-t-on au BMJ. Difficile dans ces conditions de
contrôler la date de publication de l’étude. Mais aussi de mettre en
doute la solidité de ses résultats.
LA CROIX annonce à son tour en brève que « Le cannabis au volant serait moins dangereux que l’alcool ».
Le journal souligne que selon une étude épidémiologique ayant porté sur
17 000 dossiers d’accidents mortels de la route, « l’alcool tue
davantage que le cannabis » puisque 2,4% des accidents mortels étudiés
étaient imputables au cannabis contre 28,5% pour l’alcool. Indiquant
que si un conducteur a deux fois plus de risque de provoquer un
accident mortel quand il a fumé du haschisch, ce risque monte à 8, 5
lorsqu’il a bu, le quotidien observe que cette étude est la première à
évaluer précisément le risque du cannabis au volant .
« L’alcool au volant tue, le joint aussi, mais moins » titre 20 MINUTES
qui souligne que « le principal enseignement » tiré de cette étude est
« qu’un conducteur sous l’emprise du cannabis est deux fois plus
susceptible de provoquer un accident mortel qu’un automobiliste à jeun,
ce risque (restant) néanmoins très inférieur à celui induit par
l’alcool ». Le journal précise que « même consommé dans les normes
légales, l’alcool a plus tué que le cannabis (3,3%) ». Commentaire du
gratuit « l’enquête met en lumière un paradoxe : l’alcool légal se
révèle plus dangereux que le cannabis, illicite, dont l’usage au volant
est sanctionné par deux ans de prison et 4500 euros d’amende ».
Pubdate: lundi 3 octobre 2005
Source: NouvelObs.com (France)
Copyright: © Le Nouvel Observateur
Website: NouvelObs.com
AUTOMOBILE
*L’alcool plus dangereux que le ***cannabis
***Le risque accru pour un automobiliste sous l’emprise du *cannabis* de
provoquer un accident mortel demeure inférieur à celui que l’alcool peut
induire, même consommé dans les limites légales.
*
Le risque de provoquer un accident mortel est deux fois plus élevé quand
le conducteur est sous l’emprise du *cannabis* que lorsqu’il est à jeun
selon une étude de l’OFDT. Pour autant ce risque accru est inférieur à
celui induit par la consommation d’alcool, même dans les limites
autorisées par la loi. C’est ce que révèle une étude épidémiologique
intitulée "Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière"
(SAM), et menée par l’Inrets (Institut national de recherche sur les
transports et leur sécurité) et coordonnée par l’OFDT (Observatoire
français des Drogues et des toxicomanies). Elle a consisté à traiter les
analyses toxicologiques de tous les conducteurs, décédés ou non, et
impliqués dans l’ensemble des accidents mortels de la route entre le 30
septembre 2001 et le 1er octobre 2003.
L’alcool a plus tué que le *cannabis
*
Cette enquête est la première dans le monde à fournir une estimation
précise du risque "*cannabis* au volant". 17.000 dossiers dont un peu
plus de 10.700 se sont révélés exploitables. Un conducteur qui a fumé du
haschisch a environ deux fois (1,8) plus de chance d’être responsable
d’un accident mortel. Supérieur, le risque alcool augmente très
rapidement en fonction de la quantité absorbée ; par exemple, ce risque
augmente de 2,7 entre 0 et 0,5 gramme par litre dans le sang, il est
multiplié par 7 entre 0,8 et 1,2 g/l et par 40 au dessus de 2 g/l. Tous
niveaux d’alcoolémie confondus, le facteur de "sur-risque" de provoquer
un accident mortel est de 8,5.Durant la période d’enquête, la part des
accidents mortels directement imputables au *cannabis* est de 2,4%
environ (quelque 170 décès); 28,5% (1.940 morts) des accidents mortels
seraient directement liés à l’alcool. Même consommé modérément (moins de
0,5 g), l’alcool a d’avantage tué que le *cannabis* (3,3%). Cela dit,
l’étude révèle que le *cannabis* tue plus que l’alcool pour une
catégorie particulière : les hommes de moins de 25 ans.Près de 3% des
conducteurs qui empruntent les routes françaises sont positifs au
*cannabis*, une proportion équivalente à celle de l’alcool.
