Drogues: un « plan européen » pour mutualiser moyens et partager résultats

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Le plan Européen de lutte contre la drogue préparé par la France enfin dévoilé…

Source : AFP
Date : 24-09-2008

 

L’Europe entend "mutualiser les moyens" des 27 Etats membres pour rendre plus efficace la lutte commune antidrogue et aussi en "partager" les fruits, à la faveur d’un plan devant être adopté avant la fin de l’année, dont le projet a été présenté mercredi lors d’un colloque à Toulon.

La Commission européenne "vient de rendre public, le 8 septembre, un projet de plan européen quadriennal pour lutter contre les trafics de drogue", a annoncé à l’AFP Etienne Apaire, magistrat, président de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT). Le "Groupe horizontal drogue" auprès du Conseil de l’Europe doit maintenant travailler sur ce projet "qui devrait être adopté avant la fin de la présidence française de l’UE", a estimé M. Apaire qui, dans ce cadre, préside le Groupe jusqu’au 31 décembre. La France "souhaite que ce plan consacre l’idée de la mutualisation des moyens de l’Union", a poursuivi M. Apaire, qui l’a présenté lui-même au colloque de Toulon sur le futur centre de coordination méditerranéenne, mais aussi celle "du partage des résultats". "Se doter des moyens et des outils juridiques", a-t-il dit, "permettrait de partager le fruit des enquêtes au bénéfice de chacun des pays participant aux investigations" pour mieux faire face à une "menace très importante, commune et qui s’internationalise".

Ainsi, les biens ou le numéraire saisis et confisqués aux trafiquants pourraient "être partagés" entre l’ensemble de ces pays enquêteurs, au bénéfice de leurs services d’investigations, par exemple. Ce partage pourrait également prendre la forme "du savoir-faire en matière de soins, de prévention", a-t-il dit. Si elle touche les pays de consommateurs, comme ceux de l’Union européenne, la menace est tout aussi réelle "pour les pays de trafic, qui risquent d’être déstabilisés par des organisations criminelles et des problèmes sanitaires". Aussi, "la riposte ne peut être que globale, commune, tant par les pays de consommation que par ceux qui se situent sur les routes de la drogue".

A titre d’exemple, il a cité ces nouvelles routes de la drogue, telle celles de la cocaïne. Ainsi, depuis que plusieurs pays occidentaux ont mutualisé leurs moyens pour lutter contre les flux qui passaient par la zone Caraïbes ou par l’Atlantique pour venir jusqu’aux frontières maritimes de l’UE, cela a poussé "des trafiquants colombiens à s’implanter en Afrique de l’Ouest", selon les spécialistes français de la lutte anti-drogue. De là, la cocaïne "passe par les grands déserts du Sahel et du Sahara", a indiqué à l’AFP une source diplomatique française, ce qui concourt à la "déstabilisation" des pays traversés, évoquée par M. Apaire.D’où l’idée d’un "partage" des résultats des investigations policières. Selon M. Apaire, si deux ou trois pays de l’Union européenne diligentent une enquête commune et que des pays tiers tels la Mauritanie, le Maroc ou d’autres y participent en amont, que ce soit par l’apport de renseignements, ou de manière directement opérationnelle, il conviendrait "de les associer aux fruits de ces enquêtes".

En attendant, un colloque européen, dans le cadre de la présidence française, sera organisé à Paris le 21 novembre sur le thème de "l’argent de la drogue", ouvert par la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie et clos par la garde des Sceaux Rachida Dati.

 

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