Sarkozy, champion de la statistique policière

Dernière mise à jour le 26/07/2016

C’est la bonne vieille ville sécuritaire d’Orléans (Loiret) que Nicolas Sarkozy a élu pour présenter ses vœux aux acteurs de la sécurité et dresser son bilan en la matière depuis 2002. Dès son arrivée en 2001, le maire UMP Serge Grouard a pris des arrêtés antibivouacs, antimendicité et antiprostitution avant de décréter deux couvre-feux. C’est également à Orléans qu’est survenue l’agression ultramédiatisée de Paul Voise à l’avant-veille du premier tour de la présidentielle en 2002 où Le Pen accéda au second tour.

Reconquête. C’est donc dans cette commune dotée de 108 agents de police municipaux, de 80 caméras de surveillance dans les rues et 222 autres dans les transports en commun que le président de la République a voulu «mesurer le chemin parcouru depuis bientôt sept ans dans la reconquête de l’ordre public». Il a exposé ses grandes réformes, telle la création en 2008 de la direction centrale du renseignement intérieur qui, par la fusion d’une partie de la DST et des RG, se veut une véritable machine de guerre contre le terrorisme. Il a insisté sur le rapprochement majeur sous une même«unité de commandement des deux forces de sécurité» du pays : «La police avec ses 144 700 fonctionnaires et la gendarmerie avec ses 100 000 militaires», placés désormais sous l’autorité du même ministre de l’Intérieur.

Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy a dégainé ses sacro-saintes statistiques de la délinquance qui valent à ses yeux paroles d’évangile pour torpiller ses prédécesseurs socialistes : «Nous avions hérité, certains donneurs de leçons l’ont oublié, d’une situation catastrophique : entre 1997 et 2002, la délinquance avait augmenté de 15 %», attaque le chef de l’Etat qui se targue de l’avoir fait chuter de 13,5 % (lire ci-contre) en sept ans, selon des règles de calcul pas toujours très fiables. Il annonce une baisse de 1 % de la délinquance générale en 2008, «de 6,3 % pour la délinquance de proximité, de 5,4 % pourles violences aux personnes d’origine crapuleuse». Le président se garde bien de dévoiler que les 170 000 infractions à la législation sur les stupéfiants constatées en 2008 visent en masse les simples usagers de cannabis, les petits fumeurs de shit. Il affiche crânement que«depuis 2002, 1,5 million de crimes et délits ont été évités». Il porte ainsi ces statistiques controversées à son crédit : «On m’a reproché de développer une culture du résultat. Qui oserait s’en plaindre aujourd’hui à la lecture de ces chiffres ?» Il se vante d’un taux d’élucidation record des affaires, de 37 % mais omet de préciser qu’un gros tiers de ces affaires élucidées sont des infractions à la législation sur les étrangers ou sur les stupéfiants et des racolages, des délits sitôt constatés par la police, sitôt résolus.

Rénovation. Nicolas Sarkozy a annoncé un budget de 100 millions d’euros affectés à l’achat de véhicules pour la police et la gendarmerie et 80 millions pour la rénovation des prisons. Parmi les priorités de 2009, le chef de l’Etat place la lutte contre toutes les violences, qu’elles soient urbaines,«à caractère communautariste» ou contre les personnes : 5 % des gens vivant en France se déclarent en effet victimes de violences physiques. Le président de la République condamne les actes à caractère antisémite mais aussi les gestes racistes, et toute exploitation du conflit au Proche-Orient.

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