Dernière mise à jour le 01/09/2019 <!– by Techno+ –>
l’intégralité du rapport en ligne
Prenez connaissance des 9 propositions
Fin novembre 2007, le 1er ministre nommait un député, M. Jean-Louis Dumont afin qu’il réalise un rapport (rendu en mai 2008) visant à faire des recommandations sur l’organisation des grands rassemblements techno qu’on préfère appeler teknivals. En effet nos tekos embêtent l’Etat pour tout un tas de raisons et surtout depuis leur encadrement en amont pour certains d’entre eux que l’on nomme Sarkoval leur coût était devenu exorbitant.Rien d’étonnant à cela de notre point de vue, il suffit de regarder le sur-encadrement militaire, policier, médical et administratif mis en place par l’état à chaque occasion et les indemnités pour réquisition de terrain.
Pour commencer son rapport M. Dumont a réunit tous les acteurs concernés le 19 décembre 2007 au Ministère de l’Intérieur. Tous les collectifs régionaux des Sons étaient présents ainsi que Médecin du Monde, Technopol, l’ANPREF et Techno+. Chacun s’est exprimé sur ses attentes d’une telle enquête et comment l’Etat pouvait créer un environnement favorable à l’existence et l’expression de notre mouvement en tant qu’espace festif non marchand (terrain, statut des sons, application de la loi de 2002,non-stigmatisation…).
Nous donnons ci-après à lire le communiqué de presse du député, les 9 propositions faites par ceux qui ont été consultés lors de cette enquête (ministères, association de santé, préfecture, sound system) et la conclusion du rapport.
Un débat radiophonique entre Ben Lagren, Jean-Louis Dumont, Dyna, Hérétik, Technopol sur la free partie en 2008 est également disponible en téléchargement.
Les 9 propositions sont :
- Sélectionner et viabiliser une quinzaine de terrains permettant les grands rassemblements depersonnes
- Monter le plancher de déclenchement de l’article 53 de la LSQ à 900 personnes
- Créer un calendrier annuel des teknivals
- Créer un cadre souple de musicien amateur
- Favoriser la circulation et la rencontre entre musiciens amateurs et professionnels
- Renforcer les structures de dialogue entre les organisateurs et les institutions
- Renforcer les capacités d’intervention des acteurs sanitaires et sociaux non gouvernementaux
- Développer les outils des associations de réduction des risques
- Former les personnels de l’Etat aux stratégies d’accompagnement des fêtes techno et de la réduction des risques
Communiqué de presse de rendu du rapport parlementaire
Le Député Jean-Louis DUMONT vient de rendre son rapport sur les grands rassemblements festifs techno, les raves, les free parties et les teknivals.
Ce rapport lui a été commandé par le Premier ministre François Fillon, à la demande du ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie. Résultat d’une mission de six mois, il se compose d’une étude sociologique de ce milieu et de neuf propositions pour favoriser l’acceptation de cette culture musicale dans notre pays. Il décrit les mécanismes de solidarité, les compétences techniques et logistiques ainsi que les organisations humaines à l’œuvre dans ces fêtes trop souvent et trop injustement stigmatisées par des visions et des propos caricaturaux.
Ce sont des lieux d’effervescence, de socialisation et de production artistique. Si certaines dérives regrettables comme l’usage de stupéfiants y sont, comme ailleurs dans la société française,présentes, ce milieu a su mieux que d’autres produire des garde-fous,générer des stratégies de réduction des risques et s’entourer d’associations de santé communautaire visant à informer et à protéger ceux qui pourraient être tentés par ces comportements à risques.
Prenant partie pour une ouverture de la société et de ses institutions à cette culture juvénile, le rapport propose des lieux et des temps de communication et de dialogue pour mettre chacune des parties en face de ses devoirs de responsabilité, de citoyenneté et de tolérance.
