Dernière mise à jour le 03/01/2024
Le vendredi 2 mai 1997, au teknival de Courcelles-sur-Seine, Techno+ mettait en place, pour la 1ère fois, un stand d’analyse de drogues par la méthode de testing, seule abordable à l’époque. Ce stand fut créé et animé par André Bénézech, alors vice-président de l’association. Sans lui, sans sa volonté, personne n’aurait osé le faire, car avec cette démarche nous entrions dans un no man’s land juridique et dans un combat, qui perdure encore aujourd’hui, sur l’accès aux informations sur la composition des produits comme moyen de faire de choix de consommation éclairés.
André Bénézech au teknival de Caen en mai 1999 (images Raphaël Morinière)
Thierry, le fondateur de Techno+, avait fait sa connaissance en 1995 par l’intermédiaire du Collectif d’Information et de Recherche Cannabique. André était l’un des premiers à se rendre dans les teufs pour y pratiquer la réduction des risques liés aux usages de drogues en tant que bénévole de Médecins du Monde. Le 18 novembre 1995, il participait à la première intervention officielle de Techno+ dans une rave en Île-de-France. Une action de testing des ecstasy était déjà envisagée mais bien trop avant-gardiste puisque même les flyers de Techno+ n’avait pu être distribués ce soir-là à la demande des organisateurs !
Le teknival de Millau en 1996 fut une autre expérience inoubliable avec André tout comme la Love Parade de Berlin en 1997. Il affrontait toutes les situations de crises avec un calme olympien, le maître du débadtripage.
Extrait d’une interview d’André en 1997 (Documentaire Graffiti 1996-1997, France 5 – 2007)
Agir, agir et encore agir
Il a grandement contribué au développement de Techno+. À cette époque, nous avions obtenu notre première subvention du Ministère de la Santé grâce à lui en 1997.
Venant de l’association Aides à Nice où il distribuait des seringues pour lutter contre l’épidémie de SIDA, puis président du Tipi en 1995 et 1996, association communautaire de femmes séropositives à Marseille, André faisait partie de ces militants pour qui le « pouvoir agir » primait sur la légalité ou non d’une action, à partir du moment où celle-ci était juste et nécessaire.
Sans lui, sans sa capacité à mesurer le moment où il faut agir, la question de l’analyse des drogues n’aurait pas pu avancer autant en France.
Quelques semaines après le teknival de Courcelles-sur-Seine, André prit du recul à Techno+, dont il resta membre jusqu’en 2001, afin de se consacrer entièrement à la Mission Rave de Médecins du Monde, qu’il venait de créer avec son ami Christian Sueur, aventure commune entre nos deux associations.
André Bénézech pratiquant le testing avec Médecins du Monde en 1999 (images Raphaël Morinière)
Curieux, passionné, André a milité toute sa vie, notamment pour les médecines naturelles et psychédéliques.
Il nous a quittés le 19 décembre 2023 à l’âge de 71 ans.
En tant qu’orga dans les années 90, je n’ai que de souvenirs hyper affectueux d’André. Un homme imparable, ouvert, passionné, positif et disponible, on pouvait compter sur lui pour une solidarité sans faille dans la lutte éternelle contre les autorités et leur politique de repression aveugle, pour d’excellents conseils et pour sa parole inébranlable. Un grand bonhomme. Merci, André, repose-toi bien.