Haschich : les ados accros risquent de dealer

Dernière mise à jour le 26/07/2016 <!– by Kritik –>

Quand la MILDT mêle la théorie de l’escalade des drogues et celle de la délinquance…

Le
président de la mission de lutte contre la drogue révèle les besoins
financiers des usagers de cannabis. Avec un budget moyen de 80 euros
par mois pour un fumeur quotidien, le risque est grand pour un
adolescent de tomber dans le trafic.

Un
dealer sommeillerait-il en chaque fumeur de joint ? Le juge Étienne
Apaire, nouveau président de la Mission interministérielle de lutte
contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), veut rompre avec le
«romantisme de l’usage de cannabis ». Il a donc fait estimer les sommes
dépensées par un fumeur pour assurer sa consommation. « Et les chiffres
sont beaucoup plus élevés qu’on ne l’imaginait», assure ce magistrat.
Selon lui, «un ado qui fume son pétard tous les jours a besoin
d’environ 80 euros par mois pour se fournir en drogue».

Sans compter le prix du tabac dans lequel il mélange son haschisch.

L’étude
qui lui a été transmise par l’Observatoire français des drogues et de
la toxicomanie fait état de plus 1,2 million d’usagers réguliers ou
quotidiens. Dans leur note, à laquelle Le Figaro a eu accès, les
chercheurs pensent d’ailleurs être en-deçà de la réalité concernant le
budget du fumeur de joint, car, écrivent-ils, «la plus évidente des
difficultés est que la consommation de cannabis est illégale. Il est
alors difficile de questionner les consommateurs sur leurs dépenses en
cannabis sans présumer de sous-estimations».

Pour Etienne
Apaire, l’affaire est entendue : «L’argent de poche ne suffit pas à
payer la consommation du gamin qui va mal.» Or il faut bien trouver le
complément quelque part . Là se trouve, selon lui, la «zone grise» où
prospèrent la revente au détail, les petits larcins et leur cortège de
recels, la drogue devenant alors une sorte de «pousse au crime». «On
s’aperçoit très vite que le coût de l’usage de cannabis multiplie les
risques de participer à un microtrafic ou d’autres types de délits pour
se fournir en drogue», considère le patron de la Mildt.

«Affiner selon l’âge»

Cet ancien juge d’instruction en décrit le mécanisme : «Au début, on
achète pour les autres, pour dépanner, puis on fait un petit bénéfice,
et puis un plus gros, et on étend son marché.»

Apaire ne
craint pas de le dire : «Le dealer est malheureusement souvent un jeune
usager.» Et «les parents ne doivent pas feindre d’ignorer ce risque
pour leurs enfants d’un ancrage rapide dans une délinquance dure et
durement réprimée, jusqu’à 5 ans d’emprisonnement», met-il en garde.

Après
un premier rapport, il y a deux mois, sur l’argent des dealers (nos
éditions du 3 décembre 2007), cette étude sur l’argent des usagers de
cannabis est la première du genre en France.

«Les chiffres
devront être affinés, notamment selon l’âge des usagers », prévient le
président de la Mildt. Mais la conclusion qu’il tire de ce premier
travail est sans ambiguïté : «La consommation de cannabis, outre le
risque de conséquences sanitaires qu’elle entraîne, apparaît comme un
moteur de la délinquance, compte tenu du budget qu’elle implique pour
s’en procurer.»

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