*Cannabis* et alcool sources de comportements à risque
Les auteurs de l’étude ont également calculé la "vulnérabilité" des
consommateurs de *cannabis* et d’alcool. Ils ont voulu savoir si fumer
du haschisch ou boire augmentait le risque de mourir dans un accident,
qu’on en soit responsable ou non, en induisant des conduites à risques
comme le non-port de la ceinture. L’étude révèle que c’est effectivement
le cas: 50 morts par an pour le *cannabis*, 330 pour l’alcool.L’étude ne
permet de tirer aucune conclusion allant dans ce sens pour ce qui est
des drogues illicites, amphétamines, cocaïne, opiacés.L’enquête SAM
"renvoie dos à dos tous les idéologues, ceux qui affirmaient, sans
preuve, que le *cannabis* au volant n’était pas dangereux, comme ceux
qui criaient au loup pour mettre de l’eau au moulin de leur combat
contre le *cannabis*", selon un médecin.Cette étude, prévue par la loi
Gayssot de 1999 et très attendue, a pris fin au printemps mais ses
modalités de parution ont fait l’objet tout l’été de tractations entre
scientifiques et politiques.
Risque de problèmes politiques
Aussi irréprochables soient-ils sur un plan scientifique, les résultats
de l’enquête SAM risquent de poser un problème politique : l’alcool même
consommé à un taux légal s’avère plus dangereux que le *cannabis*,
produit illicite, dont l’usage au volant est sanctionné par la loi du 3
février 2003, qui prévoit une peine de deux ans d’emprisonnement et
4.500 euros d’amende. Dans les faits, les contrôles préventifs sont
rares. Aucune méthode fiable ne permet de déterminer avec précision le
niveau et la date de consommation de haschisch.
Source: Le Figaro (France)
Copyright: © Le Figaro
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*L’alcool plus risqué que le ***cannabis* au volant*
Delphine Chayet
*Sécurité routière Une étude scientifique bouscule quelques idées
reçues. Le gouvernement réaffirme sa volonté de rigueur.
*
LA LUTTE contre le *cannabis* au volant restera une préoccupation du
gouvernement. Les conclusions inattendues de l’enquête Sécurité routière
et accidents mortels, dite SAM, «ne remettent pas en question les
efforts que nous déployons depuis deux ans», a assuré hier le délégué
interministériel à la sécurité routière, Rémy Heitz. Le risque, pour un
conducteur ayant fumé du *cannabis*, de provoquer un accident de la
circulation est moins important que celui induit par l’alcool, même
consommé dans les limites autorisées par la loi.
Ce résultat surprenant a été obtenu par les chercheurs de l’Inrets (1),
après avoir recherché et comparé les substances contenues dans le sang
des conducteurs impliqués dans un accident mortel entre 2001 et 2003.
Cette enquête confirme néanmoins que le risque d’avoir un accident après
avoir fumé un «joint» est deux fois plus élevé qu’à jeun. En outre, le
*cannabis* a un effet dévastateur chez les hommes de moins de 25 ans.
«Dans cette catégorie, cette *drogue* tue plus que l’alcool, précise
Rémy Heitz. Notre but est de gagner des vies partout où c’est possible :
prévention et répression seront donc renforcées.» La conduite sous
l’emprise de stupéfiants est fermement sanctionnée (deux ans de prison
et 45 000 euros d’amende) depuis le vote de la loi du 3 février 2003.
Dans la foulée, une montée en puissance des dépistages a été organisée
sur les routes de France.
Trois mille contrôles avaient été réalisés en 2003 ; ils furent 12 000,
puis 15 900 les années suivantes. L’an dernier, 2 217 infractions ont
été constatées. Dans le même temps, les contrôles d’alcoolémie ont eux
aussi progressé : 10 millions en 2004 contre 9,6 l’année précédente.
Mais la détection des stupéfiants s’est avérée coûteuse et
contraignante, le test urinaire étant seul autorisé par la loi. Et
l’homologation des tests salivaires – que le ministère souhaite fiables
et bon marché – n’aboutira pas avant l’an prochain. L’étude SAM ne sera
publiée que dans plusieurs semaines dans la revue scientifique British
Medical Journal.
Déjà, elle a fait naître une controverse. Les partisans de l’indulgence
y voient la preuve que la lutte menée par le gouvernement contre le
*cannabis* est disproportionnée. L’association Marilou – qui milite pour
la répression du *cannabis* au volant – a, de son côté, mis en garde
hier contre toute «interprétation hâtive» de ces premiers éléments.
«Les chercheurs ont fixé un seuil de 1 nanogramme de THC (la substance
active du *cannabis*), regrette la présidente de l’association, Nadine
Poinsot. De nombreux consommateurs ont ainsi échappé à l’étude. Ce,
d’autant que ce taux chute dans le temps qui s’écoule entre l’accident
et les prélèvements.» Le débat est loin d’être clos.
