La prise d’ecstasy pourrait induire le vieillissement précoce du cerveau

Dernière mise à jour le 18/07/2016

Des chercheurs portugais pensent que le MDMA est  neurotoxique…

Date : Article paru dans l’édition du 23.09.07.
Source : le Monde

Les substances illicites qui modifient les états de conscience
peuvent-elles être consommées sans provoquer des conséquences
neurologiques à moyen ou long terme ? Peut-on continuer à laisser
présenter le cannabis et l’ecstasy comme de simples substances
"récréatives" ?

Les conclusions de plusieurs publications
scientifiques récentes incitent à répondre par la négative. La dernière
information dans ce domaine est signée par un groupe de biologistes et
de toxicologues portugais dirigés par le docteur Félix Dias Carvalho
(département de toxicologie, université de Porto). Mardi 18 septembre,
cette équipe annonçait avoir découvert un mécanisme moléculaire
expliquant l’action de l’ecstasy (ou MDMA) sur le métabolisme cérébral.
Les détails de leur travail sont publiés dans le dernier numéro du Journal of Neuroscience.
"Nos travaux nous permettent aujourd’hui de soutenir sérieusement
l’hypothèse selon laquelle la consommation de MDMA est de nature
neurotoxique
, explique le docteur Carvalho. Nous pensons que le
mécanisme que nous avons mis en lumière est de nature à pouvoir induire
chez les consommateurs de cette substance psychotrope un vieillissement
accéléré du système nerveux central et, par-là même, un risque accru de
survenue de pathologies neuro-dégénératives, au premier rang desquelles
la maladie d’Alzheimer."

SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

Dérivé
de l’amphétamine, l’ecstasy est généralement considérée par ses
consommateurs comme une substance dont la toxicité est, si elle existe,
minime. Corollaire ou pas, cette substance fait l’objet d’une
consommation croissante chez les jeunes, particulièrement lors des
manifestations "raves". Pour les spécialistes des neurosciences, ce
phénomène justifie pleinement que l’on s’intéresse aux effets qu’elle
provoque sur le système nerveux central. Il s’agit là d’un sujet de
recherche du même ordre que tous ceux, nombreux, qui concernent le
décryptage des mécanismes cérébraux des phénomènes d’assuétude.

En 2005, une équipe française de l’unité 619 de l’Inserm avait identifié dans la revue Brain Research un mécanisme d’action de l’ecstasy. "Travaillant
chez le rat – un modèle animal considéré comme pertinent en
neurobiologie -, nous avons montré que l’administration de MDMA à des
femelles gestantes, dans une période correspondant chez l’humain au
troisième trimestre de grossesse, induisait chez les petits puis chez
les rats devenus adultes des dysfonctionnements de certains circuits
neuronaux importants, ceux dits à dopamine et à sérotonine
, explique Sylvie Chalon, directrice de recherche à l’Inserm. Le
travail de nos collègues portugais apporte de nouvelles informations
sur les mécanismes d’action de l’ecstasy qui vont dans le même sens
quant à la toxicité à long terme."

L’équipe du docteur
Carvalho a également travaillé sur le rat. Ses derniers résultats
démontrent en substance que l’ecstasy agit directement sur les
mitochondries des cellules neuronales qui, réunies en différents
circuits, jouent un rôle majeur dans le fonctionnement cérébral. Les
mitochondries sont des organites intracellulaires qui fournissent
l’énergie indispensable au métabolisme de la cellule. La MDMA induit
une destruction mitochondriale en prenant pour cible une structure – la
monoamine oxydase B – qui est présente dans ces organites.

"Ce travail très intéressant confirme l’un des aspects neurotoxiques de l’ecstasy, estime Jean-Pol Tassin (Inserm, Collège de France). Il
nous permet d’avancer sur le décryptage des mécanismes de cette
toxicité et suggère de quelle manière on pourrait, peut-être, limiter
les effets délétères de cette drogue. Certains travaux récents laissent
en effet penser que l’antidépresseur Prozac pourrait être proposé comme
agent protecteur contre ce type de toxicité neurologique."

Jean-Yves Nau

 

Note de T+ : Il existe un nombre gigantesque de molécule dont la
consommation est neurotoxique mais avant de dire que la consommation d’un
substance peut induire un vieillissement accélérer du système nerveux central
il faut faire des études bien plus poussé que celle de trouvé un mécanisme
moléculaire de neurotoxicité. Par exemple, selon le même raisonnement des
chercheurs peuvent trouver un mécanisme moléculaire de neurotoxicité de la caféine
et déduire que la consommation de café pourrait conduire à la maladie d’alzheimer.
Bien sûr ça fait rire avec le café parce que l’on sait que les grands mères qui
en boivent n’ont pas plus de maladie d’Alzheimer que celles qui ne boivent que
du thé mais pour le MDMA ça fait peur parce que c’est une nouvelle drogue dont nous
avons pas assez de personnes en âge d’avoir Alzheimer qui en ont consommé
pendant des années pour pouvoir affirmer que cette consommation n’induit pas
cette maladie mentale. Mais c’est vrai qu’avec la merveilleuse conjugaison du « conditionnel
présent »  on peut raconter tout et n’importe quoi.
 

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