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Une récente étude invalide l’effet du Prozac en dehors d’une dépression nerveuse….
Source : http://www.votresante.org/suite.php?dateedit=1204147712
Date : 7/02/2008
Alors que l’Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé (Afssaps) vient d’autoriser la prescription du Prozac
pour les enfants de plus de 8 ans, une étude britannique publiée ce
mardi met de nouveau en doute l’efficacité de cet antidépresseur, ainsi
que d’autres antidépresseurs de nouvelle génération.
Publiée dans
la revue spécialisée PLoS-médecine (bibliothèque publique de science),
cette étude conclut que ces médicaments n’ont guère plus d’effets que
des placebos sur les personnes souffrant de dépression. «Cela signifie
que les personnes souffrant de dépression peuvent aller mieux sans
traitement chimique», explique le professeur Irving Kirsch du
département de psychologie de l’université de Hull (nord de
l’Angleterre).
Il fait partie du groupe d’experts qui a analysé les données publiées
et non publiées – mais mises à disposition des organismes de
certification britannique et américain – concernant 47 essais cliniques
d’inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Il
s’agit notamment des antidépresseurs les plus prescrits comme la
fluoxetine (Prozac), la venlafaxine (Efexor) et la paroxetine (Seroxat).
Selon l’étude, les ISRS n’ont pas plus d’effet que des placebos pour
les dépressions légères et pour la plupart des graves dépressions. En
ce qui concerne les dépressions très graves, la différence serait
davantage liée à une moindre réaction des patients au placebo qu’à une
réaction positive aux antidépresseurs.
Philippe Pignarre, ex-cadre dans un grand laboratoire et auteur du Grand secret de l’industrie pharmaceutique
(Editions de La Découverte), n’est pas surpris par les résultats de
cette étude. "Il est prouvé depuis un certain temps que les
antidépresseurs de nouvelle génération sont moins efficaces que les
anciens mais ont moins d’effets secondaires", explique-t-il à
20minutes.fr "Ce sont davantage des énergisants psychiques, auxquelles
certains types de dépression ne sont pas sensibles. Il ne faut pas
oublier que le mot "dépression" recouvre des états très hétérogènes",
ajoute-t-il.
Sophie Fornéon, chef du département de l’évaluation thérapeutique des
médicaments à l’Afsapps, minore ces résultats: "PLoS-médecine n’a pas
publié une nouvelle étude, mais juste une analyse de vieux résultats
datant de 10 à 20 ans. Les conclusions étaient déjà connues, la presse
s’est emballée à ce sujet".
Marjorie Wallace, responsable de l’association spécialisée dans la
santé mentale Sane, n’est pas cet avis. Si ces résultats étaient
confirmés, ce serait "très perturbant" selon elle, car les ISRS
"représentaient un grand espoir pour ". Elle a prévenu que les patients
ne devaient pas interrompre leur traitement sans avis médical.
Les fabricants démentent
Le professeur Tim Kendall, directeur-adjoint du département de
recherche du Collège royal de psychiatrie, a qualifié ces résultats de
"fabuleusement importants" et souligné qu’il était "dangereux" que
l’industrie pharmaceutique ne publie pas l’ensemble des données à sa
disposition.
Un porte-parole d’Eli Lilly, fabricant du Prozac, a réagi ce mardi,
indiquant qu’une "expérimentation médicale et scientifique approfondie
a démontré que la fluoxetine est un antidépresseur efficace". De son
côté, un porte-parole de la firme GlaxoSmithKline (Seroxat) a estimé
que les auteurs de l’étude n’avaient pas reconnu les effets très
positifs que ces traitements ont apportés aux malades et à leurs
familles pour affronter la dépression et leurs conclusions sont en
désaccord avec ce qui a été constaté au niveau clinique".
Françoise CREPIN
Article original intégral téléchargeable chez :
http://medicine.plosjournals.org/archive/1549-1676/5/2/pdf/10.1371_journal.pmed.0050045-S.pdf