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L’OEDT fait le point sur la consommationde GHB et son précurseur le GBL en Europe…
Source : OEDT
Date : 17-03-2008
Une inquiétude croissante existe au sein de l’Union Européenne quant aux produits chimiques utilisés dans
la production de la drogue récréative GHB. Cette
déclaration figure dans un nouveau
rapport intitulé GHB and its
precursor GBL: an emerging trend case study,
publié aujourd’hui par l’agence
sur les drogues de l’UE (OEDT) dans
le cadre de son projet E-POD qui suit les nouvelles tendances de la
consommation des drogues en Europe (1).
Le GHB
(ou gamma-hydroxybutyrate), souvent appelé «l’ecstasy
liquide», apparut sur la scène récréative
nocturne dans certaines parties d’Europe dans les années 90,
bien que son utilisation non-médicale a commencé dix
ans plus tôt parmi les culturistes qui prenaient la drogue pour
ses effets d’hormone de croissance. L’OEDT
et ses partenaires ont pratiqué une analyse des risques du GHB
en 2000, et la drogue a été mise sous contrôle
internationale par les Nations unies en mars 2001 (2).
Selon le rapport:
«Ces nouveaux contrôles ont rapidement mis un frein à
la vente autrefois libre de GHB». Néanmoins, l’on
craint aujourd’hui l’usage émergent de son précurseur,
le GBL (gamma-butyrolactone). Le
GBL est tout à la fois plus aisé à se procurer
et moins cher que bon nombre de substances illicites
et actuellement est vendu et utilisé comme substitut au GHB.
Contrairement au
GHB, le GBL
et un deuxième précurseur du GHB, le 1,4-BD
(1,4-butanediol), ne sont pas contrôlés au niveau
international. Utilisés d’une manière assez répandue
dans l’industrie chimique et disponibles dans le commerce, ces
deux produits peuvent être utilisés pour fabriquer le
GHB sans difficulté majeure. Cependant, lors d’une ingestion
directe par un consommateur, ces précurseurs se
transforment rapidement en GHB dans l’organisme. Des cas ont déjà
été signalés où une consommation directe
du GBL a entraîné une admission d’urgence à
l’hôpital, même si à ce jour il n’existe aucun
rapport officiel de cas similaire avec le 1,4-BD
(3).
Certains États
membres (Italie, Lettonie, Suède)
ont choisi de contrôler soit un, soit les deux précurseurs.
L’Union européenne et les États
membres ont également pris des mesures volontaires
complémentaires afin d’éviter le détournement de
ces substances, y compris en fournissant des conseils pour
les opérateurs (p. ex. les producteurs et importateurs) quant
à la vigilance à adopter lors de la mise sur le marché
international de ces produits.
Le rapport a
identifié 15 fournisseurs en ligne
de produits chimiques qui vendent le GBL,
établis en Allemagne,
au Pays
Bas, en Pologne
et au Royaume-Uni. Bien que cette drogue puisse être
commercialisée pour des utilisations légitimes (p. ex.
solvant de nettoyage, nettoyeur de jantes), les fournisseurs sont
conscients que des consommateurs peuvent acheter cette substance pour
une consommation personnelle, démontré par le fait que
— exception
faite de trois d’entre eux —
tous ces fournisseurs avertissent leurs clients des risques
potentiels pour la santé sur leur site Internet.
Une
utilisation
faible qui a un grand coût pour la santé
L’étude de
cas de l’OEDT indique
que, de manière générale, la consommation de
GHB/GBL (4)
est faible dans l’UE. Des sondages démontrent que le taux de
consommation pendant le dernier mois parmi les jeunes sur la scène
récréative dépasse rarement les 3%. (Par contre,
des sondages pour l’ecstasy montrent des prévalences d’entre
7% et 70%). Cependant certains éléments tendent à
prouver que cette consommation est plus courante dans quelques
sous-groupes de population, lieux et zones géographiques (p.
ex. les boîtes de nuit fréquentées par des
homosexuels).
A présent,
peu de données existent sur l’utilisation récréative
du GHB/GBL dans des lieux privés, le culturisme ou
l’automédication (p. ex. pour des problèmes d’alcool
ou l’insomnie), même si quelques études suggèrent
que la consommation dans un contexte privé pourrait être
du même ordre, voire plus importante que la consommation dans
des endroits publiques.
Selon le rapport, il
semblerait que le GHB/GBL «a des
effets différents selon le consommateur». Dans de
faibles doses, les effets du GHB/GBL sont
similaires aux effets de l’alcool, mais une
courbe abrupte dose-réponse montre qu’une légère
augmentation de la dose peut avoir des effets toxiques graves, comme
une altération de la conscience et un coma. Les effets
toxiques du GHB/GHL peuvent aussi accroître quand la drogue est
prise en même temps que l’alcool et d’autres substances
psychoactives. En
d’autres termes, les coûts sanitaires connexes peuvent être
relativement élevés.
