Les Hyènes françaises : un débat sur le cannabis totalement surréaliste

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Une fausse émission de télé piège le sénateur auteur du rapport "Drogue, l’autre cancer"…

Source: Chanvre-Info
http://www.cannaweed.com/news/commentaire-1307-hyenes-francaises-cannabis-totalement-surrealiste.html

Dans cette vidéo diffusée sur France 2 en 2005,
un faux animateur pose enfin les vrais questions
sur le cannabis à trois débatteurs ignorant
participer à une émission satirique. Le plateau
est composé du sénateur UMP Bernard Plasait,
auteur du rapport parlementaire « Drogue, l’autre
cancer », Serge Lebigot, président de
l’association France sans drogue et le
psychanalyste Mario Sanchez, directeur adjoint de
la clinique spécialisée en toxicomanie Montevideo.

Les deux croisés de la prohibition sont
habilement poussés à bout par le faux
journaliste. Leurs exagérations flagrantes sont
régulièrement contrées par le spécialiste de la
toxicomanie. Le sénateur Plasait reconnaît en fin
de compte que la dépénalisation pourrait être une
solution. Il aura fallu un acteur motivé contre
la langue de bois pour en arriver à cette
évidence. Que font les vrais journalistes ?

 

 


Les hyènes "débats et des hauts"
envoyé par ceciloo

Quelques observations :

Bernard Plasait reconnaît que l’usage régulier de
cannabis a triplé en dix ans mais il prétend que
sa dépénalisation entraînerait encore une
explosion de la consommation. L’exemple des pays
voisins abolitionnistes prouve pourtant le
contraire. Les Pays-Bas comptent moins de
consommateurs de cannabis ou d’autres drogues que
la France.

Pour éluder cette évidence statistique, Serge
Lebigot prétend que le cannabis serait
responsable d’une explosion de violence urbaine
en Hollande, pays soi-disant le plus touché en
Europe. Les Pays-Bas connaissent effectivement un
accroissement de la violence mais la situation
n’est absolument pas comparable avec la France.
Je pense que l’émission a été enregistrée avant
les émeutes. Il n’y a pas de voitures ou de
poubelles incendiées dans la banlieue
d’Amsterdam. Les violences et les incivilités
n’ont pas décuplé depuis 1990 comme en France. A
noter que les amis du sénateur UMP Plasait ont
occupé le pouvoir pendant 10 ans sur 17.

Malgré une approche sociale bien plus libérale
que la notre, les Pays-Bas sont classés 9ème au
classement WEF de la compétitivité des puissances
mondiales quand la France patauge à la 18ème
place. La Hollande connaît bien une montée du
hooliganisme et des émeutes raciales comme la
France. Mais on ne peut pas comparer les
relations sociales hollandaises, certes plus
tendues qu’à une époque mais encore assez
cordiales, avec la haine de la police et du
système chez les jeunes français. Chercher la
paille dans l’¦il du voisin pour ne pas voir la
poutre dans le sien, Serge Lebigot excelle dans
cet exercice nauséabond.

La disponibilité du cannabis n’entraîne donc pas
la décadence d’une société comme le pense Serge
Lebigot, des témoins de son obédience devant la
commission Plasait ou Nicolas Sarkozy qui ne
manque jamais une occasion de calomnier la
politique du cannabis en Hollande sur le mode
catastrophiste. Par contre, une bonne partie des
nuisances du tourisme « sociétal » est provoquée
par des français en quête d’une réglementation
plus pragmatique sur les drogues, la
prostitution, le jeu, l’avortement,
l’euthanasie…

Comme Mario Sanchez, je dénonce l’amalgame qu’il
tente de faire entre l’usage du cannabis et la
violence. Plus d’un tiers des jeunes sont des
usagers réguliers ou non de cannabis, il y a donc
forcément des usagers dans les auteurs de
violences. Pourtant, malgré des accusations
répétées depuis plus de 70 ans, aucune enquête
sérieuse n’a pu établir un lien entre le cannabis
et la violence. L’observation empirique de la
grande majorité des usagers amène le faux
journaliste des Hyènes à douter d’un lien de
causalité.

C’est pourtant un épouvantail toujours agité
violemment par la nébuleuse d’associations
prohibitionnistes comme Parents contre la drogue,
une autre casquette de Serge Lebigot, qui
bombardent les élus comme Bernard Plasait de
rapport et de notes hyper alarmistes. Ce dernier
n’hésite pas dans le débat à comparer la
consommation de cannabis avec le viol ou le crime
pour justifier la prohibition. Toujours
l’amalgame entre cannabis et déviance, ce thème
est aussi régulièrement exploité par la presse
populaire pour vendre du papier. Cette calomnie
systématique pourrie le débat partout dans le
monde. Elle est généralement tolérée par les
journalistes et les animateurs, l’acteur lui ne
s’en laisse pas compter. Il exaspère ainsi les
deux prohibitionnistes, visiblement peu habitués
à un journaliste aussi pugnace.

Ne pouvant plus se cacher derrière des arguments
bidons, le sénateur admet que le cannabis est
totalement disponible malgré l’interdit, ce n’est
donc pas logique de penser comme lui qu’un
changement de statut légal influera durablement
sur la consommation. Il admet aussi que le
dispositif de stage de prévention et d’amendes de
la dernière loi Sarkozy n’est pas adapté aux ados
et encore moins aux adultes intégrés. Il se sauve
un peu avec la sensibilisation des petits
enfants, dernier rempart du prohibitionniste
harcelé pour finir par admettre la dépénalisation
comme une solution. Une vraie révolution, je
regrette que le sujet ne montre pas la tête de
Lebigot à ce moment.

Le sénateur Plasait veut une politique unique,
applicable pour toutes les substances, c’est une
dissidence par rapport à Sarkoiznogood pour qui
le vin et les antidépresseurs ne sont pas des
drogues. C’est un appui à la ligne politique de
la MIDLT période Maestraci pourtant honnie par
Lebigot et ses amis. Ce sujet prouve qu’on peut
facilement coincer les prohibitionnistes dans
leur propre logique, sur leurs arguments. Il est
très inquiétant pour la liberté de la presse et
l’indépendance des médias que ce travail soit
uniquement réalisé par les Hyènes de France ou
d’Italie, par Djamel ou les Guignols, par Bruno
Solo ou Ivan Le Bolloch. Les bouffons sont une
interface indispensable entre le peuple et le
pouvoir. L’élite doit en tenir compte.

Laurent Appel

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