La préfète de la rue de la soif

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Une préfette en guerre contre les pratiques festives à Rennes…

Source : Revue de presse de la MILDT du 17/01/2006

LE MONDE dresse un portrait de Bernadette Malgorn « La préfète de la rue de la soif ».
Indiquant « qu’à Rennes, de nombreux jeunes avaient pris l’habitude de
faire la fête sur les trottoirs du centre ville », le journal souligne
que « Bernadette Malgorn, préfète de région a entrepris d’y mettre bon
ordre. Façon musclée ». D’après le quotidien, « la nouvelle « mère fouettarde » des nuits rennaises, connaît son sujet, autrement dit, ce quartier du centre ville également appelé « rue de la soif  ».
Le journal qui rapporte qu’elle « veut mettre fin aux bacchanales
alcoolisées qui se déroulent chaque jeudi soir », précise que pour ce
faire, elle utilise "les grands moyens et déploie des forces de l’ordre
en nombre", ce qui a surpris, et lance un débat qui « bouscule la
politique locale ». Affirmant que ces débordements ne sont pas nouveaux
à Rennes, le journal note qu’aujourd’hui, paradoxalement, ce ne sont
pas les bars qui occasionnent les nuisances mais les consommateurs qui
boivent dehors, discutent et chantent, « un cauchemar pour les
riverains ». Affirmant que les coupables désignés sont les nouveaux
modes de consommation d’alcool, le quotidien précise que chaque petit
groupe prépare un « mix » mélangeant alcool fort et jus de fruit
dans une bouteille en plastique, ce qui permet d’atteindre l’ivresse
rapidement. D’après le journal, Bernadette Malgorn a fait « une
description apocalyptique de ces soirées » affirmant «  c’est assez
hallucinant. vous avez là des gens tout à fait normaux (…) étudiants
(…) qui viennent avec des sacs remplis de bouteilles (…) ces gens
ingurgitent tout cela, se déshabillent, font partout… il y a des
accouplements en plein air, des hurlements… On casse tout se qui se
trouve sous la main
 ». Le Monde qui indique que « pour arriver à
ses fins la préfète s’est dotée d’un arsenal juridique digne des pays
scandinaves », évoque les différents arrêtés visant à limiter la
consommation d’alcool, mais aussi la mobilisation des CRS et les
affrontements « bombes lacrymogènes contre canettes de bière ». Après
avoir signalé que le 6 janvier, 200 personnes ont manifesté pour
demander la démission de la préfète, Frédéric Potet fait état de son
« sens de la communication redoutable » dont témoigne un publi
reportage émanant de la préfecture et publié dans Ouest France sous le titre « La Bretagne face à ses démons »
(alcool, tabac , cannabis, fêtes). Le journaliste observe que la
préfète n’a aucun mal à justifier sa politique puisque selon les
études, la Bretagne « bat tous les records d’alcoolisation chez les
jeunes », pour interroger « la matraque peut elle limiter le
phénomène ? ». Un musicien, animateur des Etats généraux de la fête,
assure « culpabiliser les pratiques festives en affirmant que c’est la source de tous les excès est une erreur  ». Selon lui, l’attitude de la jeunesse «  rue de la soif  » correspond d’abord « aux
nouvelles pratiques festives d’une population jeune qui n’est plus la
même que celle d’il y a quinze ans. C’est la génération rave parties.
Ces jeunes aiment se retrouver en dehors d’un système marchand (…)
comme ils ont moins d’argent ils ont pris l’habitude de détester les
bars de nuit
 ». Evoquant la fermeture de nombreux bars à Rennes en
raison de décrets ou circulaires, le journal rapporte les propos d’un
sociologue « les professionnels de la nuit parvenaient à organiser
l’ivresse dans leurs établissements (…) boire dehors augmente le
risque toxicomaniaque, car on croise dans la rue d’autres populations
qui consomment d’autres produits
 ». Frédéric Potet souligne que la municipalité a lancé au printemps les soirées « Dazibao »
gratuites et sans alcool avec spectacles, sport, surf sur internet,
transats, mais que si elles attirent environ 2000 personnes en moyenne,
le problème de l’ivresse n’est pas pour autant réglé, sachant toutefois
que les nuisances ont considérablement diminué. Edmond Hervé, maire de
Rennes considère de ce fait que l’on peut s’attaquer à l’alcool
autrement qu’avec « une conception sécuritaire de la jeunesse » et il reproche à la préfète, selon lui « très politique », d’avoir porté atteinte à la réputation de la ville. Bernadette Malgorn, qui assure « ne pas être « téléguidée » par Nicolas Sarkozy », se défend «  la lutte contre la consommation excessive d’alcool n’est pas une politique de droite mais une politique durable de l’Etat ». Un propriétaire de bar qui a dû renoncer à organiser ses concerts, contredit pour sa part la préfète « Rennes ville rock, ville de gauche, est une ville test pour le gouvernement. Bernadette c’est Nicolas ».

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