Auteur : Jean-Louis Dumont, Député de la Meuse.
jean-louis.dumont@wanadoo.fr
03 29 84 85 55
Accompagnement scientifique : Lionel Pourtau, sociologue (CEAQ-Sorbonne).
lp@ceaq-sorbonne.org
06 66 21 61 11
Les 9 propositions du rapport
1/ Sélectionner et viabiliser une quinzaine de terrains permettant les grands rassemblements de personnes
Toute notre enquête nous pousse à mettre la question des terrains au coeur de la problématique.En même temps, cette question des terrains est une ligne qui dépasse notre question pour rejoindre celles de tous les grands rassemblements populaires. Il semble que les pratiques festives en grande foule soit une tendance lourde des sociabilités contemporaines. Au-delà du fond, les formes se ressemblent :Teknival, rassemblements de gens du voyage, rassemblement de motards,de caravaning, jamborees scouts, JMJ, tuning festivals, autant de festivités où des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes communient, au sens étymologique le plus large, ensemble autour de la musique, de la foi, du sport.
Dans tous les cas, les grands terrainsnécessaires à ces rassemblements manquent. Ils manquentaussi pour une toute autre famille de raisons. A l’aube d’unXXIème siècle inquiétant, nous nous devons deprévoir des espaces de regroupement stratégique pour delarges populations en cas de catastrophes naturelles, d’accidentsindustriels (type AZF), ou de terrorisme de masse.
Pour des raisons de sécurité,il est indispensable d’avoir des terrains de plusieurs dizainesd’hectares, stabilisés, viabilisés pour recevoirfacilement et pour quelques jours des véhicules, de l’eau etdes villages de tentes. Les accès doivent aussi êtresécurisés Il faut profiter de la vaste opérationde réorganisation foncière de l’Etat pour ensélectionner parmi ceux que le ministère de la Défenseva céder. Mais selon les cas et les circonstances, on pourraitaussi s’appuyer sur les établissements publics fonciers oula SAFER.
Deux terrains pour trois régionsadministratives, cela nous semble être la bonne proportion,soit une quinzaine pour le territoire national. Ces terrainsdeviendraient la propriété des conseils régionauxmais l’Etat, en les cédant les frapperait d’une servitude,l’obligation de les mettre à disposition gratuitement tousles trois ans pour un grand rassemblement.
Le nombre de terrains permettra unerotation triennale afin d’alléger les nuisances, sonores ouautres, qui peuvent y être liées. La constitution d’uncahier des charges précis couvrant les conséquences etles engagements de l’Etat par rapport aux communes dont ils fontpartie et aux riverains permettrait de rassurer chacun des acteurs.
L’étude des coûts desteknivals montre que l’essentiel provient de la viabilisation desterrains. Si ceux-ci étaient choisis et viabilisés unefois pour toutes et pour tous les usages cités ci-dessus, lecoût de ces rassemblements serait significativement réduitpour l’Etat.
2/ Monter le plancher de déclenchementde l’article 53 de la LSQ à 900 personnes
Le décret d’application du 2mai 2002 prévoyait pour qu’il y ait une déclaration,un seuil minimum de 250 personnes. Ce seuil a étéremonté à 500 en 2006 par le décret 2006- 334.Aucun problème au maintien de l’ordre spécifique àce nouveau seuil n’a été rapporté. Pourtant en2007, seuls cinq free parties ont été autorisées.Cela montre à quel point la stigmatisation rend difficile cequi ne devait être dans la lettre qu’un régimedéclaratif. Nous proposons de monter ce seuil à 900pour une durée probatoire de 5 ans.
Ces cinq années permettraient devérifier si des rassemblements de 900 personnes ou moinspendant une dizaine d’heures nécessitent forcémentd’enclencher des procédures administratives qui semblentavoir jusqu’ici du mal à fonctionner correctement, c’est àdire en n’étant un simple outil d’interdiction, ce quin’était officiellement pas la volonté du législateur.
De plus ces cinq annéespermettraient de réviser les applications de la loi pour lesrassemblements de taille moyenne (plus de 900 personnes) afin que letaux d’acception soit accru, et ce sans que la culture technoïdene soit étouffée.
Rappelons que, même sansdéclaration, les free parties restent soumises à toutesles autres législations régulant les droits du travail,de la musique, de la propriété ou de la santépublique. Toutes les infractions à la loi pourront donc êtrepoursuivies et condamnées avec la même facilité.
