Pernod-Ricard accusé de deal avec les cartels de la cocaïne

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Pernod-Ricard, dealer de drogues légales, accusé de fricoter avec les cartels colombiens de la cocaïne…

source : http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/269689.FR.php
Date : 30/07/2007
 

Le fabricant d’anisette assigné en justice par la Colombie.

Les multinationales de
l’alcool ont-elles travaillé avec les cartels de la drogue en Colombie
? C’est ce que va devoir trancher un tribunal de New York, où un juge
vient de déclarer recevable une plainte de la Colombie contre le
Français Pernod-Ricard et son rival britannique Diageo (propriétaire de
Johnnie Walker et Smirnoff, entre autres marques). Tous deux sont
accusés d’avoir organisé la contrebande de leurs produits grâce au
blanchiment des revenus de la cocaïne. C’est une première victoire pour
l’Etat colombien et plusieurs départements du pays sud-américain, qui
ont entamé la procédure fin 2004.
 

 
 

Aguardiente . Depuis des années, ces administrations
régionales, qui financent en partie leurs écoles et hôpitaux grâce à un
monopole sur la fabrication d’alcools locaux, s’inquiétaient de voir
leurs concitoyens, même modestes, préférer les whiskys ou brandys
d’importation à l’économique aguardiente du cru. Les multinationales
auraient développé la consommation locale de leurs produits, vendus à
très bon prix car introduits en fraude grâce à des narco-blanchisseries
offshore. Un système qui a déjà été utilisé, sur plusieurs continents,
par les multinationales du tabac. En Colombie, c’est Philip Morris qui
a instauré le procédé : dans les années 1990, un sénateur ripoux,
Samuel Santander Lopesierra, s’était gagné le surnom de «cow-boy
Marlboro» en inondant le marché de cigarettes blondes «tombées du
camion». Le carrousel de blanchiment qu’il a organisé aurait, selon
Bogotá, profité aux majors de l’alcool.

 
Le négoce consiste en
un coup à trois bandes. Dans une première phase, le résultat de la
vente de cocaïne dans les rues de Washington ou Boston était placé sur
les comptes de prête-noms aux Etats-Unis. Ensuite, les trafiquants
faisaient virer ces dollars à des acheteurs colombiens, en échange de
pesos disponibles sur leur terre d’origine. Alléchés par une généreuse
commission, les acquéreurs des billets verts, comme Santander
Lopesierra, encaissaient les sommes en toute discrétion, à travers des
sociétés écran de Panama ou d’Aruba.
 

Blanchiment.  Enfin, avec ces fonds presque blanchis,
les entreprises offshore achetaient aux multinationales du whisky
Ballantine’s, du brandy Domecq ou du gin Gordon’s. pour les faire
entrer en contrebande sur le sol colombien. Pernod comme Diageo «étaient parfaitement au courant de ce qui se passait», accuse Bogotá. Les deux entreprises auraient
«à tout moment contrôlé» le négoce de blanchiment, et participé directement à la création du
«réseau de compagnies, à Panama et Aruba, destiné à camoufler l’origine criminelle des fonds».

L’arrestation de
Santander Lopesierra, en 2002, n’a pas empêché les deux géants de
continuer à commercer avec ses entreprises. Ils pouvaient même se
permettre, affirment les plaignants, de facturer leurs marchandises aux
sociétés écrans à un prix plus élevé qu’aux grossistes légaux : la
différence était indolore pour les contrebandiers, qui payaient grâce
aux dollars bradés par les narcos. Depuis 2004, Pernod-Ricard n’a pas
changé de position et continue à «nie r catégoriquement» les accusations. Jusqu’ici,
l’entreprise a surtout tenté avec Diageo d’obtenir le rejet de la
plainte pour vice de forme, voire de faire déplacer le cas devant la
justice colombienne – beaucoup plus lente, engorgée et sujette à
corruption. Mais depuis le refus du juge new-yorkais, le groupe répète
que «la plainte n’est pas fondée».

 

Laisser un commentaire