Suisse : «Décriminaliser la consommation personnelle de chanvre»

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Les Suisses auront-ils bientôt le droit de consommer et cultiver du cannabis…

Source : http://premiereligne.ch/blog/2008/01/07/
Date : 07/01/08
 

Le radical Felix Gutzwiller veut proposer aujourd’hui à la
commission du Conseil des Etats de dépénaliser l’usage de cannabis, en
privé, pour les adultes.

La commission des Etats traitera dès aujourd’hui l’initiative
populaire pour la légalisation du cannabis. Rejetée en décembre par le
National, elle prévoit une réglementation de la culture et du commerce
du chanvre, ainsi que la dépénalisation de sa consommation. C’est cette
dernière mesure que Felix Gutzwiller, membre de la commission et
spécialiste de médecine préventive, souhaite remettre à l’ordre du
jour.

Qu’y a-t-il de nouveau dans votre proposition?

Elle n’a rien de révolutionnaire. Elle reprend l’idée qu’il faut
décriminaliser la consommation personnelle de chanvre, pour les
adultes. Il n’y a aucune raison de punir une personne qui consomme un
produit alors qu’elle est la seule à en subir les conséquences
négatives. Chaque adulte est responsable. Dans le cas d’un abus
d’alcool dans un cadre privé, ce n’est pas l’autorité pénale qui
intervient. Si l’automédication ne suffit pas pour combattre la «gueule
de bois», on fait éventuellement appel à un médecin.

La dépénalisation de la consommation du cannabis a déjà subi
plusieurs échecs au parlement. Ne faites-vous pas preuve d’entêtement
en revenant à la charge?

Je sais que ma proposition risque d’être
refusée. La majorité des parlementaires qui a rejeté l’initiative en
décembre ne l’a pas fait en raison de la dépénalisation de la
consommation pour les adultes. Mais avant tout parce qu’elle n’estimait
pas réaliste d’établir un contrôle étatique sur la culture et le
commerce du chanvre. Ma proposition ne relève pas de la même approche.
Je souhaite responsabiliser les personnes qui consomment dans un cadre
privé. L’initiative populaire propose un bouleversement des pratiques
qui va trop loin.

La perception du chanvre n’a-t-elle pas changé dans la
population? Perçu auparavant comme une «drogue douce», n’est-il pas
devenu une simple drogue?

La perception du produit est effectivement plus négative. Mais elle
est aussi plus réaliste. En effet, la teneur en substance active a
clairement augmenté ces dernières années. Ce qui plaide plutôt en
faveur d’une politique restrictive en matière de culture. Mais il ne
faut pas confondre cette question avec celle de la pénalisation de la
consommation. Cette dernière a été introduite en 1975 dans la loi. Avec
quel résultat? Aucun! La situation s’est même péjorée en matière de
stupéfiants.

Vous combattez également activement le tabagisme passif.
Finalement avec vous c’est «Oui à la fumette active et non à la fumée
passive»?

Oui. Ces deux prises de position répondent à une même logique.
Chacun doit assumer les conséquences personnelles de ses actes s’il
consomme du chanvre, de l’alcool ou du tabac. Mais quand un tiers est
affecté, comme pour le tabagisme passif, il est normal que l’Etat
intervienne pour fixer des règles. Cela concernerait aussi la
consommation de chanvre dans les lieux publics. Bien que libéral
convaincu, je n’ai pas de problème avec une telle ingérence de l’Etat
dans ma sphère privée.

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