3/ Créer un calendrier annuel desteknivals
Si les teknivals sont des festivals quine fonctionnent pas selon les critères classiques desentreprises de spectacle et des festivals à vocationcommerciale, ils ne doivent cependant pas faire ombrage à cesderniers. Si les Sound Systems font le choix de proposer desspectacles et des concerts sans souhaiter en vivre financièrement,ce choix ne doit pas handicaper ceux qui ont fait celui de laprofessionnalisation. Les deux événements n’ont pasla même temporalité en termes de préparation. Lesfestivals marchands nécessitent des investissements quiprennent racine des mois voire une année avant le spectacle.Si quelques jours auparavant, un teknival gratuit s’installe pourla même date à quelques kilomètres de là,cela peut leur causer un tort financier.
En fixant à l’avance lesdates, les régions ou les zones de défense des quatreteknivals annuels (différents des free parties multisons), lesfestivals commerciaux pourront éviter que leurs événementssoient proches, dans le temps ou l’espace des teknivals.
Traditionnellement, le premier teknivalde l’année à lieu lors du Week-end du 1er mai. Ledeuxième a lieu au début de l’été, letroisième à la fin de l’été, lequatrième au début du mois de décembre. Onessaiera d’éviter la période 14 juillet/15 aoûtqui sollicite beaucoup les forces de maintien de l’ordre.
La région ou, à défaut,la zone de défense sera connue un an à l’avance. Onévitera d’installer un teknival dans le même mois etdans le même département qu’un festival commercialtechno qui a aussi une date et un département fixe (exemple :Nordik Impact à Caen chaque année en novembre).
4/ Créer un cadre souple demusicien amateur
Si notre pays a depuis longtempsorganisé et pensé le sport amateur, rien de teln’existe pour la pratique de la musique en amateur. Des clubs, desstades, des fédérations permettent à tous ceuxqui veulent faire du sport sans devenir professionnels, sans vouloiren retirer des subsides, de s’adonner à leurs pratiques.
Or dans le cas de la musique, le prismepremier est celui d’une pratique rémunérée.
D’où la présomption desalariat. Derrière ce positionnement se cache la peur desmusiciens professionnels d’être mis en concurrence avec desmusiciens amateurs prêts à jouer gratuitement. Cetteperception de la part des professionnels est selon nous une erreurd’appréciation. Plus la pratique amateur de la musique seradense, plus elle indiquera une population impliquée dans lamusique et plus le nombre de ceux qui feront le choix de laprofessionnalisation sera grand. Et plus ils auront face à euxun public formé, prêt à aller dans leur concert,à acheter leur disques.
On peut être un musicien,composer et jouer en public sans vouloir devenir un professionnel,sans vouloir en vivre financièrement. La création d’unstatut de musicien amateur permettrait de ne pas être soumisaux réglementations qui ont pour objectif de taxer l’activitééconomique.
Dans le cas des free parties et desteknivals, on posera a priori le fait que les musiciens répondentà ce cadre. Il y aura donc présomption de pratiqueamateur.
Le critère de non-lucrativitétel qu’il est proposé par la DMDTS dans l’avant-projet deloi sur le cadre de musicien amateur de février 2007 noussemble un socle solide de travail. Il a l’avantage de s’appuyersur le droit du travail et non sur le droit fiscal. Ceci dit, la nonlucrativité est décidée par recoupement d’unfaisceau d’éléments. Or étant donné lastigmatisation de la pratique des free parties, il est àcraindre que le faisceau d’éléments soitinstrumentalisé à charge. Il faudra donc que lesdécisions de lucrativité ou de non-lucrativitésoient répertoriées au niveau national afin que laventilation des décisions nous permette à moyen termed’évaluer les applications de la loi.
5/ Favoriser la circulation et larencontre entre musiciens amateurs et professionnels
La création d’un cadre demusicien amateur ne doit pas entraîner la création d’unghetto.
- Le cadre de musicien amateur peut,sans que ce soit un objectif en soi, être une passerelle versle statut professionnel.
- Des musiciens amateurs etprofessionnels doivent pouvoir coexister sur une même scène,dans un même événement.
