La réduction des risques menacée ?

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Des médecins réagissent à la pétition d’Act Up sur la réduction des risques…

Source : http://www.sidanet.asso.fr/webapps/komplete/
Auteur : Philippe ROY
Date : 13-Déc-2007

Le petit monde des usagers de drogues, regroupés au sein de l’association ASUD, est en émoi. Alors que la Direction générale de la santé lui reconnaît un rôle majeur au sein du système de soins, pour accompagner et éduquer les toxicomanes, la MILDT ne reconduit pas les subventions qu’elle lui accordait, laissant planer un doute sur l’avenir de la politique de réduction des risques.

LES 4es ÉTATS GÉNÉRAUX des usagers de drogues, qui devaient se tenir ces jours-ci, à l’initiative d’ASUD, n’auront pas lieu, faute de subventions de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT). Pas plus que ne pourra être conduite une « préenquête sur les besoins des toxicomanes en matière de substitution », comme le prévoyait la MILDT avant qu’elle ne passe sous la direction d’Etienne Apaire (décret du 29 août 2007), magistrat proche de Nicolas Sarkozy, avec qui il collabora au ministère de l’Intérieur. Depuis huit ans, l’association Auto-Support d’usagers de drogues (ASUD), créée en 1992, bénéficiait chaque année d’une subvention de 30 000 euros de la MILDT (voir encadré). Pour une quarantaine d’organisations et plusieurs médecins spécialistes (voir plus bas), signataires d’une lettre ouverte à Etienne Apaire, en date du 3 décembre, c’est l’incompréhension la plus totale, d’autant que la loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades appelle implicitement à la constitution de regroupements de patients en vue d’améliorer le système de santé.

Faut-il entendre que les toxicodépendants redeviennent dans l’esprit des pouvoirs publics des délinquants, comme ce fut le cas sous l’ère Chalandon, garde des Sceaux entre 1986 et 1988, s’inquiètent les Drs Philippe Batel, Maryline Touze, Emmanuelle Peyret, Alain Morel, William Lowenstein et Claude Jacob ? Or «l’ensemble du secteur des intervenants en toxicomanie s’est toujours accordé sur l’importance d’une collaboration avec les associations d’autosupport, tant comme vecteurs d’informations que pour leur rôle d’éducation». Ce sont d’indispensables «partenaires de la lutte contre les maladies infectieuses ou de la réduction des risques en général». Celle-ci, d’ailleurs, est inscrite dans le marbre de la loi du 9 août 2004 (art. L.3411-6, 7 et 8 du code de la santé publique). La Direction générale de la santé (DGS) ne s’y trompe pas, puisqu’elle devrait produire prochainement un texte officialisant le rôle de représentant des usagers de drogues au sein du système de santé dévolu à ASUD. A moins que la MILDT ne contrarie une telle démarche. Son nouveau président se montre pour le moins sur la réserve. «Il ne saisit pas comment peut existerun mouvement comme le nôtre», dit au « Quotidien » Pierre Chappart, chef du projet représentant des usagers de drogues dans le système de soins pour ASUD. «Il nous l’a fait savoir lors d’une rencontre le 19octobre», le jour même où il affirmait dans « Valeurs actuelles » vouloir «renforcer l’idée selon laquelle la substitution n’est pas une fin en soi et qu’il faut en sortir». «On est en train d’affaiblir, peut-être sans le vouloir, une relation soignants-soignés qui s’améliorait, comme en témoigne la chute spectaculaire du nombre d’overdoses et la baisse du taux de nouvelles contaminations par le VIH» (3 % chez les toxicomanes en 2004, contre40 % en 1993, avant l’arrivée du Subutex), met en garde le Dr Alain Morel, directeur médical du Trait d’Union (Hauts-de-Seine).

Le budget d’ASUD

ASUD affiche un budget annuel de quelque 400 000 euros, dont 130 000 proviennent de la DGS, 90 000 d’Ensemble contre le sida, 60 000 de l’INPES (Institut de prévention et d’éducation pour la santé), 50 000 de Schering Plough, 40 000 de la DDASS Paris, de la DRASS Ile-de-France et du conseil régional francilien et 20 000 de fonds propres.

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