Un député italiens sur trois fait usage de drogues

Dernière mise à jour le 26/07/2016

1 tiers des députés italiens positifs aux tests de dépistage de drogues…

Pubdate: 9/10/06
Source: La Republica (traduit par Chanvreinfo) 
URL:http://www.chanvre-info.ch/info/fr/Italie-Les-hyenes-Un-depute-sur.html

ROME – Drogue au parlement ? Le test sur les députés effectué, grâce à
une ruse, par les Hyènes, allume une mèche politique. Avec le radical
Daniele Capezzone qui donne un commentaire caustique : « Je l’ai
toujours dit… » Alessandra Mussolini qui exige le nom des
consommateurs et Italo Bocchino, député de Alleanza Nazionale, qui, par
l’intermédiaire d’un avocat, demande la séquestration immédiate de
l’échantillon récolté illicitement et la destruction du même au cours
d’un procès. Dans la soirée tombent les foudres de Pierferdinando
Casini (UDC) qui liquide le « scoop » comme une « très mauvaise
trouvaille publicitaire ». Au contraire Piero Fassino ironise : « Il se
peut – dit le secrétaire des DS – que de cette façon on fasse plus vite
pour changer la loi Fini sur les dépendances ».Le test, effectué sur 50
députés à leur insu et dont les résultats seront présentés dans la
première émission de la nouvelle série du programme (10 octobre à 21
heures sur Italia 1) pourrait créer un embarras considérable dans les
palais de la politique : un parlementaire sur trois fait usage de
stupéfiants, surtout du cannabis mais aussi de la cocaïne. Voilà les
données : 32 % des « interviewés » a été trouvé positif : parmi cela 24
% (12 personnes) au cannabis et 8 % (4 personnes) à la cocaïne.

L’examen est le Drug Wipe, un tampon frontal qui, comme
nous l’explique Davide Parenti, chef des auteurs des Hyènes, a un
pourcentage de fiabilité de 100 %. En réalité le toxicologue
Piergiorgio Zuccaro, directeur de l’ Observatoire fumée, alcool et
drogue de l’Institut supérieur de Santé publique, définit le drug wipe
comme un test « sérieux et scientifiquement valable, mais insuffisant à
confirmer à lui tout seul la positivité à l’usage de drogue.
Normalement, si le drug wipe est négatif, le résultat est confirmé
comme tel mais s’il est positif, la confirmation ultérieure d’un
laboratoire est nécessaire, vu qu’il est possible de découvrir de faux
positifs.

Les députés ont été approchés sous le prétexte d’une
interview. Puis une fausse maquilleuse s’apercevait que le front de
l’interviewé était « trop brillant » et tamponnait. En réalité
l’ignorant s’était soumis, sans le savoir, au test qui révèle si l’on a
fait usage de stupéfiants dans les dernières 36 heures.

« Le test – explique Parenti – est fiable à 100 % si
l’on a usé de substances stupéfiantes dans les dernières 36 heures. Ce
qui signifie qu’il suffit d’en avoir fait usage plus de deux jours
avant pour être négatif. L’erreur peut plutôt être faite par défaut :
il peut en effet se passer que le test ne réagit pas chez quelqu’un qui
a effectivement consommé cannabis, coke ou autre chose, mais jamais il
n’indique comme positif quelqu’un qui est propre.

Dans le reportage – enquête on ne reconnaîtra pas les
députés soumis au test : « Nous mêmes ne savons pas lesquels sont les
positifs parmi les députés interviewés. Ce qui nous intéresse n’est pas
la violation mais les données en pourcentage. Et c’est justement sur
l’anonymat que se rue la combative Mussolini : « Nous voulons savoir
qui, parmi les représentants du peuple, fait usage de drogues, comment
et chez qui il l’achète mais surtout s’il la vend. Il ne nous manque
plus que le député « pusher » (dealer). Et pour que l’on sache qu’elle
ne rigole pas, la leader de Azione Sociale a déjà activé une pétition
on-line sur le site du parti à présenter aux présidents des deux
chambres.

Sur des positions complètement opposées Luigi Lusi, de
la Margherita, qui demande aux Hyènes d’y repenser et de ne pas
diffuser une « enquête altérée » car, en se basant sur les
anticipations, elle serait non seulement basée sur des méthodes à
vérifier, mais elle laisserait à désirer tant du point de vue des
droits que de celui du respect de l’intimité personnelle et, last but
not least, du point de vue de la fiabilité médicale, en donnant un
message faussé aux jeunes qui représentent justement le public
principal de cette émission ». Lusi, comme Mussolini, demande à
Bertinotti et Marini une intervention, mais de signe contraire, c.à.d.
en défense des parlementaires.