Le projet de loi sur le musicienamateur doit prévoir en effet qu’un spectacle puisse êtreprésenté au public dans un cadre lucratif avec laparticipation d’amateurs sans que leur prestation fasse l’objet decontrats de travail, à condition que le spectacle considérédonne lieu à un nombre limité de représentations,dans des conditions qui seront précisées par décret.Cette disposition, en fixant clairement à la fois lesobjectifs visés et le principe d’une limitation despossibilités de diffusion de ces spectacles, impose un choixclair aux entrepreneurs de spectacles, assure une information sincèreau public, tout en offrant aux amateurs la possibilité devaloriser pleinement leur activité artistique et de l’enrichirpar la collaboration avec les artistes professionnels.
De plus, il faudrait que lescompositeurs aient le choix, pour chacune de leurs oeuvres de lesdéposer ou pas à la SACEM, pour chacun de leur concertd’utiliser ou pas des morceaux déposés à laSACEM. A partir de là, on ne peut pas imposer des dispositifsde présomption d’interprétation de musique déposéeà la SACEM.
6/ Renforcer les structures de dialogueentre les organisateurs et les institutions
Les free parties et les teknivals,avant de développer leurs valeurs propres, sont nés desdifficultés de la musique électronique à existerdans les lieux classiques d’audition et de représentationdes musiques populaires.
Nos multiples rencontres avec lesacteurs institutionnels montrent la volonté de ceux-ci d’avoirdes interlocuteurs du côté des Sound Systems, que cesoit pour les free parties ou pour les teknivals. Il s’agit donc detrouver un dispositif « gagnant/gagnant » permettant derencontrer puis de responsabiliser les organisateurs de free parties.
Nous proposons de confier au niveaudépartemental ce dialogue côté Etat à ladirection de la jeunesse et des sports. Elle possède plusieursqualités :
- Les Sound Systems sont pour lamajorité dans la tranche d’âge avec laquelle elle esthabituée à traiter.
- Le ministère de la jeunesse etdes sports est aussi celui de la vie associative, vie associativedans laquelle rentrent les Sound Systems comme les free parties, nefût-ce que de façon informelle.
- Son rôle dans le sport amateurlui permet de saisir au mieux les thématiques de la musiqueamateur, peut-être mieux que le ministère de la Culture.En effet, comme le reconnaissait avec justesse, et en le regrettant,un ancien ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, le ministèrede la Culture est hélas trop souvent le ministère desprofessionnels de la Culture.
L’exercice pratique permettant cetteconnexion et cette rencontre pourrait être le suivant : On a vuque la loi fonctionne à peu près correctement pour lesrassemblements de moins de 500 personnes et pour les teknivals maisqu’il y a un manque de faisabilité pour les événementsintermédiaires, d’une durée d’une nuit pourquelques milliers de personnes. La direction départementale dela jeunesse et des sports pourrait s’engager, avec l’appui de lapréfecture et des DRAC, à faciliter au moins unévénement de ce format dans son département paran. A cette fin, elle organiserait des rencontres voire desformations avec les Sound Systems de son département.
On peut même imaginer qu’enéchange, ceux-ci s’engageraient à participer àla médiation lors d’un teknival auquel ils participeraient.
Cet organisme pourrait aussi recenserles autorisations et les refus de rassemblements soumis àl’article 53 de la LSQ et vérifier qu’il y a uneventilation correcte entre autorisations et refus.
[NdT+ : Lors de son enquête parlementaire, Jean-Louis Dumont a consulté les associations de santé qui interviennent habituellement en teufs. Techno+ y représentait l’Association National de Prévention et de Réduction des risques en Espaces Festifs. Avec les missions rave de Médecins du Monde nous nous sommes mis d’accord sur les 2 propositions suivantes inclues dans le rapport parlementaire.]
