Vers une thérapie de la dépendance psychologique à la drogue

Dernière mise à jour le 18/07/2016

On connaît les traitements de substitution pour la dépendance physique, bientôt arriveront les médicaments contre la dépendance psychique…

Date : 02/04/2006
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BERNE – Un médicament contre la dépendance psychologique à certaines drogues comme la cocaïne ne relève plus de la science fiction. Des chercheurs de l’Université de Genève ont réalisé une percée dans la compréhension et le traitement de l’"addiction".

"Nous avons emprunté le terme ‘addiction’ au vocabulaire anglo-saxon pour distinguer la dépendance physique à proprement parler de la dépendance psychologique qui est l’envie de reprendre une drogue", a expliqué aux médias Christian Lüscher, directeur de la recherche et professeur à la Faculté de médecine de Genève.

En travaillant sur le cerveau de souris ayant absorbé de la cocaïne, Camilla Bellone et Christian Lüscher ont démontré que l’addiction résulte d’une modification physiologique des neurones. La prise de cocaïne déclenche en fait des réactions qui rendent perméables au calcium des cellules nerveuses qui ne l’étaient pas.

Les scientifiques genevois se sont ensuite demandé comment inverser le phénomène afin de retrouver la situation antérieure à la prise de cocaïne. Ils ont alors découvert qu’une substance brevetée par le groupe pharmaceutique Roche, le Ro 67-7476, possédait les propriétés requises pour un tel retour en arrière.

"Lorsqu’une souris reçoit une prise de cocaïne, les vannes du calcium, dans son cerveau, sont ouvertes pendant quatre jours. Si on lui administre cette substance les vannes se referment en quelques minutes", a expliqué le professeur Christian Lüscher.

On ignore pour l’heure si la substance produit les mêmes effets après des prises de stupéfiants répétées et étalées sur une longue durée. "C’est une chose que nous sommes encore en train de tester en laboratoire", a indiqué le chercheur genevois. En revanche, la méthode peut s’appliquer à d’autres
produits et même à l’alcool.

Publiés dans la revue américaine "Nature Neuroscience", ces découvertes font déjà naître l’espoir d’un traitement pharmaco-thérapeutique dans les cinq à dix prochaines années. Le professeur Lüscher a cependant admis qu’on était encore assez loin des tests effectués sur des êtres humains.

Pour des raisons commerciales, les compagnies pharmaceutiques peuvent être réticentes à développer un produit destiné aux seuls toxicomanes, a ajouté le professeur. Mais s’il devait se confirmer que l’addiction liée à la cocaïne s’apparente à l’envie de manger, la question de la rentabilité de ce produit ne se poserait plus.

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