Afrique du Nord: La drogue finance le terrorisme au Maghreb

Dernière mise à jour le 26/07/2016

Le lien entre les filières de trafic de shit et de coke et
les réseaux terroristes vient d’être confirmé par une enquête
franco-espagnole…

http://fr.allafrica.com/stories/200705141517.html 

La Tribune (Algiers)

14 Mai 2007

Publié sur le web le 14 Mai 2007

Hasna Yacoub

Le lien entre les filières de trafic de drogue et
les réseaux terroristes vient d’être confirmé
avec les dernières conclusions de l’enquête
franco-espagnole menée au lendemain des attaques
de mars 2004 à Madrid. Les Renseignements
généraux (RG) français et le Centro National de
Iteligencia espagnol, qui avaient découvert à
cette époque que les kamikazes avaient obtenu des
explosifs contre d’importantes quantités de
haschisch, ont conclu, après plus de deux ans
d’enquête, que le trafic de drogue, notamment le
cannabis en provenance du Maroc, est la source de
financement des activités terroristes.

Le journal britannique The Observer, qui a
rapporté l’information, a précisé, dans son
édition d’hier, que l’Espagne est devenue le
point de transit le plus important de drogues
provenant du Maroc à destination du continent
européen. Le financement des activités
terroristes ne se limite plus au trafic de
haschisch, affirme le journal selon lequel il
existe des preuves montrant que les réseaux
latino-américains utilisent désormais les côtes
occidentales de l’Afrique pour convoyer de la
cocaïne vers l’Europe.

Ces réseaux, poursuit The Observer, préfèrent
utiliser les côtes les plus proches de l’Europe,
en l’occurrence celles du Maroc. Selon de récents
rapports, les réseaux colombiens, confrontés à un
contrôle américain de plus en plus strict,
auraient établi des contacts avec les réseaux
marocains, expérimentés. Les mêmes rapports
mettent en garde contre la convergence des
intérêts des réseaux de trafic de drogues avec
ceux des réseaux de trafic d’armes et des réseaux
terroristes, qui pourrait représenter un danger
réel pour la sécurité de la région. El Periodico,
quotidien espagnol, a également rapporté, dans
son édition de la semaine dernière, qu’«Al Qaïda
au Maghreb s’est lancée dans le trafic de drogue
et de cocaïne» pour se financer.

Selon le journal catalan, des sources proches des
forces de sécurité expliquent qu’elles ont
constaté que «les éléments du Groupe salafiste
pour la prédication et le combat [GSPC]
achetaient en Espagne des paquets de cocaïne et
des comprimés psychotropes pour les revendre en
Algérie où les prix sont 10 fois plus élevés que
dans l’Union européenne, en raison de leur
rareté». Ces psychotropes inondent «le marché
marocain» et sont facilement acheminés par des
filières vers la frontière algéro-marocaine.

Toujours selon le journal espagnol, chaque groupe
terroriste dans les pays du Maghreb ou de
l’Europe, regroupés tous sous la houlette d’Al
Qaïda, a ses propres méthodes de recherche de
sources financières. Des investigations menées
conjointement par les polices espagnole, suisse,
italienne et française ont permis la mise à nu
des méthodes de financement des groupes
terroristes dans ces pays. Pour l’Espagne, ce
sont les vols, la mendicité et le trafic de
stupéfiants. Les hold-up en Suisse et la fraude
fiscale en Italie. Les Marocains, outre le trafic
de haschich, se seraient spécialisés dans le vol
et le recel de tous types de matériel
informatique ou de nouvelles technologies comme
le GPS, les téléphones mobiles de dernière
génération et les agendas portables.

Ce matériel est, le plus souvent, revendu au
Maroc ou en Espagne. «Ceux qui volent remettent
le matériel à un expert faisant partie du réseau
radical, qui est chargé de le revendre. Parfois,
ces équipements sont envoyés à leurs commandos en
Algérie ou au Maroc qui l’utilisent localement»,
est-il affirmé dans les derniers rapports
d’enquête. Cette économie souterraine qui
contribue à gonfler la part de l’informel
constitue donc une vraie menace dont il devient
urgent de mesurer le poids réel, de connaître les
mécanismes d’organisation et d’articulation et
d’évaluer les menaces sur la sécurité non
seulement du pays qui l’abrite mais celle de
toute la région.

Il faut rappeler la saisie, dernièrement, par la
marine marocaine, d’importantes quantités de
drogues près de Nador ainsi que celle par les
gardes-côtes espagnols de 4,3 tonnes de cannabis
traité en provenance du Maroc. Sans oublier la
découverte, il y a quelques semaines, de
plantations d’opium, une drogue forte d’origine
asiatique, dans deux régions du Sud-Ouest
algérien. Avec l’arrestation, il y a deux jours,
de terroristes libyens à Alger, il n’y a plus
aucun doute quant à la connexion entre les
groupes d’Al Qaïda au Maghreb et entre ces
derniers et les cartels de trafic de drogue
maghrébins et latino-américains.

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