7/ Renforcerles capacités d’intervention des acteurs sanitaires etsociaux non gouvernementaux
Unmonde sans drogue n’existe pas. Le milieu festif techno free nefait pas exception à cette constatation et l’on y observedes consommations de produits psychoactifs licites et illicites,problématiques ou non. Ce milieu a très tôt prisconscience des risques associés à ces pratiques et estun des rares, si ce n’est le seul, à avoir soutenu lacréation d’associations de santé communautaire commeTechno+ et toutes celles réunies dans l’Association Nationalede Prévention et de Réduction des risques en EspacesFestifs (ANPREF) et la venue d’association humanitaire commeMédecins du Monde. Celles-ci font un travail indispensable queles dispositifs de droit commun (Croix-rouge, SDIS) ne peuventaccomplir avec la même facilité car celles-làsont culturellement intégrés dans le milieu techno.
Au-delà decette fonction sanitaire, les associations de santécommunautaire sont aussi un intermédiaire formel utile avec unmilieu culturel essentiellement informel.
Pour toutes cesraisons, les acteurs sanitaires et sociaux non gouvernementauxdoivent être soutenus, leurs capacités d’interventionrenforcées.
Lesoutien financier de l’Etat favorise la reconnaissance sociale del’acteur. La plupart de ces associations possèdent dessubventions publiques via des conventions annuelles. Leur situationest donc très précaire.
Orla loi de santé sur la RdR institue seulement des CAARUD quisont des établissements médico-sociaux de proximitéportés sur le suivi, voire le soin des usagers alors que lesdispositifs festifs effectuent des actions ponctuelles localiséesdans un but d’éducation à la santé et deréduction des risques immédiats (gestion de crise). Deplus pour devenir un CAARUD, il faut avoir un accueil fixe ce quin’est pas pertinent pour les dispositifs spécialisésuniquement sur l’intervention festive qui sont de fait mobiles
L’association Techno+par exemple, qui est l’une des plus importantes association de santécommunautaire du milieu techno, parce que ces interventions sontstrictement mobiles, sans centre de soins fixe, ne peut bénéficierdes financements et de la reconnaissance dont jouit un CAARUD.
Nousproposons que les dispositifs de réductions des risques liésaux pratiques festives et notamment ceux agissant dans le cadre dela santé communautaire puissent bénéficier d’unstatut simple, pérenne, reconnu et adapté auxspécificités de ce genre d’intervention. Ce statutpourrait s’inspirer de ceux déjà existants des Comitéd’Education à la Santé du ministère de la santéou bien des Centre d’information Jeunesse du ministère de lajeunesse et des Sports..
Lesassociations sans moyens financiers stables ne durent pas. Certes,celles qui disparaissent sont le plus souvent remplacées. Maisà chaque fois, on constate une perte des réseaux, descompétences et des expériences individuelles etcollectives. Cela passe par la structuration et la pérennisationdes acteurs sanitaires et sociaux non gouvernementaux.
8/ Développerles outils desassociations de réduction des risques
Inclusionfonctionnelle des dispositifs de santé communautaire dansl’organisation des dispositifs de soin lors des teknivals.
Auplan local, elles seront inclues dans toutes les réunionsvisant à préparer les dispositifs sanitaires duteknival : avant, lors du montage des dispositifs ;pendant, lors des points quotidiens ; et après, lors desréunions de débriefing.
Si l’objectif numéro 1 estévidemment la protection des personnes, notons que laconnaissance des situations sanitaires propres au milieu technopermet de limiter le recours aux évacuations sanitaires dontl’utilité n’est pas toujours prouvé et dont le coûtest élevé.
Reprise de la reconnaissanceprésomptive de produits (RPP) associé à undispositif global d’analyse de drogues dans le cadre d’unedémarche évaluative (RPP appelé aussi test dumarquis ou testing).
Cet outil a été tolérésans cadre législatif particulier jusqu’au printemps 2005(14 avril 2005) puis interdit par décret sous prétexted’une faiblesse analytique. On peut s’étonner que cetteinterdiction ne soit le résultat d’aucune étude, nid’aucune évaluation. Ce test est pratiqué et parfoislégalisé dans la plupart des pays européens,seuls le Royaume-Uni et l’Italie l’ont interdit [pas dans touteles régions à ma connaissance].