Pascal Kintz, toxicologue, déplore d’ailleurs «que la France en soit
encore à contester la nocivité du *cannabis* alors que tous les pays
européens contrôlent activement et punissent la consommation de *drogue*
au volant depuis des années». (1) Institut national de recherche sur les
transports et leur sécurité.
Pubdate: mercredi 5 octobre 2005
Source: Le Monde (France)
Copyright: © Le Monde
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L’alcool, loin devant le cannabis, est le facteur le plus dangereux
dans les accidents mortels de la route
Cécile Prieur (avec AFP)
UN CONDUCTEUR ayant fumé du *cannabis* est près de deux fois (1,8) plus
susceptible de provoquer un accident mortel qu’un automobiliste à jeun.
Mais ce risque accru reste très inférieur à celui induit par l’alcool
(8,5), même consommé dans les limites autorisées par la loi.
C’est l’enseignement majeur de l’enquête " Stupéfiants et accidents
mortels de la circulation routière » (SAM), menée par l’Institut
national de recherche sur les transports et la sécurité (Inrets) et
coordonnée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies
(OFDT).
Première étude épidémiologique au monde à évaluer le risque /"*cannabis*
au volant"/, l’enquête SAM a consisté à traiter les analyses
toxicologiques de tous les conducteurs, décédés ou non, impliqués dans
l’ensemble des accidents de la route mortels survenus entre le 30
septembre 2001 et le 1er octobre 2003. Elle a permis d’examiner 17 000
dossiers dont un peu plus de 10 700 se sont avérés exploitables.
Dans cette période d’enquête, la part des accidents mortels de la route
directement attribuable au *cannabis* est d’environ 2,4 % (soit quelque
170 décès) quand celle de l’alcool est de 28,5 % (1 940 décès).
Même consommé modérément, dans la limite du seuil légal de 0,5 gramme
par litre dans le sang au-delà duquel il est interdit de conduire,
l’alcool est plus souvent que le *cannabis* à l’origine d’un accident
mortel (3,3).
Le risque alcool augmente ainsi très rapidement en fonction de la
quantité absorbée : de 2,7, entre 0 et 0,5 gramme par litre dans le
sang, il est multiplié par 7 entre 0,8 et 1,2 g/l et par 40 au-dessus de
2 g/l. Tous niveaux d’alcoolémie confondus, le " surrisque » de
provoquer un accident mortel est ainsi estimé à 8,5.
Selon l’enquête, près de 3 % des conducteurs circulant sur les routes
françaises sont positifs au *cannabis*, une proportion équivalente à
celle de l’alcool. L’étude SAM a cependant identifié que,
proportionnellement, le *cannabis* tue plus que l’alcool dans la
catégorie spécifique des personnes de 18 à 24 ans de sexe masculin.
Enfin, les auteurs de l’étude ont estimé la /" vulnérabilité »/ des
consommateurs de *cannabis* et d’alcool, en calculant le risque accru
d’être victime d’un accident mortel, par des conduites à risques comme
le non-port de la ceinture : selon leurs estimations, cette
vulnérabilité a induit 50 morts par an pour le *cannabis* et 330 pour
l’alcool. L’étude n’est pas concluante pour les autres substances
illicites, comme les amphétamines, la cocaïne et les opiacés.
Prévue par la loi Gayssot de 1999 et très attendue, l’enquête SAM a été
achevée au printemps, mais ses modalités de parution ont fait l’objet
tout l’été de tractations entre scientifiques et politiques.
En nuançant le risque *cannabis* par rapport au risque alcool, l’étude
SAM vient en effet quelque peu troubler les options gouvernementales en
matière de sécurité routière : depuis la loi du 3 février 2003, l’usage
du *cannabis* au volant, produit illicite, est sanctionné par une peine
de deux ans d’emprisonnement et 4 500 euros d’amende.
Pubdate: jeudi 6 octobre 2005
Source: Le Monde (France)
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*Selon une étude, au volant, le ***cannabis* s’avère moins dangereux que
l’alcool*
Les conducteurs sous l’emprise de la *drogue* ont cependant deux fois
plus de risques d’avoir un accident mortel que ceux à jeun
Cécile Prieur
CONDUIRE sous l’emprise du *cannabis* induit un risque accru d’avoir un
accident mortel, mais dans une proportion bien moindre que sous l’effet
de l’alcool. C’est le principal enseignement d’une étude épidémiologique
de vaste ampleur intitulée « Stupéfiants et accidents mortels de la
circulation routière » (SAM), dont les éléments de conclusion ont été
rendus publics, mardi 4 octobre.
