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Les Français font de plus en plus appel aux médicaments pour
améliorer légalement leurs performances…
Source : Revue de presse de la MILDT du 07/06/2006
Dans la rubrique " Sciences & Ethique" de LA CROIX de lundi – mardi, un dossier sur « l’envolée des pilules de la performance »
car « Les Français font de plus en plus appel aux médicaments pour
améliorer leurs performances, prévenir des maladies ou accéder au bien
être ».
Un éditorial de Michel Kubler qui interroge « Tous dopés ? »
et assure « qu’accueillir cette interrogation et lui reconnaître une
pertinence personnelle ne va pourtant pas de soi » car c’est « admettre
un besoin ou une volonté de dépasser nos capacité spontanées à
affronter les défis de la vie » et donc « convenir que le désir d’être
performant rend l’homme dans une plus ou moins grande mesure
dépendant ». Considérant que « plutôt que d’accabler ceux qui sont pris
dans ce type d’engrenage (…) mieux vaut réfléchir aux causes plus
larges de ce phénomène », l’éditorialiste interroge « dans quel monde
vivons nous donc pour que toute entreprise et par là donc toute
personne y soit jaugée et jugée à la seule aune de ses exploits ? ».
Selon lui « il y a là matière à réflexion pour chacun et appel à sa
responsabilité ».
Pour Anne Castot, pharmacologue à l’Agence sanitaire de surveillance des produits de santé et conseillère de l’exposition « Pilules de la performance. Tous dopés » (Cité des Sciences de la Villette) « Tous les signaux sont au rouge ».
Le journal qui souligne que depuis plus d’une décennie, on répète que
les Français sont les plus grands consommateurs au monde de substances
psychotropes, relève qu’aujourd’hui la consommation d’autres produits
semble se généraliser tant pour des médicaments prescrits sur
ordonnance ou proposés sur internet que pour les compléments
alimentaires. Notant qu’entre 1994 et 2004, la vente de boîtes
d’antidépresseurs a augmenté de 270%, que l’on a vendu entre deux et
trois et fois plus de pilules dites de « l’obéissance »
(Ritaline et Concerta) et que les ventes de médicaments inducteurs de
l’érection ont été multipliées par quatre, avec une augmentation de 16%
des ventes de compléments alimentaires entre 2003 et 2004, le quotidien
relève que cette surconsommation s’observe dans toutes les catégories
sociales. D’après le journal, cette tendance forte s’inscrit, selon les
sociologues, « dans l’ambiance dominante de notre société (…) qui
fait de la performance une valeur sociale positive, synonyme de
réussite ». Ainsi, selon un sondage de 2005, 53% des cadres se
considèrent comme plus stressés en raison de la pression au travail, et
selon une étude de 2004, une personne sur cinq a recours à un produit
dopant pour être en forme au travail. Une étude de 2000 montre aussi
que 56% des étudiants de première année de médecine de Nancy ont
consommé des produits à des fins de performance et de lutte contre le
stress. Le journal qui fait état d’un même constat au lycée, évoque
l’étude Escapad de l’OFDT qui indique qu’un garçon de 18 ans sur cinq
et une fille sur trois ont déjà pris un produit pour améliorer les
résultats scolaires, très souvent des vitamines, sachant toutefois que
la consommation de psychotropes concerne un jeune de 17 ans sur quatre
en 2003 contre un sur cinq en 2000. Un point sur les compléments
alimentaires dont la prise peut entraîner des risques pour la santé
mais que 11% des adultes consomment (19% d’entre eux en consommant en
permanence), de même que sur les antioxydants et hormones diverses
visant à combler les carences liées à l’âge.
Dans un deuxième article La Croix estime que « Les antidépresseurs sont trop aimés des Français »,
sachant que près de 10% des Français ont fait l’objet d’une
prescription et que 20% d’entre eux en prendraient alors que leur état
de santé ne le justifie pas. Par ailleurs, d’après l’OFDT,
l’autoprescription de médicaments psychotropes concerne près d’un
adulte sur cinq. Evoquant les antidépresseurs de la famille du Prozac,
qui seraient de plus en plus prescrits par les médecins dans au moins
70% des cas, pour soulager les patients déprimés plutôt que dépressifs,
l’agence souligne que cette administration à des patients déprimés peut
conduire au suicide et que l’Agence européenne du médicament
déconseille cette prescription aux moins de 18 ans. Suit un
développement sur le pronostic de la dépression et sur les pressions de
l’industrie pharmaceutique sur les médecins. Conclusion sur la campagne
préparée par l’Afssaps visant à inciter les médecins à moins prescrire
d’antidépresseurs et sur le rapport concernant l’usage des médicaments
psychotropes, préparé par la députée Maryvonne Briot.