Or la RPP est toujours revendiquéeet demandée par les usagers. Par ailleurs, les acteurssanitaires et de la réduction des risques considèrentque c’est un indispensable outil de dialogue avec les usagers etreste le seul outil susceptible d’intervenir avant la consommation.Ils n’ont jamais réussi à faire reconnaîtrecette pratique dans son modèle de « counselling »,c’est-à-dire comme une entrée en matière ou undéclencheur d’un dialogue, libre et sans jugement, pendantlequel l’usager peut exprimer sa situation et ses questions enmatière de drogues et où, en retour, l’intervenant peutdélivrer des messages de réduction des risques adaptés(au degré de connaissance des produits, aux capacitésd’écoute et de responsabilisation de l’usager).
Nous proposons donc de reprendre lapratique de la RPP associé à un dispositif globald’analyse de drogues dans le cadre d’une démarcheévaluative, dans différentes régions et dansdifférents contextes (festif / non festif) et ce sur unepériode de 3 ans.
Une évaluation sera doncengagée et devra porter sur l’ensemble du dispositif et deses composantes Nous proposons que cette évaluation soitpilotée par l’Association Française de Réductiondes risques (AFR) et l’Observatoire Français des Drogues etdes Toxicomanies (OFDT) et réalisé par des chercheursindépendants. Le résultat de l’évaluationindiquera si la législation actuelle devra être modifiéeou maintenue.
Accès aux outils deprévention routière dans un but préventif
Alors que l’accèsaux éthylotests à visée d’auto-évaluationdes conducteurs se généralise, il faut encore renforcerleur diffusion dans les manifestation techno par le biais des acteurssanitaires sur place.
De même, les outilsen devenir comme les tests de stupéfiant (salivaires ou autre)ne doivent pas être cantonné à une utilisationrépressive par les forces de l’ordre mais également enamont des prises de risques de façon préventive. Eneffet de tels outils, comme l’éthylotest, ont un fortpotentiel pédagogique auprès des (jeunes) conducteurssur les effets et la durée d’action des produits consomméset leur dangerosité en cas de conduite d’un véhicule.
9/ Former les personnels de l’Etat auxstratégies d’accompagnement des fêtes techno et de laréduction des risques
Le choix fait par l’Etat d’autoriseret d’encadrer les teknivals est le bon. Ceci posé, aprèsdes années de stigmatisation, il ne rencontre pas l’adhésionprofonde de tous les acteurs ayant à leur charge la réussite.
On observe une hausse des coûtsdes teknivals alors que la population ne cesse de baisser. Nous avonsplus haut expliqué que la première cause de cettehausse est la viabilisation du terrain. Nous avions une autrehypothèse pour la hausse des coûts. Celle d’y voir uneforme sourde de contestation de la stratégie de l’Etat surce dossier par les fonctionnaires territoriaux ou préfectorauxeux-mêmes.
Cette hypothèse ne nous a étédémentie qu’à demi-mots par certains hautsfonctionnaires, tant du corps préfectoral que de lagendarmerie. Pour citer un préfet : « Les agents de lapolitique de l’Etat « ne sont pas des soldats de plombs quel’on sort puis que l’on remet dans une boîte ».
Autre exemple de difficultés,les politiques de réduction des risques et certains de sesoutils comme le test de reconnaissance présomptive deproduits. L’hostilité des gendarmes à son égarda joué dans son interdiction en 2006. Puisque ces stratégiesde réduction des risques sont entrées dans la loidepuis 2004, nous devons sensibiliser les acteurs administratifs auxpolitiques de réduction des risques et expliquer ses outils.
Très en amont, les séminairesdu réseau des Ecoles de Service Public (dontfont partie:Centre d’enseignement supérieur de la gendarmerie, Ecole deshautes études en santé publique, Ecole des officiers dela gendarmerie nationale, Ecoles nationales d’application des cadresterritoriaux, Ecole nationale de la magistrature, Ecole nationalesupérieure de la police) pourraient être un socle àcette formation, sur un plan général, historique etsociologique. Mais puisqu’on sait que tous les départementsont vocation à recevoir des fêtes techno, free partiesou teknivals, pourquoi ne pas imaginer une demi-journée ou unejournée sur ces stratégies innovantes et donc assezdéstabilisatrices par rapport aux mentalités et auxhabitudes, pour les présenter, pour les expliquer, cette foisde façon beaucoup plus pratique et concrète. Pourraienty participer les associations de RDR et de santécommunautaire. On pourrait ainsi créer un temps/lieud’échanges d’expériences.