Menée par Bernard Laumon, chercheur à l’Institut national de recherche
sur les transports et leur sécurité (Inrets), et coordonnée par l’Office
français des drogues et des toxicomanies (OFDT), l’enquête SAM démontre
que si les conducteurs sous l’influence du *cannabis* ont 1,8 fois plus
de risques d’être responsables d’un accident mortel que les conducteurs
à jeun, ce « sur-risque » est toujours beaucoup moins important que pour
les conducteurs ayant absorbé de l’alcool (8,5) même dans les limites
autorisées par la loi, soit moins de 0,5 gramme par litre de sang (2,7).
Prévue par la loi Gayssot sur la sécurité routière du 18 juin 1999,
l’enquête SAM comble une lacune dans les connaissances sur les effets de
la consommation de *cannabis* sur la conduite. Jusqu’ici cette substance
était considérée comme un facteur potentiel d’accident routier, mais il
était encore impossible d’affirmer l’existence d’un lien causal entre
son usage et la survenue d’accidents.
Réalisée en 2001, une expertise collective de l’Institut national de la
santé et de la recherche médicale (Inserm) avait certes démontré que la
consommation de *cannabis* provoque des effets incompatibles avec la
conduite d’un véhicule (ralentissement des réflexes, modification de la
perception et de l’attention ou somnolence), mais « faute d’études
épidémiologiques rigoureuses » elle n’avait pu prouver que l’usage du
*cannabis* seul est facteur d’accidents.
Première mondiale par son ampleur, l’étude SAM, dont les résultats
complets devraient être prochainement publiés par le British Medical
Journal, a procédé à l’analyse de l’ensemble des accidents mortels
(environ 17 000) survenus en France du 1er octobre 2001 au 30 septembre
2003. Elle a pris en compte les dossiers toxicologiques exploitables,
soit 10 748 conducteurs impliqués dans 7 458 accidents mortels. Parmi
ces conducteurs, 853 (7,9 %) ont été contrôlés positifs aux stupéfiants,
dont 751 au *cannabis* (7 % du total).
EFFETS CUMULÉS
Procédant par extrapolation, l’étude estime la prévalence du cannabis
parmi l’ensemble des conducteurs « circulants » de 2,9 % légèrement
supérieure à celle de l’alcool (2,7 %). Elle confirme sans ambiguïté
l’existence d’un risque accru d’accident mortel en cas de consommation
de cannabis. La fraction d’accidents mortels imputables à sa seule
consommation est ainsi estimée à 2,5 %.
L’étude permet aussi de mettre en évidence, pour la première fois, une
hausse du risque d’accidents en cas d’augmentation de la concentration
sanguine en produit actif : cet effet-dose conforte les chercheurs dans
l’existence d’une relation de cause à effet entre le cannabis et la
survenue d’un accident, et ce en dehors d’autres facteurs (autre
stupéfiant, alcool, âge, type de véhicule, circonstances de l’accident,
etc).
« L’étude SAM démontre l’existence d’un risque individuel – un individu
sous l’influence du cannabis a deux fois plus de chances d’avoir un
accident mortel – et d’un risque collectif – 2,5 % des accidents sont
dus à l’usage du cannabis seul, commente Jean-Michel Costes, président
de l’OFDT. En levant les incertitudes sur le sujet, elle prouve qu’il
existe bien un risque significatif mais modéré en cas d’usage du cannabis au volant. »
L’étude confirme par ailleurs que les effets du cannabis et de
l’alcool se cumulent, en estimant à 14,0 le risque d’être responsable
d’un accident mortel chez les conducteurs associant les deux produits.
De manière générale, l’enquête SAM confirme le rôle majeur de l’alcool
dans la mortalité routière, et démontre qu’il est le produit le plus
dangereux au volant, loin devant le cannabis. Parmi les 10 748
conducteurs de l’étude, 2 251, soit 20,9 % du total, présentaient un
taux d’alcoolémie supérieur aux normes légales. L’étude confirme un
effet-dose massif en matière d’alcool, le « sur-risque » de provoquer un
accident mortel progressant de 6,3 entre 0,5 et 0,8 gramme par litre de
sang à 39,6 au-delà de 2 grammes.
Dans tous les cas de figure, l’alcool s’avère plus dangereux que le cannabis, même quand il est consommé à des doses légales. Même le
nombre d’accidents mortels attribuables aux personnes présentant une
alcoolémie légale (3,4 %) est supérieur à celui imputable à ceux prenant
du cannabis (2,5 %). Au total, l’étude SAM évalue à 2 270 le nombre de
décès imputables à l’alcool sur une base de 6 000 accidents mortels par
an, contre 180 pour le cannabis.