Des études
menées dans quelques villes européennes suggèrent
que des surdoses accidentelles suite à
une utilisation récréative du GHB/GBL représentent
un pourcentage significatif des urgences globales liées à
la consommation de substances illicites et rapportées par les
services ambulanciers ou hospitaliers. Une étude réalisée
dans un hôpital d’Ibiza (2005) a démontrée que 8% des
urgences liées à la consommation de substances
illicites étaient dues au GHB/GBL. Et à Amsterdam
(2005), des admissions non-fatales à l’hôpital liées
à la consommation du GHB/GBL seraient plus élevées
que les urgences liées à une consommation de
champignons hallucinogènes, l’ecstasy, l’amphétamine
et le LSD. Un hôpital londonien
a, en outre, rapporté 158 admissions liées au
GHB/GBL en 2006.
Les Etats
membres de l’UE rendent rarement compte des morts liées au
GHB/GBL. Selon l’étude de cas menée: «Il
n’existe aucun système fiable et comparable pour enregistrer
le nombre de décès et d’urgences non-fatales liés
à la consommation du GHB et ses précurseurs». Une
analyse médico-légale est difficile, due à
l‘étroite fenêtre de temps au
cours de laquelle il est possible de déceler le GHB (6?8
heures dans le sang; 10?18 heures dans l’urine). Autre fait
important: le GHB existe dans le corps dans de faibles quantités
naturellement, et se produit lors de la décomposition
post-mortem.
Le GHB et
les agressions sexuelles
La couverture
médiatique qui met en évidence l’utilisation
clandestine de GHB/GBL par des «prédateurs»
sur la scène récréative (connu sous le nom de
drink spiking —–
une drogue est ajoutée à une
boisson à l’insu de la personne qui la boit) afin de
faciliter une agression sexuelle (souvent déclarée
comme un «viol
par une connaissance»)
ont mis cette drogue dans les feux de l’actualité aux
alentours de l’an 2000.
Cependant les
preuves médico-légales
montrent que dans les cas d’agression sexuelle répertoriés
on trouve plus fréquemment une présence d’alcool et
de benzodiazépines (5).
«Il est particulièrement difficile de recueillir des
preuves pour ce type de crime et le nombre réel de cas
pourrait être plus élevé dû à un
délai voire une absence de déclarations», selon
le rapport. Et une analyse médico-légale n’est
possible que si les prélèvements sont effectués
et traités à temps.
Des chercheurs ont
suggéré que l’association de GHB/GBL
avec des agressions sexuelles et la panoplie d’effets secondaires
liés à son usage (p. ex nausées, vomissements,
malaises) ont peut-être contribué
à donner une image négative de cette substance sur la
scène récréative, ce qui aurait limité
l’étendue de cette tendance. Des
initiatives de prévention centrées sur la pratique du
drink spiking
font parti des mesures qui se développent en Europe en
réaction à la consommation de GHB/GHL. D’autres
mesures visent à former le personnel
des boîtes de nuit sur la sécurité et les secours
d’urgence et à diffuser des informations (par Internet, à
travers des affiches) sur les risques liés à la surdose
avec le GHB/GBL et lors de la prise de cette substance avec l’alcool
et d’autres drogues sédatives.
Selon le
Directeur de l’OEDT Wolfgang Götz:
«Une drogue qui est à la mode aujourd’hui peut être
démodée demain. Quand une substance est réprimée,
une autre prendra rapidement sa place. Ce cas d’étude
démontre l’importance des mécanismes que nous avons
mis en place en Europe pour identifier les nouvelles menaces liées
à la drogue. Le projet E-POD fait partie du radar paneuropéen
de l’OEDT sur les tendances émergentes qui peut aider les
pays à développer des contre-mesures pour répondre
rapidement à de nouvelles vagues de consommation de drogues et
les dangers pour la santé qui y sont associés».
Notes:
(1)
L’étude de cas publiée aujourd’hui a été
menée dans le cadre du projet E-POD de l’OEDT conçu
pour la détection, le suivi et la compréhension des
tendances émergentes en matière de drogue en Europe.
http://www.emcdda.europa.eu/html.cfm/index7079EN.html
(2)
Voir aussi le rapport d’analyse des risques par OEDT sur le site http://www.emcdda.europa.eu/html.cfm/index431EN.html.
Le
GHB a été ajouté en mars 2001
au Schedule IV de la Convention des Nations Unies sur les substances
psychotropes de 1971.
(3)
Bien qu’une analyse chimique d’un échantillon peut
confirmer si la substance est le GHB ou un de ses précurseurs,
une fois ingéré il n’est plus possible par analyse de
déterminer la substance consommée.
(4)
La grande partie des informations sur la prévalence et les
habitudes liées à la consommation de GHB viennent
d’enquêtes qui posent des questions sur l’utilisation des
drogues aux personnes sondées. Bien que les personnes
sondées peuvent répondre qu’ils ont consommé
le GHB, il est possible qu’en effet ils aient pris un de ses
précurseurs par inadvertance. Dans le rapport, l’appellation
GHB/GBL est donc utilisée pour le GHB et ses précurseurs.
(5)
Voir Technical data
sheet: sexual assaults facilitated by drugs or alcohol’,
OEDT, mars 2008.
http://www.emcdda.europa.eu/html.cfm/index7291EN.html