Héroïne et cocaïne : attention à l’overdose

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Dans la manche moins de shit mais plus d’héro et de coke…

Source : http://www.cherbourg.maville.com/
Date : 17/01/2008
Nadine BOURSIER.

Enquête. La Manche n’est pas une presqu’île
épargnée par les drogues. Depuis deux ans, la consommation et le trafic
d’héroïne et de cocaïne explosent. 

Des consommateurs plus jeunes. Des trafiquants ruraux. Des prix en
baisse. La « démocratisation » de la cocaïne, et maintenant de
l’héroïne, inquiète. « Les affaires liées à l’héroïne
commencent à prendre le pas sur les enquêtes liées au cannabis, y
compris dans les zones reculées,
reconnaît le capitaine Serge Thépaut de la compagnie de gendarmerie de Saint-Lô. « Les quantités saisies sont à la hausse et il y a une augmentation du trafic de drogues dures dans la Manche depuis quelques mois »,
constate le procureur François Gosselin. Le commissariat de Saint-Lô a,
lui, saisi plus de 900 g d’héroïne entre octobre et décembre dans le
Saint-Lois. Depuis deux ans, la consommation d’héroïne, en chute libre
depuis le milieu des années 1990 (1), est en train de remonter en
flèche.

Les cas d’overdoses suivent la même courbe. On évoque
quelque 6 morts par surdose en 2007 dans la Manche. En novembre
dernier, le substitut du procureur lors d’une comparution indiquait que
« l‘agglomération cherbourgeoise avait connu six overdoses en 18 mois ».
Des décès dus à des cocktails détonants : grosse prise d’héroïne ou de
méthadone, ou de subutex mélangé à de l’alcool ou à des benzodiazépines
(médicament aux propriétés hypnotiques, anxiolytiques,
antiépileptiques, amnésiantes).

60 ? le gramme

Ces drogues dites « dures » ont pris le pas sur l’herbe et le cannabis. La balance s’est inversée à tel point que l’été dernier « on se procurait plus facilement de l’héroïne que du cannabis à Cherbourg », indique le docteur Catherine Durand, médecin-chef référent du centre Presqu’île à Cherbourg. La
récente reprise de la production de pavot en Afghanistan n’y est pas
pour rien : elle s’est traduite par une augmentation de l’offre. Et
donc une baisse des prix. De 240 ? le gramme il y a quelques années,
l’héroïne est passé à 60 ? le gramme.

Parallèlement, l’offre de
cannabis s’est raréfiée. À cause des multiples saisies. Mais aussi
parce que l’héroïne ou la cocaïne « rapportent » plus. « La valeur marchande de l’héroïne ou la cocaïne rend attractif le trafic », confirme le capitaine Serge Thépaut. Sans compter que ces produits sont « plus addictifs », selon le docteur Durand. Et donc « fidélisent ».

Héroïne sniffée

Autre élément de réponse : le mode de consommation a changé. « L’héroïne n’est plus shootée, mais sniffée, explique le docteur Durand. Ce
qui banalise le geste. Ce n’est pas le même acte que de s’enfoncer une
aiguille dans le bras. Mais la dépendance est toujours au rendez-vous.
 » On ne la prend pas non plus pour les mêmes raisons. Des trentenaires disent en prendre, comme une soupape, pour « se calmer », « gérer ». « Plus
de la moitié de nos patients ont un travail ou bénéficient des
ressources de leurs parents. Nous recevons des mères de familles, des
gens insérés…
 »

La Manche, réputé il y a dix ans pour n’avoir aucun problème de toxicomanie, se retrouve aujourd’hui « dans la moyenne nationale », remarque le docteur Catherine Durand, médecin chef du département d’addiction de l’hôpital. « Aujourd’hui, les zones rurales ne sont pas épargnées. »
Et de citer Saint-Vaast-la-Hougue, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Carentan,
Pont-Hébert… Des communes où l’on ne soupçonnerait pas ce genre de
problème.

(1) Depuis la diffusion des programmes de substitution.

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