La conclusion du rapport
A travers la culturetechnoïde, nous rencontrons des questionnements ayant àvoir avec la capacité qu’une société àintégrer la différence et donc l’innovation. C’esten parfait étranger que je me suis immergé dans cetteculture juvénile. Ce monde fascinant avec ses codes, sesdérives parfois inquiétantes, mais aussi ses valeurspropres, doit être accepté et ses dangers doivent êtretraités.
C’est un mode de vietransitoire en segment dominant sur une période. Dansl’intégration identitaire, la première étapefut une intégration communautaire qui servit de base àune construction identitaire personnelle. A la sortie d’une famillenucléaire insatisfaisante en général et parfoisen particulier, la tribu techno a servi de structure transitoireoffrant à la fois la protection d’un groupe affectif et uneliberté apte à toutes les expériences, enparticulier les plus risquées qui sont celles dont cettegénération a besoin pour se sentir vivre. L’implicationdans cette culture aura été un de ces arts del’existence au sens que Foucault donna à cette expression :« Par là, il faut entendre des pratiques réfléchieset volontaires par lesquelles les hommes non seulement se fixent desrègles de conduite mais cherchent à se transformereux-mêmes, à se modifier dans leur être singulier,et à faire de leur vie une oeuvre qui porte certaines valeursesthétiques et répond à certains critèresde style».
Les technoïdesposent quelques problèmes mais surtout des questions.Sommes-nous
prêts àaccepter qu’ils ne nous ressemblent pas ? Responsabilitésignifie étymologiquement « répondre ».Comment pouvons-nous demander à ces jeunes gens de prendreleurs responsabilités si notre seule réponse àleur aspiration est « Non ». Les législations, lesréglementations doivent être pensées pour queglobalement les événements puissent avoir lieu, lepossible devant être le cas majoritaire, l’impossible leminoritaire. Encadrer, ce n’est pas interdire. Interdire unphénomène social en soi est une illusion. C’est aussiune faute. Si l’on part du fait que les mêmes causesproduisent les mêmes effets, les conduites déviantes onttoutes les chances de se reproduire traduisant l’absence decertaines pulsions anthropologiques que la sociétéactuelle refuse soit totalement (pulsion d’errance), soit àcertaines catégories de la population (innovation et espritd’entreprise non marchand aux jeunes classes d’âge). Larépression ne pourra qu’atteindre une forme particulièreà un instant T.
Les efforts dépenséspour éviter les déviances ou les réprimercoûtent à la longue beaucoup plus cher que faire uneplace aux aspirations qu’elles traduisent.
En se mithridatisantcontre les crises de déviance, une société perdaussi sa capacité à s’adapter aux modificationsstructurelles dont les déviances sont les signes et lessymptômes.
Les Sound Systemssont la coagulation et la tentative de subversion de plusieurs typesde minorités : Minorité d’âge, minoritéde fonction, minorité de reconnaissance artistique,. C’est
le cumul de toutes cesminorités qui engendre le repli sur le mont Aventin destechnoïdes qui
fondent une communautéoù ils perçoivent leur rôle, leur utilité,par rapport à la fête qu’ils inventent, la freeparty, le teknival, et par rapport à la population àlaquelle ils l’offrent.
La pratique que lasociété a d’annuler tout modèle alternatif aaussi pour conséquence d’empêcher ce quel’anthropologue Margaret Mead appelle « la réconciliationde ses enfants avec l’ajournement de leur maturité». Car c’est bien de là que vient cettecontestation, de cet ennemi intérieur que nous voyons dansnotre propre jeunesse.
Fille de notre modernité,baignant dans les technologies de la seconde et de la troisièmerévolution industrielle, cette jeunesse est la nôtre.Elle est le produit de nos choix, de nos erreurs, de nos faiblesses,de nos forces, de nos espoirs. Comprenons-la, encadrons-la,accompagnons-la. C’est notre devoir, c’est notre rôle.