Sur le scoop des Hyènes intervient aussi le ministre
pour la solidarité sociale Paolo Ferrero qui ne s’étonne pas devant
« ce qui est la vox populi sur la consommation de substances de la part
de bien des parlementaires ». Ferrero demande donc « au monde politique
de réfléchir de façon un peu plus laïque sur la matière ».

Invité à Porta a Porta Casini et Fassino se la jouent
différemment l’un de l’autre. Très dur le leader de l’UDC : »Cette
chose me semble une très mauvaise trouvaille publicitaire. La fiabilité
de cette espèce de test pseudo scientifique est nulle ». Fassino au
contraire explique ironiquement que peut-être cette émission aidera le
Parlement à faire une nouvelle loi sur la drogue.

Jugement tranchant celui du député Vert Paolo Cento qui
s’en prend aux moralistes : « L’hypocrisie d’une partie du monde
politique qui vote des lois liberticides et ensuite sniffe de la coke
ne surprend point ».

Plus désinvolte Capezzone : « J’ai appris en lisant la
ruse utilisée par « les Hyènes » auxquelles je transmet mes
compliments. De mon côté j’ai toujours soutenu que si un chien policier
entrait dans certains lieux de la « politique officielle » tout d’abord
son nez ferait Tilt, puis il renoncerait… »

Et Carlo Giovanardi, ex – ministre, « père » de la
récente loi sur la drogues, demande ironiquement que l’examen soit
élargi au Sénat aussi : « Si les Hyènes veulent dire que même au
Parlement il y en a qui consomme de la cocaïne – dit Giovanardi – elles
découvrent l’eau chaude » . Pour conclure, avec une lourde allusion,
« Il suffit d’aller voir parmi les sénateurs à vie… »

Entre temps, Italo Bocchino a mandaté l’avocat Leone
Zettieri pour engager une action judiciaire contre l’émission « Les
Hyènes » : « Tout en n’ayant rien à cacher – explique-t-il – et tout en
étant parmi les députés négatifs au test toxicologique, je trouve
gravissime du point de vue pénal le sans-gêne de qui, dans le but de
‘faire de l’audience’, est aujourd’hui en possession de l’ADN de
cinquante parlementaires.

Le Vert Tommaso Pellegrino admet aussi être « parmi les
parlementaires qui se sont soumis au test des ‘Hyènes’ » mais « ne pas
faire usage de drogue donc d’être disponible à me soumettre aussi à
d’autres tests ». Cela dit il espère que « l’enquête promue par cette
émission puisse représenter une occasion de débat, même parlementaire,
contre l’hypocrisie du prohibitionnisme qui n’a causé que des
dommages ».

 

Traduction Chanvre-Info

Petit lexique :

Daniele Capezzone : Secrétaire des Radicali italiani
(parti Radical – antiprohibitionniste) et député à la chambre pour « La
rosa nel pugno » (Union des Radicaux et des anciens Socialistes
survécus à Craxi)

Alessandra Mussolini : leader de « Azione Sociale » .
Groupe sorti à droite de Alleanza Nazionale pour non respect de la
mémoire du grand-père de Alessandra Mussolini, Benito

Alleanza Nazionale : parti surgi des cendres du MSI
(Mouvement Social Italien). Ex parti Fasciste qui après la défaite en
1945 avait dû changer de nom

Italo Bocchino : Député de Alleanza Nazionale,

Pierferdinando Casini : leader de l’UDC, partie de la Démocratie Chrétienne qui s’est alliée à Berlusconi

Piero Fassino : Secrétaire des DS (Démocrates de
gauche),
DS (Democratici di sinistra – Démocrates de gauche) : ex PCI (Parti
Comuniste Italien) qui a changé de nom après l’effondrement de l’URSS

Gianfranco Fini : Secrétaire de Alleanza Nazionale

La Margherita : Parti catholique allié des DS. La plus grosse partie de l’ancienne Démocratie Chrétienne

Carlo Giovanardi : ancien ministre du gouvernement
Berlusconi. Auteur, avec Fini, de l’horrible loi sur les drogues qui
porte leur noms votée en toute vitesse à la fin de la précédente
législature

Porta a porta : émission fétiche de la première chaîne
italienne où les chefs aiment défiler et se montrer devant les yeux
d’un mammouth du journalisme au service du gouvernement qui se nomme
Bruno Vespa.

Andrea Salati, traducteur du texte.

 

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