Le chef de la Bavière estime qu’on peut boire et conduire

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Un ex-ministre de l’intérieur a Allemand affirme qu’on peut conduire après 2 litres de bières…

À quelques jours de l’Oktoberfest, Günther Beckstein a déclaré
qu’on pouvait prendre le volant après avoir bu deux litres de bière.

Peut-on
encore conduire après avoir ingurgité deux litres de bière ? À en
croire son patron, Günther Beckstein, cela reste encore possible dans
le très traditionaliste Land de Bavière. Candidat à sa propre
succession aux élections régionales programmées le 28 septembre,
Beckstein s’est attiré une volée de bois vert en affirmant que deux
Mass, les chopes de bières de un litre servies à l’Oktoberfest, ne
saurait altérer les capacités à prendre le volant.

«Quand on
boit à l’Oktoberfest pendant cinq, six ou sept heures prendre le volant
est encore possible après deux litres», a-t-il lancé sous une tente
dressée pour la campagne électorale bavaroise, où la bière coule
abondamment. «Nous n’allons pas mettre à l’index une bonne bière de un
litre», a-t-il ajouté en commentant la proposition de la chargée de
mission du gouvernement fédéral pour la lutte contre les drogues,
Sabine Bätzintg, de rabaisser le taux d’alcool autorisé pour la
conduite.

«Il envoie le mauvais signal», s’est emporté le chef
de l’un des principaux syndicats de policiers en Bavière, Harald
Schneider, sur la radio Bayerischer Rundfunk. «Si je bois deux litres,
comment est-ce que je peux expliquer cela à mes collègues qui feront
des contrôles d’alcoolémie la semaine prochaine à la Fête de la bière
de Munich ?, a dit Schneider. Ils vont s’entendre répondre que
Beckstein leur a dit qu’ils pouvaient boire deux litres !» Sabine
Bätzintg a quant à elle sobrement jugé que « M. Beckstein a trop bu».

La
bourde du ministre-président a fait d’autant plus de vagues qu’il fut
ministre de l’Intérieur bavarois durant quatorze ans. Beckstein a tenté
de minimiser ses propos en affirmant que les Mass servies à la Fête de
la bière «contiennent plus de mousse que de bière». Avant de devoir
finalement reconnaître, mercredi, que la consommation d’alcool est
«incompatible avec la conduite». La Fête de la bière, qui se tient
chaque automne à Munich depuis 1810, rapporte à la capitale bavaroise
environ un milliard d’euros par an. L’an dernier, les 6,2 millions de
visiteurs ont établi un nouveau record en engloutissant 6,7 millions de
litres de bière.

La «culture d’auberge

À
deux semaines d’élections régionales, qui pourraient mettre à mal le
règne de la CSU (l’Union sociale chrétienne, la s?ur bavaroise de la
CDU de la chancelière, Angela Merkel), le faux pas de Beckstein n’est
pas dénué d’arrière-pensées politiciennes. Pour la première fois depuis
1962, la CSU risque de perdre sa majorité absolue au Parlement régional
selon les sondages. La protection de la «culture d’auberge» et des
traditions est un thème de campagne ultrasensible en Bavière.

La
chute de la CSU dans les sondages avait coïncidé avec la décision du
gouvernement régional d’interdire la cigarette dans les lieux publics
en 2007. De nombreux déçus de la CSU s’étaient alors rassemblés au sein
d’une «association de défense de la culture des auberges». Avec 80 000
adhérents, celle-ci est aujourd’hui plus influente que l’Église
catholique en Bavière.

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